« là-bas si j’y suis » mis en cause, daniel mermet répond
Catégorie : Global
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vendredi 12 décembre 2003,
Informés par un communiqué intersyndical de Radio France qui mettait en cause « le comportement tyrannique » du « producteur de l’émission « Là-bas si j’y suis » à l’égard de Joëlle Levert, Attachée de Production à l’émission et alertés par un texte de cette dernière qui l’accusait ledit producteur, Daniel Mermet, de « harcèlement moral », nous avions souhaité publiquement (et dans une lettre que nous lui avons adressée) que celui-ci s’explique
(Lire : « Daniel Mermet mis en cause »)
Daniel Mermet nous ayant fait parvenir sa réponse, nous la publions aujourd’hui avec le texte de Joëlle Levert. Pourquoi ?
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Si nous publions ces textes, ce n’est pas pour nous poser en juge ou en arbitre et encore moins pour alimenter un débat de « café du commerce et du commérage », même si ce café « en ligne » est un café virtuel. Au contraire. Si nous avons estimé qu’il était « impossible de se taire », ce n’est certainement pas pour instruire un procès public, nous substituer l’intervention de organisations syndicales, voire à un arbitrage judiciaire. C’est pour que chacune et chacun puisse librement se faire une opinion.
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« Objectivement complices » ? Cet argument policier a déjà beaucoup servira : il servira encore. Mais complices de qui ? Des adversaires de l’émission « Là-bas si j’y suis », sous prétexte que ses détracteurs sont à l’affût et que nous donnons la parole à Joëlle Levert ? De l’oppression masculine, sous prétexte que nous n’instruisons pas un procès à charge et que nous donnons la parole à Daniel Mermet ? Aucune solidarité ne valait qu’on taise un conflit qui soulève tant de questions sur les relations de travail dans les entreprises médiatiques, notamment quand l’extension de la précarité contribue à fragiliser un peu plus la situation des « personnels » surtout quand ceux-ci sont des femmes.
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Nous avions écrit : « La place particulière occupée dans le paysage médiatique par l’émission « Là-bas si j’y suis » diffusée sur France Inter ne justifie pas que l’on passe sous silence les accusations portées contre son animateur et producteur, même si, dans ce cas, le refus de se taire ne va pas sans un grand sentiment de tristesse. » Nous devons maintenant ajouter : l’amitié que nous portons à Joëlle Levert valait bien que l’on rende publique la réponse de Daniel Mermet, en gage de l’amitié que nous lui portons aussi, même si, dans ce cas, le refus de nous taire ne va pas sans un grand sentiment de gâchis. (
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– Joëlle Levert, « Un cas de harcèlement moral à Radio France »
– Daniel Mermet, « Joëlle m’a mordu »
à lire sur le site de cqfd un edito sur l’omerta de la gang du diplo, Bové et autres citoyennistes qui fricotent regulièrement avec Mermet, donc qui devaient forcément savoir. C’est par icite :
http://cequilfautdetruire.org/actu.html
Aussi un rapprochement assez facile mais pas futile avec les relents phalliques qui ont servi à intoxiquer la madame de attac lors de la kermesse fse-ramadan-labas.
Je comprends pas bien :Si la « réponse » de Mermet date du 1/12, pourquoi ne la sortir que le 12/12 ?
D’autre part, on sait maintenant-si l’on en doutait encore- que ce « répondeur » est une escroquerie : En 15 jours les messages concernant cette histoire ont TOUS été mis au panier! Notre censeur a veillé à ce qu’aucun ne soit diffusé!
On savait déjà que, sur cette station, le téléphone était sévèrement policé (Paoli..Bédouey..)et que l’émission « Le téléphone sonne » devrait plutôt s’appeler… »Le téléphone arrangé sonne »(ainsi que le bafouilla un jour le sinistre Bédouey en 1 lapsus révélateur)!Il n’est pas le seul:le répondeurl’est tout autant(« arrangé »).
Usant ainsi des mêmes procédés qu’il dénonce (à juste titre) chez les autres Mermet,désormais,ne fera plus illusion jamais.Tant mieux.Et n’oublions pas de remercier Joelle Levert qui a eu le courage de parler.Elle nous aura permis de constater que si « Là-bas si j’y suis » est une « émission modeste et géniale »(?)elle est mensongère aussi…
Mensongère qui rime avec France inter…
Pourquoi tant d’amour ?
Rentrant de reportage, je suis à la fois stupéfait et bouleversé de découvrir qu’en mon absence des tracts me mettant violemment en cause ont été affichés dans les ascenseurs de France Inter.
Avec « un discours digne des patrons les plus brutaux », j’aurais en juin dernier, signifié à Thierry Scharf et Claire Hauter, reporters permanents de l’émission, que leur contrat « ne serait pas renouvelé à la rentrée ».
Je n’ai jamais tenu de tels propos et je défie mes accusateurs d’apporter l’ombre d’une preuve. Cette diffamation est indigne.
Je tiens donc à rétablir les faits.
Il est absolument scandaleux et mensonger d’affirmer que j’aurais mis un terme au contrat de Claire Hauter et de Thierry Scharf en juin dernier.
Je n’en ai jamais eu l’intention et je n’en ai pas le pouvoir.
Je n’ai envers les collaborateurs de l’émission qu’un rôle réduit au cadre imposé par France Inter, étant moi-même payé au cachet selon un contrat (CDD) renouvelable, comme d’ailleurs toute l’équipe de l’émission.
A France Inter, un « budget de piges » est affecté à chacune des émissions des programmes. C’est sur ce budget que les collaborateurs occasionnels et les reporters de « Là-bas » ont longtemps été rémunérés au cachet, au gré des prestations.
C’est contre cette situation aléatoire et fragilisante que j’ai bataillé auprès de la direction de France Inter pour obtenir des contrats annuels pour les reporters. Chacun en été témoin et il est tout à fait malveillant aujourd’hui de m’accuser de précariser quiconque !
Depuis trois ans nous fonctionnons de cette manière. Thierry Scharf ayant un contrat d’environ 3 700 Euros mensuel (24 000 Francs) pour fournir la matière de quatre reportages en moyenne par mois. Le contrat de Claire Hauter s’élevant à 2 720 Euros par mois pour fournir trois reportages en moyenne mensuellement.
Fin juin dernier, nous avons ensemble fait le bilan de la saison.
D’abord pour nous féliciter de la qualité des reportages, mais…
mais pas de la quantité. ! Nous étions loin du compte. Sur les dix mois de la saison Thierry Scharf avait fourni environ 25 reportages ( au lieu de 40 ) et Claire 23 reportages (au lieu de 30). Encore une fois, j’insiste, ces reportages ont été de très grande qualité mais loin de pouvoir nourrir cet ogre quotidien qui s’appelle « Là-bas », 22 numéros chaque mois, 220 émissions chaque année…
Il ne s’agit pas d’un conflit opposant un gros vilain chef à d’innocentes victimes précarisées, mais tout simplement d’un budget insuffisant. La cause de cette crise est là, et nulle par ailleurs. Et c’est à la direction de France Inter d’y mettre un terme.
En attendant, en juin, j’ai proposé aux reporters :
– Soit de concevoir des reportages moins lourds afin de rester dans l’enveloppe imposée dans le cadre du contrat de grille
– Soit de revenir au rythme des piges en relevant le montant de celles- ci.
Sans aboutir à une conclusion nous avons préparé le déménagement et chacun est parti en vacances.
Jamais je n’ai parlé de « fonctionnarisation » ou « de manque de rendement ». Il est indigne de me prêter de tels propos. Il est mensonger d’affirmer qu’un « changement de contrat a été imposé autoritairement ». Je le répète, nous n’avons pris aucune décision, nous promettant de nous rappeler dans l’été pour faire le point.
A la mi juillet j’ai appelé Thierry Scharf pour discuter des sujets de la rentrée. D’emblée Thierry m’a annoncé sa décision d’arrêter le reportage radio et de s’orienter vers le documentaire en image. Depuis dix ans, à plusieurs reprises Thierry a quitté « Là-bas » tantôt pour le reportage télé, tantôt pour se lancer dans le documentaire de fiction. Chaque fois il est revenu frapper à la porte de « Là-bas » et la porte lui était ouverte. Aussi pour en avoir le cœur net, je l’ai rappelé quelques jours plus tard. Il m’a confirmé sa décision, sans rancune, il avait fait son choix. Il tentait par ailleurs d’obtenir de la direction de France Inter des piges dans des émissions, des chroniques ou des interventions qui lui laisseraient le temps de s’investir dans la voie fixée.
Quand à Claire, sans aucune nouvelle durant l’été mais comptant sur elle pour septembre, elle m’apprit brièvement cinq jours avant la rentrée, qu’elle ne reprenait pas, venant de s’engager avec Nils Tavernier sur l’écriture d’un scénario ( tiré d’ailleurs d’une émission de « Là-bas »)
C’est donc bien Thierry et Claire qui ont pris la décision eux mêmes de suspendre leur collaboration avec l’émission et non le contraire !
Ces deux départs ont rendu la rentrée difficile. Affectivement d’abord, on s’en doute et professionnellement ensuite. Les bons reporters radio de magazine ne courent pas les rues…
Toute l’équipe de Là-bas a été surprise et indignée par ce tract. Des voix s’élèvent pour dire que ce règlement de compte ne s’attaque pas aux vrais problèmes : la précarité des pigistes permanents et des journalistes des programmes non reconnus et qualifiés de « collaborateurs spécialisés », ainsi que l’insuffisance des budgets qui conduit à un appauvrissement du contenu comme de la forme des émissions. Autant de thèmes pour l’action de tous et de l’action syndicale en particulier.
Le 13 septembre, en partant en reportage, j’étais à mille lieux d’imaginer qu’en mon absence sans la moindre enquête, sans daigner m’interroger, une chasse à courre syndicale allait me prendre pour gibier à partir d’ affabulations rancunières dont les raisons je l’avoue , m’échappent entièrement. Parricide symbolique ? Amours enfouies ? Comment comprendre ces attaques fratricides qui ne font que réjouir le camp des maîtres ?
J’avoue ma très profonde tristesse.
Daniel Mermet 26 septembre 2004
Je suis bien sûr à la disposition de tous pour trouver une issue à cette crise.
daniel.mermet@radiofrance.com