Texte critique au sujet des militants autonomes de rennes 2
Catégorie : Local
Thèmes : Actions directesLuttes étudiantes/lycéennes
Lieux : Rennes
Nous sommes aujourd’hui à la fin d’un mouvement, qui a été historiquement long dans les universités françaises et notamment au sein de notre université Rennes 2 la rouge.
Il est temps de faire le bilan de celui-ci et de mettre en lumière certaines pratiques que nous considérons, nous qui avons été grévistes et avons embrasser les revendications portées par ce mouvement, comme contraires à l’idée que nous nous faisons d’une lutte.
Nous ne choquerons personne en affirmant qu’à Rennes 2 la mouvance dite autonome a pris une ampleur importante notamment en cette fin de mouvement, ampleur que nous jugeons inquiétante et c’est en réaction à cet état de fait que nous voulons dénoncer leurs agissements, leurs idées, leurs conceptions de la démocratie et les rapports qu’ils entretiennent avec les autres tendances grévistes qui ne s’inscrivent pas dans leur consensus idéologique.
Nous tenons, pour prévenir toutes dérives caricaturales, à signaler que: la mouvance dite autonome aussi bien au niveau local qu’au niveau national ne constitue en rien un groupe monolithique, homogène politiquement.
Ainsi, nous tenons à préciser que la critique que nous allons développer ici, ne doit pas être considérée comme quelque chose s’inscrivant dans l’hystérie collective orchestrée par un gouvernement qui veut présenter la « mouvance autonome » comme des ennemis de l’intérieur nostalgique de la stratégie « d ‘Action Directe » et qui en vient à enfermer arbitrairement des hommes et des femmes ont nom « d’un délit d’intention », de manière préventive.
Aussi, nous tenons à affirmer ici notre solidarité pleine et entière vis à vis de tous les inculpés de Tarnac et de manière plus large de tous ceux qui vu leur liberté spolié à cause des lois Anti-terroristes:Nous exigeons ici leur libération immédiate et dénonçons un gouvernement qui n’arrivant plus à légitimer sa politique de classe par le pouvoir des mots est tenté de l’imposer par la force.
Ceci étant dit,il nous faut revenir sur le mouvement universitaire à Rennes 2.
Nous avons ainsi constaté que dans cette lutte et notamment dans sa séquence finale ,qui a été pour la majorité des grévistes profondément détestable, une tendance lourde nous est apparue chez eux et c’est cette tendance lourde que nous souhaitons dénoncer dans ce texte.
Étant donné que ces militants semblent incapables de la moindre auto-critique, de la moindre remise en question et qu’ils font payer cher politiquement à ceux qui oseraient remettre leurs trop nombreuses certitudes en cause, nous avons décidé de prendre nos responsabilités.
De plus, nous savons que les militants autonomes ne sont pas une spécificité politique de Rennes 2 et que d’autres facultés française sont confrontées également à des militants politiques se revendiquant de cette même mouvance. Aussi, nous souhaitons parler seulement de ce dont nous avons été témoins ici à Rennes 2 au cours de ce mouvement, évitant de facto tout amalgame et généralisation abusive avec ce qui aurait pu se passer dans d’autres universités en lutte.
Voilà ce que nous souhaitons dénoncer ici et que nous n’admettrons jamais dans une lutte étudiante à Rennes 2:
1) D’abord leur stratégie politique jusqu’au boutiste et minoritaire: Celle-ci se matérialise par la logique de minorité agissante qui tend à opposer systématiquement la radicalité au nombre alors que c’est bien la réunion de ces deux termes qui à un moment donné peut permettre de créer les conditions d’un renversement du rapport de force en faveur de ceux qui luttent.
Une stratégie dogmatique dans ses formes qui confond compromis et compromission, qui
considère le pragmatisme comme une insulte politique et qui en vient ainsi à ériger des méthodes de lutte tel le blocage total de l ‘université en loi systématique qu’il faudrait appliquer indépendamment des conditions et des circonstances, dans lesquelles elles sont censées s’inscrire, au nom d’une soit disant pureté idéologique. Le blocage total entre leurs mains n’est plus un moyen privilégié parmi un champs des possibles mais bien une fin qui se suffit à elle même et que rien ne saurait remettre en cause.
Dans cette façon d’appréhender la lutte, la grève avec blocage devient non plus une méthode pour tenter de renverser le rapport de force mais bien un état dans lequel il faudrait se complaire indéfiniment, quoiqu’il puisse en coûter au mouvement, à ses méthodes de lutte, à son image et à ceux qui le portent.
Dans cette même logique, l’assemblée générale, pourtant véritable vitrine de l’idée que nous nous faisons d’une démocratie authentique, c’est à dire une démocratie directe où il ne saurait y avoir de séparation entre le moment du débat et celui de la prise collective de décisions, en vient à être dévoyée lorsque la question du nombre à l’intérieur de celle-ci n’est même plus posée. Et c’est ce désintérêt total pour l’assise numérique qui conduit ceux que nous dénonçons ici à pousser pour le blocage total de l’université alors même que nos assemblées générales sont devenues désertes. C’est ainsi que nos assemblées générales n’ayant plus aucune représentativité deviennent le symbole même d’une lutte isolée de sa base prétendant pouvoir se substituer aux étudiants et les mobiliser malgré eux.
2) Puis leur mépris total pour tous ceux qui peuvent à un moment donné penser différemment d’eux quant au fond et à la forme que doit revêtir le mouvement.
Nous entendons par là leur stigmatisation maladive de tout ce qui peut s’inscrire politiquement en dehors de leur strict consensus: d’abord partis ou syndicats quels qu’ils soient; grévistes refusant de se reconnaître dans leurs certitudes et étudiant non grévistes qu’on ne prend même pas la peine d’essayer de convaincre, persuadés qu’ils sont que ces derniers sont incurables politiquement. C’est une attitude profondément intolérante que nous dénonçons ici, et qui selon nous est aux antipodes des valeurs censées être l’essence de tout mouvement social étudiant : la solidarité, l’altruisme, le respect minimum de celui qui ne pense pas forcément comme nous.
Nous pensons que l’emploi quasi compulsif de termes tels que traitre, jaune, renégat… envers ces mêmes personnes tend à créer un climat malsain, de tension permanente, et à remettre en cause l’unité nécessaire qu’on se doit d’essayer de préserver quand cela est possible entre les différentes tendances des grévistes.
Lors des dernières semaines de mouvement, la dichotomie politique n’était plus tellement grévistes/anti-grévistes que grévistes s’inscrivant dans leur consensus et grévistes qui dénonçaient celui-ci en tant que tel et refusaient ainsi d’y prendre part.
A ce titre, nous déplorons et dénonçons sans réserve le spectacle méprisable qui a pu être donné par ce qui a été malhonnêtement appelé débrayage mais qui, dans de nombreuses situations , n’ont été rien d’autre que de la gaminerie systématique. Ces prétendus débrayages ont été largement orchestrés par les autonomes. Il est clair que dans ces situations données l’étudiant en cours n’est plus un gréviste potentiel qu’on doit tenter de rallier à notre cause, mais plutôt une figure de l’ennemi à qui il convient de nuire, en tant qu’élément irrécupérable. Nous sommes atterrés en pensant à l’empreinte désastreuse que les dernières semaines de mouvement laisseront dans la mémoire collective des étudiants de Rennes 2, et en premier lieu de tous ceux qui se sont appropriés à un moment donné les objectifs de notre lutte légitime.
3)Enfin leur idéologie anticapitaliste pétrie de contradictions, et leurs vaines incantations qui traduisent leur incapacité à s’appuyer sur une réalité donnée pour lui en substituer une autre
s’inscrivant en rupture avec l’ordre social et politique établi.
Un slogan tel que « Tous au chômage », qui est apparu le 1er mai sur la façade d’une agence pôle emploi et qui est défendu par la plupart d’entre eux est symptomatique d’une pensée en porte-à-faux total avec l’une des revendications historiques du mouvement ouvrier, en l’occurrence la défense sans relâche du droit au travail des travailleurs. On est en droit de s’étonner de ce discours anti-travail primaire lorsque l’on sait que ce sont ces mêmes personnes qui sont les premières à embrasser, à défendre publiquement et à citer en exemple, à juste titre d’ailleurs, les stratégies de séquestration mises en place par les travailleurs qui refusent de voir leurs patrons les tuer économiquement et socialement au nom de la loi du profit.
Ces mêmes personnes prétendent vouloir défendre les intérêts des travailleurs et des travailleuses mais dans le même temps, au vu de leurs dires, on en viendrait presque à penser qu’un plan de licenciement équivaut à leurs yeux à une libération des travailleurs concernés, dont ces derniers devraient se réjouir plutôt que de lutter pour la sauvegarde de leur emploi.
Ils en viennent de par leur rejet total de toute idée de revendications transitoires, tel qu’interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, à s’assoir sur les intérêts immédiats de ceux qu’ils sont censés défendre.
Ainsi cette posture maximaliste, qui se veut pourtant ultra révolutionnaire, contient bel et bien des relents réactionnaires en contribuant au maintien du statu quo et en occultant toute perspective d’amélioration concrète et immédiate du quotidien des travailleurs.
La même dénonciation peut être faîte concernant le rapport qu’ils entretiennent pour la plupart avec l’idée d’augmenter les salaires.
Pour eux, l’équation est simple: augmenter les salaires c’est nourrir et assurer la pérennisation du salariat. Cette idée peut elle porter un autre nom que celui d’un funeste pari sur la souffrance toujours plus grande des travailleurs, qui permettrait ainsi l’avènement rapide d’un processus révolutionnaire?
Si nous ne pouvons pas considérer, nous qui écrivons, que la revendication des salaires doit être la revendication suprême, indépassable, il est clair que la question d’une redistribution plus égalitaire des richesses crées collectivement par les travailleurs reste la priorité hier comme aujourd’hui, notamment dans un contexte de crise sociale profonde.
L’ambition de toute personne aspirant à un changement radical de la société est bien de réussir à faire le lien entre des revendications immédiates partant d’une réalité sociale donnée, et des revendications maximalistes portant l’idée d’une rupture de transcendance sociale, c’est à dire l’idée d’une rupture nécessaire avec la société capitaliste.
En somme faut-il voir dans le déni complet des intérêts de classe des salariés, de la part des militants de la dite mouvance autonome à Rennes 2, un mépris de classe, une haine condescendante pour ces prétendus esclaves du salariat incapables d’embrasser leurs certitudes ?
Partant de là, eux qui affirment défendre des positions plus anticapitalistes, plus révolutionnaires
que tout le monde, comment se fait-il qu’ils en viennent à défendre, sans jamais se l’avouer,
des énoncés politiques, comme nous venons de le voir, qui sont ordinairement l’apanage du MEDEF et de la droite sarkozyste, c’est à dire les ennemis politiques du mouvement social, des travailleurs et de la jeunesse révoltée ?
Enfin, nous tenons à dénoncer sans aucune réserve les analogies historiques pornographique qui tendent à confondre des agences ANPE avec des camps de concentration nazi. L’inscription « le travail rend libre » n’a pas sa place dans ses lieux.
Ainsi, nous invitons chacun à juger par soit même de la légitimé de notre critique et d’en tirer les pleines conséquences.
Quant à nous, nous nous désolidarisons totalement et définitivement de ces militants dit autonomes tant qu’ils n’auront pas fait leur autocritique suffisante et rompu définitivement avec leur contradictions idéologiques qui les amènent à embrasser des énoncés politiques profondément réactionnaires, avec leur mépris de l’autre, de celui qui refuse de s’inscrire dans leur strict consensus,avec leur mépris de classe qui insultent la dignité des travailleurs et des travailleuses, avec leur stratégie de lutte qui tend à ériger des méthodes tel que le blocage totale en dogme inflexible, en loi systématique à n’importe quel prix, qui sacrifie l’unité et le nombre au nom d’une radicalité aveugle qui se suffit à elle même.
Si l’échec du mouvement peut s’expliquer par de nombreux facteurs qu’ils ne faut en aucun cas minorer( stratégie de pourrissement d’un gouvernement inflexible, la pression des examens, la lassitude de la lutte…)les dernières semaines réellement rebutantes de mouvement à Rennes 2 en ont été l’expression la plus incontestable de ce que nous dénonçons ici.
En faisant cette critique, qui est elle même bien sur critiquable, nous espérons que puisse se créer un débat et espérons prévenir les dérives du même type dans les mouvements à l’avenir ici à Rennes 2 la rouge.
Laisser ces militants accaparer une lutte à un moment donné et la conduire à sa perte n’est pas une fatalité.
Si rien n’est fait politiquement contre ces militants,nous craignions qu’a terme ces dérives qui ne sont pas une fatalité puissent porter de tels préjudice que la possible construction d’un mouvement, d’une lutte à Rennes 2 la rouge,ayant une véritable assise numérique, essayant d’articuler nombre et radicalité, puisse être remis en cause en tant que tel.
Hugo militant de sud étudiant et Alexandre étudiant gréviste de Rennes 2 non organisé.
Vous ne parlez pas des « autonomes » mais d’une petite partie de ceux ci, une petite partie très influente quand même, mais il ne faut pas généraliser, parce que ce qui est une spécificité du mouvement dit « autonome », c’est la prolifération, la multiplicité, et pas l’unicité, et le conformisme à une norme.
Ensuite, dire en conclusion que que quelque chose doit être fait « politiquement » « contre » eux est une absurdité. Le gouvernement ne reve pas mieux que de diviser et de voir ses opposants se retourner les uns contre les autres au lieu de lutter contre lui. C’est un argument typique, je sais, mais c’est vrai. Je pense plutot qu’ ils doivent être dépassés, eux comme les syndicats et tout groupe s’instituant -formellement ou non- en « avant garde », par le reste, les gens d’en bas, comme on a pu le voir en Guadeloupe par exemple.
Bon déjà passer sur ce site des contributions venant de gens appartenant à un syndicat qui syndique même au ministère de l’Intérieur (Sud Intérieur donc), c’est pas mal limite..Et le reste, l’intervention politique contre les personnes qui désirent lutter de façon autonome, tout est dit je pense.
la bureaucratie syndicale a peur pour son monopole sur les individus. Les syndicats et leurs chefs ont des cadavre dans la bouche. ils seront toujours du coté de l’ordre. il n’y a qu’à voir ce que l’histoire à montrer. Que ce syndicat se dise à la gauche de la gauche ne change rien. ils participent à la même aliénation et à la sauvegarde du système d’impuissance politique. détrousser l’individu de sa subjectivité radicale et de sa puissance politique pour en faire un mouton prêt à suivre tel ou tel étendard.
stade suprême de l’aliénation : limiter l’appréciation critique d’un texte à son auteur. d’ailleurs, dans le cas présent, restreindre le texte à la moitié de ses auteurs…
aveuglement volontaire ou aliénation librement consentie, les commentaires publiés en réponse à ce texte n’ont pas vraiment le mérite de réhausser le débat, et sont d’une indigence politico intellectuelle remarquable…
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concernant le texte lui même, quelques remarques
si l’on peut partager l’analyse générale, une telle démarche a-t-elle intérêt à être médiatisée? en somme, oui, il est important que des gens qui construisent la lutte, et des perspectives pour celles-ci, se distinguent nettement « » »d’autonomes » » » » qui ne se trouvent à aucun moment dans cette perspective, mais n’est-ce pas plutôt en interne à la mobilisation de régler ces questions?
ensuite sur les points soulevés:
1/ le refus de construire un mouvement/rapport de force conséquent crève les yeux dans les interventions des personnes désignées, pour autant il faudrait se prémunir d’une erreur : ces gens là ne sont ni le mouvement en tant que tel (contrairement à la récurrence de leurs proclamations grandiloquentes), ni « membres du mouvement ». ils se situent de fait eux mêmes hors de la mobilisation, en faisant de l’occupation une fin en elle-même, en vivant cette occupation comme une expérience porteuse par elle-même et par sa spontanéité de pistes non pas pour construire le lendemain, mais simplement l’instant même… « attachés au piquet de l’instant » etc etc…
2/ le discours des auteurs du texte sur « mépris, intolérance, etc » me fait un peu penser aux textes de catéchisme catholique ou républicain… or, ça n’est pas ici la question centrale : il faut encore replacer leurs rejets de toutes interventions qui ne répondraient pas à leur schémas de pensée dans le fait que, ne s’inscrivant pas dans le cadre d’une mobilisation collective unitaire, ils ne peuvent se comporter autrement face aux grévistes qui n’entrent pas dans leur logique (on en revient aux remarques du point 1 : ils ne sont ni mobilisés, ni dans la mobilisation).
3/ tout a été dit dans le point 1 : sans capacités critiques sur les éches d’un passé (même plus ou moins proche), et refusant toutes perspectives de transformation sociale, puisque l’important serait l’aménagement présent d’une occupation présente dans un lieu présent… le capitalisme est pour eux un horizon indépassable, sur lequel pourraient parasiter quelques vagues ilôts autonomes, mais il n’y à dans leurs interventions aucune analyse des inégalités sociales et environnementales. leurs positions politiques se résume en effet au statu quo certes, mais parasité par quelques interventions intempestives qui ne remettent à aucun moment en cause le système dans sa globalité, non seulement parce qu’il ne s’agit pas là d’une question posée dans les discours « »autonomes » » mais aussi, pratiquement, parce qu’il n’y a aucun moment la volonté de créer les conditions objectives (ni les conditions subjectives d’ailleurs) pour constituer un rapport de force à même d’imposer des transformations politiques et sociales…
en résumé, le mouvement social à l’heure actuel :
cfdt/cgt canalisent le mécontement des travailleurs, vers une pseudo-solution institutionnelle stérile
« »autonomes » » canalisent le même mécontement des étudiants qui se voudraient les plus radicalisés, vers une pseudo-solution radicale stérile
moi je trouve pas ça « aliénant » de rappeler que les auteurs (ok, un des deux auteurs), qui tiennent à dire qu’un d’entre appartient à un syndicat de gauche (gauche de la gauche, ça reste de gauche); ont une importance, car ça peut déterminer en parti le contenu. Pour le contenu, je suis désolé, mais je ne vais pas faire semblant de m’indigner à ce que des syndicaliste jettent leurs foudres sur ce qu’ils appellent le jusqu’au-boutisme (ca va, ca fait des décennies qu’on nous ressort cette vieille rengaine), et les « totos » ont beau dos pour encaisser ce genre de critique. Bah oui, une lutte doit etre jusqu’au-boutiste, sinon elle a aucune raison d’être, c’est que du flan, une agitation de circonstance pour essayer d’encarter du militant frais (mais déjà promis à la pourriture syndicale). Et ensuite, comme le disait un compagnon plus haut, ca commence moi aussi à me chauffer ce genre de généralisation concernant des gens qui peuvent se dire « autonomes »: en soi, ca ne signifie pas grand chose: il y a des autonomes « conseillistes », d’autres qui se revendiquent anarchistes, ou communistes, et on ne peut pas feindre qu’il n’y ait pas de divergences entre ces « courants » (et même parmi ces « courants », les gens qui luttent restent des individus, avec leur singularité, n’en déplaise à certains). La simple « base » chez eux, c’est globalement: autonomie vis-à-vis des syndicats et partis; destruction des prisons et de l’Etat, abolition du salariat et de tout pouvoir. Alors que certaines personnes aillent dans des luttes pour boire des bières, taguer les facs (et pourquoi pas ?) ou pour draguer en se parant de l’étiquette « autonome », c’est sur que ca vole pas haut, mais cette lutte pour réclamer plus de fric à l’Etat pour financer la recherche, elle non plus ne vole pas bien haut.
Propos d’un désinformateur insultant nos camarades autonomes de rennes2
La lutte ne fait que commencer et ce hugo est un ennemi !
Les ouvriers révolutionnaires Conti ne défendent pas l’esclavage salarié, il exigent plus d’argent pour mieux combattre encore la dictature capitaliste.
Big Up à nos camarades autonomes de Rennes2
Si nous brulons des voitures ce n’est pas seulement par amour de l’écologie mais pour éclairer la laideur de votre monde. Si nous cassons les banques c’est que nous avons reconnu l’argent comme cause centrale de tous nos malheurs. Si nous cassons des vitrines ce n’est pas parce que la vie est chère mais parce que la marchandise nous empêche de vivre a tout prix. Si nous cassons des machines ce n’est pas parce que nous voulons défendre l’emploi mais attaquer l’esclavage salarié. Si nous sabotons des TGV c’est seulement dans les cauchemars du ministre de l’intérieur. Si nous attaquons la racaille policière ce n’est pas pour la faire sortir de nos quartiers mais pour la faire sortir de notre vie. Si nous claquons la gueule d’un désinformateur c’est par plaisir. Le spectacle a voulu nous voir redoutables, nous entendons bien être pire.
comité des fêtes autonome
Je suis militant SUD Etudiant, et je ne comprend pas cette volonté de cracher sur les totos. Ils ont leurs pratiques de lutte, on a les nôtres, c’est pas nouveau. Simplement, tu me diras pas que t’es pas content quand ça chauffe avec les flics d’être au milieu de mecs qui sauront jouer la confrontation au lieu d’être avec des crétins qui ont rejoint ton syndicat juste parce qu’on leur a dit dans leur parti qu’il fallait être là et faire passer certaines idées…
Ma section SUD Etudiant a souvent été accusée d’être très proche de cette mouvance, et ces accusations ont été formulées en interne à SUD Etudiant, si je me souviens bien. En réalité, nous sommes plutôt proches de la mouvance anarcho-syndicaliste, mais peu importe. Toujours est-il que crier avec la meute contre les totos, ce n’est pas vraiment une preuve d’intelligence. Nous ne sommes pas respectables, ne le soyons pas, ou barrons-nous à l’UNEF, on saura pourquoi on se fait prendre de tous les côtés.
il apparait clairement que ce texte n’a pu être rédigé que par une bande de stals ou autres cocos cherchants non seulement à encadrer les luttes pour mieux en négocier leurs fins au profit de l’etat, mais aussi par une bande d’aliené au culte du travail vénérant l’ouvrier sacrifié et crucifié sur l’autel de la production..
le travail du latin « tripalium » signifiait torture dans l’antiquité, c’est le patriarcat qui au travers du monotheisme instaura le culte morbide du travail et de l’ouvrier sacrifié à la production, niant ainsi l’individu et ses désirs.
ces cocos feraient mieux de lire « le droit à la paresse » de paul lafargue ainsi que « le discours sur la servitude volontaire » d’etienne de la boetie au lieu de nous ennuyer avec leurs gérémiades de collabos du pouvoir..
solidarité avec tout les autonomes contre les cocos et autres fascistes rouges à la solde du capitalisme d’etat !!
Que ce texte ait été écrit par des adeptes de l’idéologie de gauche explique beaucoup de son contenu et de ses motivations. Mais l’aliénation apparente des auteurs n’autorise pas à esquiver une critique nécessaire des faits qui sont exposés comme certains tendent à le faire ( « vous êtes des sales bureaucrate donc tout ce que vous dites est forcément irrecevable »).
Ma position est difficile car je ne connais pas la situation réelle à Rennes 2. Mon propos ne peut donc porter que sur les points théoriques de leur argumentation. Cependant les groupes et les individus ne sont réellement autonomes que lorsqu’ils sont capables de prendre conscience de leurs contradictions et de les exacerber jusqu’à leur dépassement. Les personnes que ce texte montre du doigt n’ont, d’après les auteurs, pas l’air de maîtriser ce processus théorique/pratique. Donc, soit ils ne peuvent pas être désignés comme « autonomes » et les auteurs ont été abusé en reprenant une appellation inappropriée, soit il s’agit de calomnie pure et simple.
S’agissant du point 1, les auteurs semblent attachés à un malsain réflexe de représentativité. La démocratie directe dont ils se réclament n’a de sens que dans l’optique d’une pratique collective, c’est à dire quand elle est pratiquée au sein d’une communauté, pour cette communauté et comme seul pouvoir décisionnel dans cette communauté. Partant de là, une assemblée générale ne peut être le lieu de la démocratie directe que si elle réunit des individus ayant une pratique commune : concernant un mouvement étudiant la démocratie directe ne peut être effective qu’entre les occupant-e-s d’une fac bloquée, qu’entre les participant-e-s à une action, qu’entre les rédacteur-e-s d’un texte… En dehors de la praxis collective l’assemblée générale est réduite à une arène ou s’affrontent les diverses chapelles politiques et syndicales et ce que les auteurs désignent comme de la démocratie n’est alors rien d’autre qu’un spectacle de plus, une fausse-participation aliénée. C’est ce que sont les AG où sont admis l’ensemble des étudiants indépendamment de leurs orientations politiques et de leurs desseins. Il est souhaitable à l’avenir de faire la distinction entre les AG d’information, naturellement ouvertes à tou-te-s et les AG décisionnelles ouvertes seulement à ceux/celles qui souhaitent construire un mouvement collectif et dans laquelle peut alors être expérimentée la démocratie directe.
Pour ce qui est de la décision du blocage ou/et de l’occupation des locaux, elle appartient à la communauté d’individus qui souhaitent mener la lutte, et non pas à l’ensemble des étudiants et personnels. Que certain-e-s s’y opposent cela fait partie du jeu et il est parfois nécessaire d’en venir aux mains avec ceux/celles-là. Une AG, si elle considère stratégiquement judicieux et concrètement réalisable l’occupation des locaux, n’a pas à se soucier de sa faible représentativité de la pseudo-communauté étudiante. C’est ce que les « autonomes » ont compris.
S’agissant du point 2, les auteurs trahissent leur vision spectaculaire du mouvement, et leur caractérisation de l’étudiant comme un « gréviste potentiel » qu’il faut « rallier à la cause » – autrement dit comme un militant, un encarté, un mouton potentiel – en dit long sur leur volonté d’émancipation réelle. Ils se désignent comme de nouveaux fossoyeurs de la subjectivité radicale. Il n’est pas étonnant que leurs AG soient désertées : qui serait intéressé-e pour échanger une aliénation contre une autre. Quant à mépriser ceux qui se complaisent dans leur soumission, voila qui est bien naturel.
S’agissant du point 3, on y retrouve la pensée de gauche telle qu’elle a toujours existé : pétrie, figée, dogmatique ; ignorant superbement la pensée dialectique qui permet de prendre conscience des contradictions pour mieux les dépasser en abolissant les conditions existantes. Dans le saccage de la sous-préfecture les auteurs ne voient que l’expression d’une colère liée à la fermeture de l’usine. Dans les séquestrations de cadres et de patrons ils ne voient qu’un moyen de pression radical pour conserver des emplois. Dans le tag « tous au chômage » ils ne voient qu’une insulte à l’idole travail qui leur tient lieu d’horizon indépassable, de constante de la condition humaine (que naturellement ils considèrent figée à jamais). Nul part ils ne voient que la contestation des inhumaines conditions existantes est partout présente, particulièrement dans les faits pré-cités qu’ils réduisent à de simple phénomènes sociologiques. Que les personnes qui pratiquent cette radicalité soient loin d’en tirer la théorie correspondante est tout à fait logique étant donné le niveau de conscience révolutionnaire moyen, mais il ne s’agit pas d’une fatalité. Là encore c’est la dialectique qui fait défaut, tant chez les auteurs que chez les spectateurs de gauche.
Cette incapacité à saisir la réalité vécue et à comprendre les moments ou celle-ci est niée pousse les auteurs à défendre des mesures réformistes – telle que l’interdiction de licenciement dans les entreprises bénéficiaires – qui ne contestent en rien l’exploitation capitaliste et la domination de classe, et qui au contraire, sous une apparence révolutionnaire, prennent parti pour le conservatisme le plus crasse. « Ce qui se pert en contestation partielle rejoint la fonction répressive du vieux monde » : encore une chose que les « autonomes » ont compris (du moins une bonne partie, j’ose l’espérer).
A relire si vous avez un peu de temps: Les mouvements sont faits pour mourir, analyse critique du mouvement dit « anti-CPE » en 2006.
Mais ce texte pue carrément le stalinisme des grands jours, c’est hallucinant quoi ! Je voulais m’arrêter au titre au début, mais je me suis lancée, et waaa, c’est du lourd.. »tradition et revendications historiques de la classe ouvrière », rien que ça, et parlant de luttes » pour le droit au travail » il faut croire que le ridicule ne tue pas; mais c’est vrai quand cherchant à gauche, à gauche, à gauche, on finit sur sa droite. Je savais pas que le capital avait un slogan « tous au chomage », moi qui croyais au contraire que le TRAVAIL est la base même du capital, l’élément sans lequel il ne peut fonctionner, j’ai du me tromper. Mais croyons notre bon militant SUD et son acolyte « non-encarté » (c’est pour quand ?): les autonomes sont peut-être même des militants UMP infiltrés pour briser l’unité du Glorieux Mouvement Etudiant, section splendide du Magnifique Mouvement Social..allez savoir. Ca sent l’appel à la constitution imminente d’un SO anti-autonomes digne de celui improvisé (ou pas) par la LCR le 5 avril 2008…CHICHE !
Je suis également militant à SUD étudiant à Rennes et je ne peux qu’approuver le texte de mon camarade sur la situation à Rennes 2 et sur son bilan critique.
Déjà je voudrai dire au camarade de SUD étudiant qui est intervenu plus haut et qui n’est pas d’accord avec les propos du texte de Hugo qu’il ne connait certainement pas la situation à Rennes 2 (et même à Rennes en général) pour avoir ce genre de discours. Son commentaire est la preuve même que SUD étudiant est vraiment une organisation syndicale « électron libre » où l’autonomie locale (qui est bien sûr essentielle dans une organisation syndicale de lutte et de base) est parfois le prétexte à ne pas respecter les positions de congrès ou les positions fédérales parfois sur des sujets importants…
Quand ce camarade dit « Ils ont leurs pratiques de lutte, on a les nôtres », je ne suis pas sûr que des gens qui osent dire en AG que le « sexisme et l’homophobie on s’en moque », qui taguent sur les murs « tous au chômage », qui dégradent une fac à coup de tags parfois vraiment douteux, qui aspergent de peinture les vitres des centres commerciaux et qui vont insulter les employé-es, voir même les agresser, parce qu’ils sortent de leur magasin pour aller nettoyer leurs merdes, et bien je ne suis pas sûr que ce soient des pratiques de lutte mais plutôt des pratiques de destruction de lutte, de parasitage. Désolé, mais je reste partisan d’un mouvement d’ensemble, massif, populaire regroupant aussi bien les étudiant-es, les salarié-es, les chômeur-se-s pour combattre les réformes libérales et le capitalisme; ce n’est pas avec des pratiques marginales et faussement « radicales » que l’on arrivera à construire ce genre de mobilisation. Par contre c’est par le développement et la massification d’un véritable syndicalisme de lutte et de terrain, à l’image des syndicats de l’US Solidaires que l’on pourra inverser la vapeur. Toi qui es à SUD étudiant je te rappelle ce qui est écrit sur ta carte d’adhérent: « Solidaires avec l’ensemble de la jeunesse, le monde du travail, mais aussi contre le chômage, la précarité, les discriminations sexuelles ou raciales. Unitaire parce que l’union fait la force, il est nécessaire et important, chaque fois que cela est possible, de faire l’unité autour de débats et d’actions, et ceci avec les acteur-trices du mouvement social » . Si tu n’es pas en accord avec cela je ne vois pas ce que tu fais à SUD étudiant et plus largement à l’Union Syndicale Solidaires. Les pratiques des gens que tu défends ici ne sont aucunement dans une logique d’unité et de masse, défendu par ton organisation syndicale.
Pour en revenir au texte en lui-même et surtout pour réagir à une partie des commentaires de nos cher-es intellectuel-les qui font de grandes phrases compliqué-e-s pour nous dire que les syndicalistes sont des « aliénés » et que par la même occasion les travailleur-se-s le sont aussi… parce que le travail tue, parce que le travail c’est la soumission et que le chômage c’est la liberté, j’aimerai leur poser deux questions: si vous ne travaillez pas, comment faites vous pour vivre? Si vous ne travaillez pas comment pouvez vous parler du travail et de l’aliénation que ce dernier fait subir aux gens? Etant étudiant mais aussi salarié à temps partiel dans la restauration rapide toute l’année pour payer mes études et mes loisirs (et pourtant je vis encore chez mes parents et je suis boursier), je trouve honteux que des espèces de petits rigolos se permettent de faire une critique du monde du travail, jusqu’à être capables de considérer les travailleur-se-s comme étant des renégats, des traitres, des aliéné-e-s, alors qu’ils n’ont certainement jamais été au contact du moindre emploi dans leur vie et que très certainement, pour certain-e-s, papa-maman leurs donnent suffisamment de quoi vivre.
Ce n’est pas le travail en tant que tel qu’il faut combattre mais le salariat! Le discours tenu par ses gens là est complètement décalé de la réalité, du quotidien de millions de personnes qui subissent de plein fouet la société dans laquelle nous vivons: n’importe quel révolutionnaire doit être en capacité de proposer des revendications immédiates pour les travailleur-ses, les chômeur-se-s, la jeunesse, les retraité-es comme l’augmentation immédiate des salaires, des retraites, de l’allocation chômage, exiger un salaire social pour la jeunesse, l’interdiction des licenciements etc… Allez donc à la rencontre de la population, ne restez pas entre vous en permanence et débattez avec « le peuple » de vos grandes idées, on vous rira au nez.
Pour moi, et je ne suis pas le seul à le penser, vous n’en avez rien à faire des mouvements sociaux, vous vous fichez éperdument des victoires que la jeunesse, les travailleur-ses, les chômeur-se-s les retraité-es peuvent obtenir, vous vous moquez de la lutte des travailleur-se-s pour le maintien de leurs emplois… vous n’êtes que des parasites en pleine crise d’adolescence, complètement refermés sur vous mêmes, vous êtes déconnectés de la réalité quotidienne, vous restez entre vous parce que les autres sont, selon vous, des ennemis… et bien oui vous, vous êtes également de véritables ennemis pour les mouvements sociaux, pour la démocratie directe, pour les luttes en général. Parce que contrairement à vous, je pense qu’une lutte ne se résume pas à construire un four à pain dans une fac, à taguer des phrases débiles sur les murs, à huer et insulter les gens qui ne sont pas d’accord avec vous en AG, à peinturlurer des vitrines de magasins alors que ce n’est certainement pas le patron qui nettoiera, à défendre la politique de la pureté jusqu’au boutiste et du gauchisme à deux balles.
Je le redis en conclusion, cher-es autonomes, vous êtes les ennemis des mouvements sociaux.
Ben Thomas il ne te reste plus qu’à convaincre tes camarades de faire une purge au sein de Sud pour éradiquer la vermine autonome, et instaurer des punitions pour tous ceux et celles qui osent s’écarter de la ligne officielle quelque soit leur avis personnel…
A tous les stals: nous sommes peut-être les ennemis des mouvements sociaux de MASSE (c’est drôle en passant que cette expression vous tienne tant à coeur, un vrai langage de bureaucrate avide de gérer des milliers de gens, de les rallier à la belle bannière mauve-jaune de SUD, qui saura nous dire quand commencer à lutter, quand terminer, et comment lutter, bref nous réapprendre la vie, nous dire que taguer les supermarchés c’est « minoritaire, marginal et faussement radical » et autres moments intenses dans la réflexion révolutionnaire. Vous êtes depuis toujours, vous autres syndicalistes, les ennemis de la liberté individuelle, de la révolte qui s’exprime avec ses propres armes et sans passer par des motions votées à cinq cent en Ag mais lâchement déléguées ensuite, ou jamais réalisées, c’est selon. Bref on se passe de vous, et on s’en passera à l’avenir aussi, si un jour on arrive à détruire ce vieux monde pourri. Vous luttez pour que tout le monde taff, et nous ne voulons pas du taff, ni du capital, ni de la marchandise, ni de tous ceux qui ambitionnent de la gérer de façon « aternative ». ALLEZ DONC CREVER
Vous confondez surement avec troskistes , à sud ce sont les gars du npa qui y sont majoritaires
Aux syndiqués et syndicalistes.
Comme il a été rappelé plus haut : Tout ce qui se pert en contestation partielle rejoint la fonction répressive du vieux monde. Il serait tant que cette évidence fasse son bout de chemin !
Les syndicats de travailleurs sont juste des mécanismes d’intégration à la société capitaliste. Les syndicats étudiants ne font que singer ces organisations dégénérées. Ils en sont les sous-produit et produisent une critique d’autant plus dépassée, une fausse contestation.
A tout le monde.
Il est aussi débile de taper sur les travailleurs (personne ne semble l’avoir fait ici malgré ce qu’en dit Thomas de SUD) que sur les autonomes. Les travailleurs de leur côté possèdent une conscience révolutionnaire et une connaissance de la théorie très limitées, mais ils ont un accès immédiat aux moyens de production. Les autonomes quant à eux possèdent une conscience bien plus développée et ils tentent de la réaliser immédiatement. Mais ils n’ont pas accès aux moyens de sa réalisation et l’impuissance pratique qui en résulte les isole et tend à figer leur pensée en dogme, voire fait apparaître un mépris, une haine vis-à-vis de ceux qui ne tentent pas de s’émanciper immédiatement. Les deux tendances, au lieu de se taper dessus, devrait prendre conscience de leurs propres faiblesses, puis de la possibilité de dépasser le constat de leur impuissance respective en s’unissant. Les uns possèdent les outils pratiques de l’émancipation, les autres leur mode d’emploi théorique.
Les travailleurs doivent se nier en tant que travailleurs (c’est l’auto-dissolution du prolétariat), ce que les syndicats les empêchent de faire en figeant à jamais leur condition d’exploité. Les autonomes doivent se nier en tant que marginaux et s’emparer des moyens de production avec ceux qui les utilisent au quotidien.
» Les autonomes quant à eux possèdent une conscience bien plus développée et ils tentent de la réaliser immédiatement »
Ah ouais comme ça les autonomes sont des surhomes capables de guider les masses…
Avant garde de merde!
J’ai vu des autonomes qui bossaient, des travailleurs qu’avaient une conscience de classe, des autonomes très cons, des ouvriers très intelligent, des autonomes très intelligent, des ouvriers très bêtes…
Faut arreter les saloperie du genre « choisi ton camps camarade, c’est soit eux, soit nous! ». C’est ça le résidu de stalinisme qui gangrène l’extrême gauche française! Et ça peut venir des « totos » comme des syndiqués!
Donc pour les gardiens de la paix de SUD, les autonomes sont responsables de tous les crimes !
Un viol= encore un coups des totos
Un meurtre= tjrs les même ma bonne dame
Un manque de courtoisie certainement un toto
Il s’agir tout simplement pour ces militants du NPA de mettre le mouvement au service des ambitions spectaculaire de leur cycliste-médiatique…
Krivine (Alain pour les intimes) nous avait accusé d’un coup « Spartakiste » quant la totalité de ses JCR parisiens avaient rejoint nos squats et nos positions de lutte.
Nous avions refusé ce renfort car composé d’imbéciles qui avaient traité les jeunes de cité de « racailles et bandes de pillards »
Bel état d’esprit !
Doit on ressortir nos piolets ?
Telle est la question
« Si les « groupes autonomes » sont lents à se former – et on doit même poser la question de leur possibilité réelle tant que des ouvriers autonomes n’auront pas commencé à se grouper -, il y a déjà des individus semi-autonomes, qui sont un important symptôme. Évidemment, il faut leur laisser aussi peu que possible de chances de nous ennuyer; mais ils ne nous ennuient que dans la mesure où ils ne sont pas autonomes (autrement dit, ce même critère se retrouve à l’extérieur de l’I.S. et, dans la mesure où elle connaît une crise, à l’intérieur.
En allant au-delà de l’impatience et de la mauvaise humeur que nous inspirent normalement les roquets admiratifs qui voudraient même nous mordre, je crois qu’il nous faut comprendre la base sociale de leur existence et de leurs perspectives. L’analyse de Tony [Verlaan – Document 9] montre l’essentiel de l’opposition: nous sommes – « sociologiquement » – des déclassés qui voulons abolir les classes, ils sont des pseudo-déclassés qui rêvent de devenir une classe (ou bien en devenant ouvriers ou bien petits cadres de la révolution; et plus souvent en prétendant à cela pour essayer d’être furtivement ceci).
Tout le monde est bien d’accord pour la rencontre historique avec les ouvriers; et ce moment commence. Avant de choisir les tactiques, rappelons notre voie stratégique: n’allons pas aux ouvriers. Faisons en sorte que les ouvriers viennent à nous – et restent autonomes! Ceci sera le vrai « coup de Strasbourg des usines ».
Faire durer un mouvement pour le faire durer ça peut être une grosse connerie. Faire semblant que le mouvement continue alors qu’il ne se passe rien c’est du jusqu’au boutisme à la con. Un grève c’est vivant et ça s’étend ou sinon ça meure. Refuser d’admettre cela, c’est une absence de jugement politique.
Certain sont incapable d’admettre la fin d’un mouvement. Il ont beau jeu de se prétendre jusqu’au boutistes, eux qui continuent 3 semaines pour la forme puis arrêtent de militer définitivement.
Pour commencer, faudrait préciser deux trois choses:
– Les « autonomes », ça n’existe pas, tout simplement; parler de « mouvance », de « groupe », ça revient à nier le fait qu’il n’y a que des individus qui se rencontrent autour d’affinités (non pas d’affinités POLITIQUES, nous sommes anti-politiques) , parfois sur des bases communes d’indépendance et de critique radicale vis-à-vis du capital et de l’Etat, et de ses mécanismes d’intégration (syndicats, partis, travail, élections…).
– il n’y a pas plus « les ouvriers », comprendre « de classe ouvrière »: cette idée véhicule un vieux mythe, qui voudrait voir une sorte de masse informe de gens ayant tous le même mode de vie, les mêmes idées, la même vision des conditions qui les tiennent enchaînés, les mêmes aspirations et désirs d’émancipation. Hor, faut-il le répété jusqu’à la fin des temps: CELA N’EST PAS LE CAS, même si les marxismes s’entêtent à prendre leur fantasme idéologique pour la réalité; il y a des gens qui se révoltent, d’autres pas, face aux conditions qui leur sont faites, point barre. Des rencontres se créent dans cette révolte, des solidarités se tissent, même de façon informelle. Mais dans cette conflictualité diffuse, il n’y a pas d’avant-garde, et toute avant-garde (qui prétend parler au nom de son « sujet révolutionnaire » pour lui montrer la voie et lui apprendre la vie) est à détruire sans trève.
Pour la destruction des Etats et des prisons.
Pour l’abolition de la valeur, de la marchandise et de l’argent.
Pour l’abolition du salariat et de toute forme de travail aliénant et coercitif.
Je préfère penser encore qu’il y a des classes plutot que des « individus », parce que ne voir que des individus c’est pour moi avoir une vision libérale. Je ne crois pas complètement dans la vision « classiste », mais je suis certain qu’il y a au moins des dynamiques collectives, même si, on peut toujours dépasser sa position sociale.
Ensuite, il me semble évident que les « autonomes » existent, même si le nom lui même est une erreur, et qu’ils se sont constitués collectivement comme un groupe particulier politiquement.
Et que oui, par divers comportements, ils agissent en tant qu’avant-garde, même si il y a une tendance radicalement opposée aux avant gardes chez eux.
Ce que tu dis correspond tout à fait à être « contre la politique », comme tu dis, or ça n’a rien d’original de ne voir que des individus et d’être « contre la politique » par les temps qui courent.
Les « autonomes », dont je suis au moins un peu, doivent admettre qu’ils se sont constitués comme un groupe politique particulier et qu’ils agissent comme une avant garde. Et si ça ne leur plait pas, tant mieux! C’est essentiel pour eux et pour tout le monde.
Je ne comprends pas bien ce que tu entends par « groupe politique constitué ». Pour moi, il n’ ya justement de groupe politique autonome, rassemblant toutes les personnes qui se revendiqueraient de près ou de loin de ce « courant ». Pour moi l’autonomie est un élément de la lutte, un élément indispensable certes, mais pas un manifeste ni un drapeau.
Bien sûr il peut y avoir des dynamiques collectives, formelles ou informelles, mais la révolte n’en reste pas moins individuelle. Que ceux qui semblent persuadés que la notion d’individu est un concept « purement libéral » y réflechisse quelque peu, cela ne tient pas la route. Nos gestes, nos actes, nos dits et écrits, nos pensées sont vécues de façon individuelle d’abord, et ensuite (mais seulement de manire contingente) de façon collective, selon les besoins du moment et l’analyse qu’on fait.
Quant à la notion d’avant-garde, je la laisse aux poubelles de l’histoire, là où demeurent déjà tous les autoritaires.
Je veux dire que au moins une partie de ce groupe s’est défini, qu’elle a certaines normes et une certaine homogénéité visible dans certains comportements comme des votes en AG ou en comités, en manifs etc
Bien sur les contours de ce groupe et ce qui est commun à ses membres est bien plus flous et moins défini que pour un syndicat par exemple.
Mais on ne peut pas dire que ce sont juste des gens qui luttent en dehors des syndicats et ce sont retrouvés dans la lutte, ils ont en commun une certaine culture politique et des expériences.
Ensuite en ce qui concerne les avants gardes je suis moi aussi contre mais il faut bien admettre que dans toutes les luttes il y en a, qu’elles soient formelles ou informelles.
L’important est dans le fait qu’elles ne soient jamais fixées, et qu’elles soient le plus possible dépassées par « la base ».
Enfin pour moi l’individu est issu d’un ou plusieurs groupes, ses choix, comportements, actions ne viennent jamais complètement de lui même mais d’une culture essentiellement collective qui le dépasse largement.
Bien sur, émancipation individuelle doit aller de pair avec émancipation collective. Mais l’individu ne s’émancipe pas en se séparant des autres, mais en s’unissant à eux.
On pourrait dire beaucoup de choses à ce sujet mais Je rappellerai juste aussi que l’essor de l’individualisme
à accompagné l’essor du capitalisme vers la fin du moyen moyen age, avec l’essor de la figure du marchand.
Tout ce machin mériterait de longs développements pour lesquels le temps manque. Néanmoins, il serait temps que les échanges, les confrontations prennent une autre allure que la mise en miroir des identités, avec pour épine dorsale le jugement (« jaunes », avant-gardistes », etc) et le mépris. L’égalité s’y perd, et avec elle, une fois de plus, le grand nombre.
Sur le blocage, oui il faut débrayer le pilotage automatique, car bloquer une fac sans aller bloquer au dehors, c’est décider d’être gèrable et isolables (« les radicaux »).
Mais le texte sudiste ignore trop de choses pour être entièrement pris au sérieux. Ils sont encore trop travaillistes pour comprendre, admettre que « tous au chômage » c’est autant un constat (aucun salarié, aucun entrant dans le salariat n’échappera à un, des passages par le chômage) que le mot d’ordre supposé radical que voudrait proposer cet énoncé appelant à une désertion imaginaire.
C’est les relents du « ne travaillez jamais » d’un rentier fameux. Nous serions sommés de choisir entre l’insupportable de l’exploitation et l’impossible d’un communisme déjà « parfaitement » réalisé [voilà le vecteur de l’aspect sectaire]. Mais le réel ne se laisse pas binariser ainsi : qui ne se sait pas que les conditions réelles impliquent de faire les deux ?
Tout ce qui est dit par nos sudistes sur les licenciements (où les ouvriers réclameraient de rester en pose « pour ne pas être tués »!) le montre, il y maldonne : de part et d’autres on essentialise et on se refuse encore à saisir le chômage comme un moment du travail, et non comme son envers. Cette binarité est nulle politiqument. Ne pas comprendre le travail aujourd’hui c’est ne pas être en mesure de transformer.
Pourquoi, parce que celui-ci est l’étendard du contrôle social. Il ne s’agit pas des camps. il ne s’agit pas d’institution disciplinaires. Il s’agit de guider les conduites à l’air libre, des « trajectoires » comme disent les sciences humaines. On enferme encore, mais pas seulement.
Voilà pourquoi « Le travail rend libre », est une formule de Sarkozy lors de sa campagne en 2007: http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=4193
Sur le salaire, derrière le désaccord, une erreur partagée. Les licenciables n’ont qu’une alternative, dont les termes peuvent éventuellement se combiner : soit faire payer cher le licenciement, et se le faire payer cher (primes, plan social, salaire social) ; ni à Continental ni à Caterpillar il ne s’agit d’autre chose, quelque soient les discours tenus (illusoire ou tactiques) ; soit aller vers l’appropriation de la production, au mieux, en la redéfinissant dans ses modalités et ses buts.
Alors ce choix idéologique qu’il faudrait faire entre normalité salariale supposée (rester en poste) ou rupture moléculaire d’avec le rapport d’exploitation est une fausse alternative.
Des « autonomes » qui ne voient pas que le salaire, en poste ou au chômage, est la mesure du rapport de forces entre le capital et le travail vivant se privent de la consistance sur la quelle prend appui la détermination d’une loi à imposer face au capital.
L’idée débile de l’autonomie comme autosuffisance autarcique (mais où serait l’extériorité au capital ?) ne peut pas informer suffisamment une lutte : ça gesticule et ça folklorise, ça se dit radical et ça ne touche à rien.
Ni morale « démocratique », ni morale « radicale ».
L’autonomie n’est pas l’exaltation d’un moi ou d’un nous, nécessairement spéculaire
http://multitudes.samizdat.net/-Tronti-Ouvriers-et-Capital-
Et dis moi Serge, toi qui dis que les « sudistes » que nous sommes n’avons pas compris la question du travail, et toi qui parle du travail en terme théorique, as-tu déjà travaillé en tant que salarié pour mieux savoir ce que c’est que nous? Va donc faire un tour dans ma boite de restauration rapide et ressors ton discours à mes collègues on rigolera bien!
C’est contre intuitif, mais il faut bien constater que la plupart des emplois de la restauration rapide sont des CDI. C’est à dire que ce qui nous semble à raison caractéristique de la précarité prend une autre forme juridique que le CDD, la mission, le passage par l’étude, le stage.
Pourquoi ? Parce que c’est une manière de contrôler la disponibilité et la mobilité de salariés. Pour partir d’un CDI, il faut avoir trouvé une autre source de revenu. La démission entraîne l’absence d’allocation chômage durant 4 mois pendant lesquels il faut prouver que l’on cherche un emploi (et la meilleure preuve, c’est d’en occuper un, même transitoirement). Ce qui est théorique, au sens de parfaitement abstrait de toute prise en compte du réel, c’est de croire que le chômage est l’envers du travail alors que ce n’est qu’un de ses moments, soumis de ce fait à d’autres formes de contrôle, dont bon nombre sont liés à l’érection de l’emploi en vache sacrée de nos sociétés, point de convergence de toute la classe politique.
Un Besancenot qui connaît par expérience ce qu’est l’emploi précaire à la poste, qui devrait savoir que les embauches s’effectuent à 75% en CDD, persiste à raconter que la cause du chômage c’est les licenciements alors que les fins de contrats sont tout à fait dominants. Pauvre gauche. On est loin de l’appui révolutionnaire sur une vérité, au moins une.
Ce qui est « théorique » c’est cet ancrage dans l’idéologie du travail, au mépris des faits, au mépris même d’un père fondateur qui lui revendiquait de ne pas être marxiste (éviter l’obscurantisme borné du disciple), Karl Marx, qui lui prophétisait la fin du travail et le développement de la libre activité (en germe y compris dans l’emploi et pas seulement dans le chômage, n’en déplaise à nos « autonomes »).
L’exaltation du travail c’est l’OCDE, les gouvernements de gauche et de droite, l’exaltation de la valeur travail, la défense du travail productif, c’est le grand accord qui lie des contradicteurs partiels. C’est le drapeau de l’exploitation et de la domination sous lequel nous devons baisser la tête et subir le joug du contrôle, au travail et dans la société. Voilà comment cette enflure lambertiste de Jospin a pu rétorquer aux mouvements de précaires des années 90′ : « Nous coulons une société de travail et pas d’assistance », un beau consensus pour mieux assister les employeurs, les propriétaires, les spéculateurs.
Avec votre morale du travail vous désarmez les luttes. il serait temps de déconfessionnaliser l’extrême gauche.
Je sais par ailleurs pertinemment que tous le syndiqués SUD n’en restent pas là. je ne faisais que reprendre deux ou trois choses du post initial.
La langue française tend à la chosification, voilà comment on arrive à voir le travail et le chômage comme si c’était deux immeubles distincts. Il suffit pourtant d’un peu de sérieux pour constater qu’il y a bien plus de travail que d’emploi (la formation, le travail domestique, l’élevage des enfants, les activités « créatives et artistiques, par exemple).
Il suffit de constater que 40% des chômeurs indemnisés cumulent un ou des salaires issus de l’emploi et allocation chômage ou RMI pour savoir que ces catégories absolutisées, à l’allure pleine, n’ont rien d’évident.
On voit bien que la capacité à s’aveugler n’est pas le monopole de qui pâtit de penchant avant-gardiste.
Il y a des préjugés dont il faut se défaire, il n’économisent rien, il gâchent.
Si les syndicalistes et les autonomes se laissent déborder par leur propre expérience et l’élaborent, ce monde sera effectivement en danger
un petit caillou pour un tel chemin :
Une entreprise travailliste à la française
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=3184
Sud étudiant = troskiste bourgeois . Ces gars la n’ont pas de leçon à nous donner.
Héhé… Le texte d’Alexandre et d’Hugo, les réactions qu’ils entraînent sont pour le moins intéressantes. Je tiens à me présenter avant de rajouter mon analyse personnelle. Je suis syndiqué cénétiste à Rennes 2. Militant inactif pour des raisons professionnelles cette année (après cinq ans d’activité forcenée et de nombreux mouvements universitaires) , j’ai pu, de la position confortable de l’observateur dégagé, analyser de loin (trop ?) les revendications, pratiques, formes mises en place par les acteurs du dernier mouvement universitaire.
Mon commentaire ne va donc concerner que le texte originel et quelques commentaires qui s’en sont suivis. De même, il n’évoquera que des faits vus, des paroles entendus sur le théâtre universitaire de Rennes 2. Enfin, les remarques qui vont suivre sont uniquement personnelles et n’ont pas pour but de mettre fin à une polémique et un débat qui doit de toute façon avoir lieu.
Alors oui, le texte d’Alexandre et d’Hugo est formellement lourd à lire, chargé d’une vulgate politiquement marquée qui l’encombre et en fait donc un objet complexe mais digne d’intérêt. Débarrassé de ces scories lexicales, que nous apprend-il ? Outre les divisions internes à tout groupe revendicatif constitué ex-abrupto avec initialement des revendications catégorielles limitées qui évoluent nécessairement, ce texte a pour mérite d’affirmer clairement une rupture (depuis qu’il est connoté sarkozyste, il est difficile d’utiliser ce terme !) entre acteurs de ce mouvement. Cette rupture était évidemment en germe dès le début de la grève à Rennes 2, voire même depuis la lutte de Novembre et Décembre 2008 contre la LRU (entre autres).
Il est évident que je ne peux pas me reconnaître dans certains termes utilisés et surtout dans les conséquences que ce texte suggère. Les longues digressions sur LE mouvement social, LA classe ouvrière sont toujours désagréables à lire car appartenant plus au registre du slogan que de l’analyse. Hugo (pardon Alexandre, je ne sais dans quel cursus universitaire tu t’inscris), Hugo, toi qui fais de l’histoire, tu devrais tout de même savoir qu’il est difficile de parler aujourd’hui de classe ouvrière. Gérard Noiriel a prouvé depuis longtemps que ce concept n’a une réalité historique qu’entre la fin de la seconde guerre mondiale et les années 1970.
Actuellement, non, il n’existe pas de classe ouvrière ou précaire. Attention, il existe des ouvriers, des employés, des précaires, des chômeurs, bref, des exploités mais désolé, ils ne forment pas classe. La conscience de classe préexistante, nécessaire à l’existence de la classe, est aujourd’hui atomisée, explosée, fragmentée. Qui plus est, il est toujours trop réducteur de vouloir réduire le corps social à une entité englobante et systématique.
Ensuite, ce texte en posant et décrivant le problème de la division au sein des acteurs du mouvement universitaire est juste. Mais l’appel à la rupture ferme et définitive est aussi faussement radical que les pratiques et discours de certaines personnes que vous condamnez (pratiques et discours que j’estime aussi risibles que vous). En effet, il sera impossible et peu souhaitable de virer les « parasites » ou « ennemis du mouvement social » que vous et certains des commentateurs fustigent. C’est illusoire, qui le fera ? C’est contre-productif, nous sommes trop peu nombreux à nous mobiliser régulièrement pour nous éliminer entre nous.
Il n’en reste pas moins que les propos tenus, les pratiques déployées par CERTAINS (que les futurs commentateurs de ce message soulignent que mon propos ne se veut pas englobant, ni manichéen) « autonomes » (les guillemets se justifient car cette expression est aujourd’hui galvaudée et correspond si peu à ce qu’est ou était la mouvance ou groupe autonome il y a encore quelques années) sont totalement et radicalement en opposition à MA conception (que je crois partager par d’autres) de la structuration d’un mouvement social.
Vomir le travail en utilisant une réflexion étymologique spécieuse, cracher sur la démocratie en refusant de comprendre la différence radicale entre parlementarisme et démocratie directe, taguer des slogans qui se veulent d’un illogisme pseudo-dadaïste voire parfois franchement racistes (« Arka, rentre chez toi. Dans ton pays »), telles sont des réflexions entendues, des actes vus à Rennes 2 cette année. Et non, on ne construit pas une lutte et encore moins une expérience socialement novatrice ainsi.
Refuser la démocratie directe dans les mouvements sociaux en souhaitant supprimer les AG et ne prendre des décisions qu’au sein de groupes restreints, voilà des actes dignes de bureaucrates (le rêve de certains syndicalistes…). Fustiger ces AG et les différentes structures qui doivent être mises en place pour assurer la participation de tous et l’expression démocratique en les dénonçant comme un grand théâtre, une nouvelle émanation du spectacle (pour reprendre strictement le concept forgé par Guy Debord) en étant incapable d’analyser ses propres actes comme porteurs de la même logique, telle est une forme flagrante d’incohérence entre discours et actes de CERTAINES personnes assimilées aux « autonomes ». Refuser de comprendre et même d’envisager une opinion différente de la sienne en la rejetant au sein d’une altérité irréductible, voilà des actes d’intolérance incompatible avec l’espace d’ouverture que doit créer un mouvement social. Et ces affirmations ne constituent qu’un aperçu des reproches à faire à certains participants au mouvement social.
Ensuite, quelques remarques finales. L’appel à l’élargissement interprofessionnel des luttes est une constante bien peu mise en place. Seules actions en ce sens, les diffusions de tracts en supermarché pour appeler des salariés de ces établissements aux manifestations et autres. Effectuées par qui ? Des membres des organisations syndicales. Pas une seule personne assimilée aux « autonomes » pour participer à cela. Un exemple isolé peut-être, mais révélateur d’un décalage entre discours appelant à sortir de l’université et pratiques sclérosantes enfermant un peu plus la lutte au sein des murs de l’institution universitaire. Ah si, un appel envers les populations des quartiers durant le mouvement : après « l’action » d’auto-réduction au Carrefour Market de Kennedy qui a eu directement pour conséquence la condamnation à 5 mois ferme d’un jeune de ce quartier… Je me souviens d’une discussion durant la lutte de l’année dernière avec UN jeune homme assimilé aux « autonomes » qui m’a clairement affirmé que les travailleurs étaient des fascistes qui collaboraient au système capitaliste. Point de volonté de généraliser ce type de discours à tous les militants non-organisés de Rennes 2. Mais son existence montre bien le mépris de certains envers les des travailleurs qu’ils prétendent défendre.
Enfin, les accusations rémanentes de manipulations de la part des syndicats ont pour don de m’énerver au plus haut point. Que CERTAINES organisations syndicales cherchent à se poser comme représentant officiel du mouvement, cela existe. Que les coordinations nationales soient dévoyées par CERTAINES organisations syndicales et politiques pour correspondre à leur vues, cela existe (mais de moins en moins avec les procédures de contrôle des mandats et des mandatés mises en place au début de ces coordinations). Mais cessons la généralisation et rappelons tout de même que les militants qui sont présents de façon visible et vigilante tous les jours à l’université (et sur les autres champs de lutte) sont ces mêmes militants encartés que certains honnissent.
En espérant avoir réussi à apporter un témoignage de plus sur la part visible du dernier mouvement de grève à Rennes, sans volonté de généralisation hâtive et réductrice, j’espère toutefois que malgré les actes commis par CERTAINS cette année, nous réussirons à reconstruire d’autres luttes sur le beau théâtre de cette université. Je reste toutefois pessimiste étant donné la dégradation en terme de formation politique des militants que j’ai pu constater cette année (mais ça doit être mon côté vieux-con qui s’exprime).
A tchao.
Toujours des discussions stériles sur le travail, la légitimité…
Content de lire la réponse de Jimmy (Même si je ne suis pas d’accord sur le point sur la classe ouvrière. Il reste une réalité économique (et non sociologique que tu considères seule : il y a ceux qui vendent leur force de travail et ceux qui profitent de ce travail pour prospérer aux dépens de la majorité.)
Pas d’accord sur tout en ce qui concerne le texte de départ non plus. Étant également cénétiste et anarchosyndicaliste (comme le sont certains camarades à SUD il est vrai), je conçoit que l’occupation d’un lieu n’est pas essentiellement un moyen de faire basculer le rapport de force mais surtout de se le rapproprier dans le but de l’autogérer de façon illimitée dans le temps.
Sinon, nous, à Nantes, on n’a pas (vraiment) d’autonomes mais on a les collabos de la Cé et des connards de l’UNI et de Renouveau Français (qui font péter des grenades à plâtre dans les amphis d’AG.. enfin ils l’ont fait une fois…). On a de vrais ennemis et pas le temps à ces petites conneries. Mais bon.
La légitimité : quand un ensemble (une fac, mais cela peut être un groupe « informel ») doit prendre une décision sans autocratisme ou merde de ce genre (et je suppose et espère que les gens visés par le texte le font…), ils font une AG. Dans nos syndicats démocratiques (CNT et je crois SUD), honnis par les soit disant « anars » autonomes à la petite semaine, on fait de même. Ont met en place un ensemble de règles flexibles pour que tout le monde soit à égalité dans les prises de décision. Les AG de fac n’interdisent personne de faire quoi que ce soit en parallèle (et même en perpendiculaire…) Mais la volonté de gérer démocratiquement nos lieux d’activité dans leur ensemble reste ; c’est un objectif révolutionnaire qui permet de ne pas se confiner dans le spontanéisme (le mot est lancé…. c’est d’ailleurs peut être là qu’est le vrai débat).
Pour revenir sur le point de classe ouvrière : oui Per-Ewan, il existe des différences matérielles, économiques, au sein du processus de production (pour reprendre une vulgate bien marxisante), mais ce seul point commun n’est nullement constitutif d’une classe. A cette commune situation d’exploités, il faut ajouter la conscience de l’être et donc agir en tant que groupe… Cette conscience de classe s’exprime au cours des grèves, mouvements sociaux, etc, mais elle n’est pas générale.
Attention à ne pas analyser tout mouvement de révolte contre un ordre établi comme l’expression d’un mouvement de classe…
A tchao.
J-Marie
De toute façon l’ensemble des syndicats dit révolutionnaire se sont trahis avec ce mouvement. Sud étudiant a montré son visage d’arrière garde du npa. Les étudiant bloqueurs demanderont des comptes à ces syndicats , j’aimerais pas etre à la place de ces derniers avec leur discours du moyen age.
C’est intéressant cette façon de ne surtout pas prendre en compte certaines réalités pourtant démontrées plus haut, comme la relative inéquation NPA/SUD (étudiant en tous cas). Quant à mêler la CNT à ça sans le moindre argument, c’est de l’amalgame grossier. La haine des syndicats chez certains est réellement le prolongement de la haine des travailleurs.
Je pense que les étudiants bloqueurs de Rennes ont surtout à demander des comptes à certains qui n’ont de cesse de dévoyer la démocratie populaire en crachant dans la soupe pour finir par ressembler à de vrais staliniens…