La jeunesse populaire pointe son nez sur la fac
Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesViolence policières
Lieux : Rennes
A la suite de l’action de réquisition alimentaire réalisée dans le quartier de Villejean, et des violences policières contre les jeunes du quartier qui l’on suivi, des étudiants et chômeurs ont rencontré des habitants et des membres de la vie associative du quartier pour se retrouver et discuter.
L’idée d’un barbecue sur la dalle kennedy a été proposée,
il aura peut-être lieu samedi, le temps d’obtenir une autorisation officielle de la mairie.
Certains habitants, ont proposé de faire un premier barbecue à la fac occupée de rennes 2.
C’est ce qui est arrivé hier soir ou entre 30 et 40 habitants de Villejean, tous garçons, entre 15 et 35 ans, sont venus, les bras chargés de baguettes et de viande hallal, passer la soirée avec les grévistes.
Une soirée exemplaire en terme de convergence et de réunification de populations que tout fait pour séparer, alors que tout uni.
Des discussions animées, chaleureuses, des impro de rap, où on a entendu beaucoup de choses politiques, des rires des chants, et le sentiment de part et d’autre que cette soirée marque le début de nouvelles amitiés. Personne ne voulait qu’on en reste là.
Match retour au tiéquar samedi, le mur invisible entre la fac et villejean est en train de tomber!!!!!
Même si l’idée de « tous ensemble » est séduisante il est important que la jeunesse populaire garde bien en tête une chose. La jeunesse universitaire est une jeunesse qui se voue aux postes supérieurs de la société. C’est donc à la jeunesse populaire de poser ses conditions à la jeunesse universitaire, conditions qui de toute manière ne peuvent être que temporaire.
La jeunesse populaire peut garder en tête ce texte de George Orwell pour être vigilante quant à une association avec la jeunesse universitaire.
« Au long des temps historiques, et probablement depuis la fin de l’âge néolithique, le monde a été divisé en trois classes. La classe supérieure, la classe moyenne, la classe inférieure. Elles ont été subdivisées de beaucoup de façons, elles ont porté d’innombrables noms différents, la proportion du nombre d’individus que comportait chacune, aussi bien que leur attitude vis-à-vis les unes des autres ont varié d’âge en âge. Mais la structure essentielle de la société n’a jamais varié. Même après d’énormes poussées et des changements apparemment irrévocables, la même structure s’est toujours rétablie, exactement comme un gyroscope reprend toujours son équilibre, aussi loin qu’on le pousse d’un côté ou de l’autre.
…Les buts de ces trois groupes sont absolument inconciliables. Le but du groupe supérieur est de rester en place. Celui du groupe moyen, de changer de place avec le groupe supérieur. Le but du groupe inférieur, quand il en a un – car c’est une caractéristique permanente des inférieurs qu’ils sont trop écrasés de travail pour être conscients, d’une façon autre qu’intermittente, d’autres choses que de leur vie de chaque jour- est d’abolir toute distinction et de créer une société dans laquelle tous les hommes seraient égaux.
Ainsi, à travers l’Histoire, une lutte qui est la même dans ses lignes principales se répète sans arrêt. Pendant de longues périodes, la classe supérieure semble être solidement au pouvoir. Mais tôt ou tard, il arrive toujours un moment où elle perd, ou sa foi en ellle-même, ou son aptitude à gouverner efficacement, ou les deux. Elle est alors renversée par la classe moyenne qui enrôle à ses côtés la classe inférieure en lui faisant croire qu’elle lutte pour la liberté et la justice.
Sitôt qu’elle a atteint son objectif, la classe moyenne rejette la classe inférieure dans son ancienne servitude et devient elle-même supérieure. Un nouveau groupe se détache alors de l’un des autres groupes, ou des deux, et la lutte recommence.
… La nouvelle aristocratie était constituée, pour la plus grande part, de bureaucrates, de savants, de techniciens, d’organisateurs de syndicats, d’experts en publicité, de sociologues, de professeurs, de journalistes et de politiciens professionnels. Ces gens, qui sortaient de la classe moyenne salariée et des rangs supérieurs de la classe ouvrière, avaient été formés et réunis par le monde stérile du pôle industriel et du gouvernement centralisé. »
George Orwell dans « 1984 »
salut vieillesse populaire (et les autres)
ce que critique Orwell dans 1984 c’est la bureaucratie marxiste-léniniste et particulièrement celle de l’ex URSS .Effectivement, dans le passé, disons dans les années 70/80, j’ai vu bien des mouvements sociaux ou étudiants se faire cannibaliser par des orgas staliniennes ou des individus en mal de pouvoir perso.j’étais à la fac de Villgean mercredi (voir ma fille qui participe au blocage), et bien j’y ai vu des jeunes très solidaires dans la manif, très égalitaires dans les prises de décisions et prises de parole. j’y ai vu aussi les garçons comme les filles s’attellant aux tâches de rangement, de nettoyage ou de barricadage. bien sûr rien n’est parfait et quelques beaux parleurs poussent leur avantage en AG, il faut donc rester vigilant à cet égard. mais ce que j’ai particulièrement aimé dans cette fac, c’est qu’elle n’est pas coupée de son quartier. elle a été construite dans les années 60 au milieu de ce quartier populaire qu’est Villgean et d’ailleurs les enfants viennent faire du roller et du skate dans les allées et sur les escaliers des batiments. Ce que les habitants et les étudiants ont en commun c’est la dégradation de leur lieu d’habitat et d’études. Les services publics qui partent à vau l’eau, les batiments raccomodés de bouts de ficelle, les conditions de vie difficiles dans un quartier populaire, les conditions d’études de plus en plus dures par la taylorisation de l’enseignement supérieur et en particulier les sciences humaines et sociales. Comment se fait-il par exemple que celles-ci se trouvent dans un quartier dégradé alors que l’IEP ou les sciences dures (maths, physique…) se situent au centre ville et dans les quartiers résidentiels? Eh bien, la réponse est dans la question: les jeunes qui sont dans les filières de socio, psycho, histoire, sont des jeunes issus de milieux populaires et ils n’intéressent personne et sûrement pas nos gouvernants pour qui il ne faut que la jeunesse se mette à réfléchir et surtout fasse le lien avec les jeunes des quartiers. C’est quand la parole circule librement qu’elle la plus dangeureuse pour le pouvoir. Et là, moi je fais référence à la Commune de Paris et au bouquin d’Orwell « Catalogne libre ».
Bonsoir « vieille anar » (et les autres), en espérant que tu repasses par là.
Je trouve fort dommage de réduire la portée d’un texte ainsi que tu le fais, en l’interprétant. Personnellement je ne l’ai pas lu (et relu) de cette façon, et mes lectures ont porté leurs fruits.
C’est opportunément que « vieillesse populaire » nous rappelle ce texte.
D’autre part, les universités ne sont pas géographiquement implantés de la même manière dans les différentes villes. A Nantes, psycho, socio et histoire sont proches de la fac de droit et d’une école de commerce, le tout se trouvant dans un quartier relativement agréable de la ville, à proximité d’une jolie rivière et des bois qui la bordent encore.
Ce qui met à mal ton argumentation, mais souligne combien le campus de Villejean a un atout à jouer : précisément sa localisation dans un quartier populaire.
Aussi je trouve très bien la rencontre qui vient d’avoir lieu là-bas (d’après ce que j’en lis ici), mais ce sera encore bien mieux quand les filles du quartier se joindront à la fête!