La résistance anti-us va-t-elle continuer?
Catégorie : Global
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Il est étonnant que l’homme le plus recherché au monde par les Etats-Unis et ses alliés a pu échapper à cette arrestation depuis plus de 8 mois. Ce qui indique que Saddam Hussein a pu compter sur un certain soutien de la population en Irak. Saviez-vous, par exemple, qu’il y a plus de 69 différents services secrets de dizaines de pays actifs en Irak dont la mission prioritaire était de procéder à cette arrestation ?
{{L’arrestation de Saddam Hussein signifie-t-elle la fin de la résistance contre l’occupation US?
– Mohammed Hassan.}} Non. L’arrestation est un succès politique pour les troupes d’occupation américaines. Les Etats-Unis vont utiliser cette arrestation à des fins de propagande pour démoraliser la résistance anti-US et la population irakienne. Cette arrestation va incontestablement provoquer de la confusion et une certaine désorganisation dans les rangs de la résistance. Mais la résistance, ces derniers mois, a pu s’organiser : elle n’est plus embryonnaire et non coordonnée, elle ne peut plus être écrasée. Elle a des armes, des moyens financiers et même des services de renseignement bien informés : ainsi les Américains ont trouvé récemment l’agenda journalier de l’administrateur colonial Bremer dans une cache de la résistance…
Ajoutons que la résistance est non seulement composée de membres de l’ancien parti Baath mais aussi d’autres forces patriotiques, nationalistes et islamistes, qui se fédèrent.
L’occupant espère avoir touché ainsi une partie de la direction de la résistance. Mais les conditions objectives qui sont à la base de la résistance sont toujours là. L’occupation est présente, la crise économique est très profonde : beaucoup d’Irakiens n’ont même plus les rations de nourriture qu’ils recevaient encore sous Saddam Hussein, 400.000 soldats ont été démobilisés sans pension et sans salaires,…Et 250 des 700 premiers soldats de la nouvelle armée irakienne ont déserté après leur formation.
L’histoire a prouvé qu’une occupation coloniale ne peut pas écraser une résistance, même avec l’arrestation de certains de ses dirigeants. Regardez l’Algérie où les principaux chefs de la résistance anti-française ont été arrêtés dans les premières années de la guerre anti-coloniale.
{{L’arrestation va-t-elle enlever le principal obstacle à la démocratie et à la sécurité en Irak comme l’affirme, par exemple, Verhofstadt et Louis Michel?
– Mohammed Hassan.}} Il ne peut être question de démocratie avec une occupation coloniale. La démocratie coloniale dont parle les Etats-Unis est une démocratie basée sur l’ethnicisme et le clanisme. Et sur le pillage économique du pays et la répression de toutes les forces nationalistes.
Les protégés de Washington qui dirige le gouvernement provisoire (complètement subordonné à l’administrateur colonial US Bremer) soutiennent le projet US d’un Etat fédéral qui divisera en trois l’Irak. Comme les Américains l’ont fait en Yougoslavie.
De l’autre côté, confronté à la résistance, Bremer vient d’appeler à une réconciliation nationale. Les Américains vont essayer à travers une amnistie de gagner certains secteurs de la résistance, en leur promettant des postes dans le nouveau gouvernement. D’autre part, les chiites pro-Iraniens réclament eux un Etat islamique. Toutes les contradictions, initiés par l’occupation US, vont dès lors s’intensifier entre ces différentes composantes ce qui augmentera l’instabilité.
Et tout ceci dans un contexte où la résistance va continuer plus que probablement. Et là les Etats-Unis ne pourront plus invoquer la mainmise de Saddam Hussein et le caractère anti-coloniale de la résistance éclatera encore davantage aux yeux du monde.
[David Pestieau->mailto:david.pestieau@solidaire.org]
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