GOLGOTH-A-10-10-10 est un collectif d’individus-robots. GOLGOTH-A-10-10-10 occupe depuis fin octobre 2003 un vaisseau basé au 14 rue Paul Doumer à Grenoble. Cette maison était vide depuis bien trop longtemps. GOLGOTH-A-10-10-10 a alors décidé de s’emparer des manettes de ce vaisseau fantôme pour qu’il ne soit plus fantôme, justement. Les individus-robots de GOLGOTH-A-10-10-10 dérivaient depuis bien trop longtemps sans toit dans l’espace des inégalités sociales. D’autant plus que ces individus-robots ne comprennent pas les logiques absurdes de la sacro-sainte propriété privée. Les défenseurs de ce principe préfèrent voir un lieu abandonné plutôt qu’animé par des individus qui ont besoin d’un espace d’habitation et d’activités. C’est pour cela qu’on en arrive à vivre dans un système où il y a plus de logements vides que d’individus sans domicile (ceux-ci étant pourtant très très nombreux-nombreuses). Mais dans tout ceci, une question se pose : pourquoi GOLGOTH-A-10-10-10 s’appelle ainsi ?

– Johnny Golgotha et les vampires : parce que, comme ces dernierEs, nous n’aimons pas l’alcool, les drogues (peu importe qu’elles soient légales ou illégales) et ce qui nous aliène en général (mais pour autant nous ne méprisons pas les gens qui boivent, qui fument, etc.) ; parce que nous sommes très assoifféEs… de bouleversements sociaux et de révolutions au quotidien ; parce que nous aspirons à la fin de toutes les oppressions et dominations (racisme, sexisme, capitalisme, chefferie, homo/lesbophobie et plein d’autres trucs en “isme” ou en “ie” que nous véhiculons sans en être toujours conscientEs)

– Le mont Golgotha : parce que nous avons des petits côtés sacrilèges. Le mont Golgotha, c’est l’endroit où monsieur Christ Jésus a été crucifié avant de devenir très célèbre et célébré. Et pour les chrétienNEs, ça évoque l’eucharistie, c’est-à-dire la messe où les fidèles vont notamment boire ce qu’illes appellent le sang de ce monsieur en buvant du vrai vin pour soi-disant revivre des moments avec cet homme mort il y a très très très longtemps et qui a comme surnom “Dieu”. L’alcool bu durant ces messes n’est qu’à l’image des religions : une drogue. Car celles-ci visent à endormir (ou exciter) les individus tout en les divertissant de fables pas très rationnelles et sources de diverses dominations. D’ailleurs quelqu’un de barbu a dit un jour que les religions étaient “l’opium du peuple”… il avait raison.

– Le crâne : parce que Golgotha signifie crâne dans la langue araméenne et parce que justement, nous voulons qu’il y ait plein de lucidité dans nos têtes, y compris quand il s’agit de changer nos états de conscience. Nous voulons pouvoir nous amuser sans prendre de substances. Le problème des rapports entre les fêtes et les drogues se pose ainsi, dans le sens où ce qui motive la plupart des gens dans les fêtes, c’est l’alcool ou autres prises de drogues. De toute façon, il reste à redéfinir ce qu’on appelle les moments de fête. Nous voulons que la vie soit une fête permanente. Ça veut dire aussi que nous voulons remettre en cause l’idéologie qui veut nous faire croire que l’exploitation au travail est quelque chose qui fait de nous des êtres épanouiEs. Finalement le vocabulaire de la fête (comme celui du loisir et des vacances) nous est concédé comme de piètres instants de répit visant à nous faire oublier les moments de souffrance et d’humiliation salariales. Nous voulons construire des modes de vie où le temps passé à la tâche ne serait limité qu’à ce qui serait défini collectivement comme nécessaire, où les rapports de compétition, de hiérarchie et de spécialisation seraient abolis, où on pourrait se réapproprier notre temps et le réaliser pleinement dans des moments ludiques.

– Les “méchants” Golgoths contre le “gentil” Goldorak : parce qu’on nous inculque depuis toutEs petitEs, par le biais de divers media comme les dessins animés, qu’il y a d’un côté des méchants et de l’autre des gentils ; alors que c’est beaucoup plus compliqué que cela. Ces schémas simplistes servent avant tout des idéologies qui véhiculent des systèmes de dominations via des normes ou des lois. Finalement, les “gentils” sont au service de dominations, comme l’Etat l’est vis-à-vis du capitalisme en faisant appel à ses policiers. Les Goldoraks servent alors à réprimer les “méchants”, c’est-à-dire celleux qui refusent de se plier à ces normes oppressives et qui aspirent notamment à se réapproprier les prises de décision et fonctionner sur des modes d’autogestion en se passant des institutions… C’est pour ça qu’on ne veut pas passer par les structures d’assistanat social pour avoir un logement. Celles-ci ne proposent que des lieux standardisés, qui façonnent l’urbanisme dans des cadres aseptisés où nous n’avons pas notre mot à dire, où nous sommes contraintEs d’accepter de vivre dans les ambiances mornes que nous proposent les “experts” en gestion de cadres de vie.

HALTE À L’ALCOOLONISATION ET VIVE LES LIEUX DE VIE AUTONOMES !

Grenoble, début novembre 2003,

Les habitantEs de Golgoth-A-10-10-10 (14 rue Paul Doumer, 38100 Grenoble, fr – 04 76 42 04 64 – tram Cargo).

golgoth-a-xxx@squat.net

NB : Si vous rencontrez des mots un peu bizarres, écrits avec des e majuscules à la fin, eh ben, c’est anormal. Ça s’appelle féminiser les textes. Ça part du constat que le langage, comme tout, est politique et que la grammaire, à l’image de la société, est sexiste et patriarcale, car elle ne se soucie de mettre en avant que le genre masculin. Et que donc, si on veut faire évoluer les consciences ou les inconscients collectifs, on peut commencer par faire évoluer son langage pour le rendre moins vecteur de dominations, d’accord ?…