Autoportraits d’autonomes
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directes
« Disparue au début des années 80, la mouvance autonome resurgit. Rencontre avec quelques-uns de ces militants qui sont dans le collimateur du ministère de l’Intérieur. »
A lire sur http://www.liberation.fr/societe/0101320213-autoportrai…nomes
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Comme d’habitude, on nous ressort régulièrement cette vieille idée comme quoi la mouvance autonome à un moment aurait « disparue »…
Rappel historique :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_autonome
http://autonomie.bravehost.com
http://www.dailymotion.com/group/114786
Un jour, on finira par nous dire que les autonomes « n’ont jamais existé » !
l’article proposé vient du site marchand et sous copyright liberation.fr …
en plus pour nous proposer les « études » de Bourseiller. Quel audace !
cet article: http://autonomie.bravehost.com/03.12.2007.htm
et ça permet de rigoler en voyant l’évolution du discours de libération en quelques années. De bandes de sauvages les autonomes (ce truc que ça a l’air d’être la gue-guerre de qui aura la définition) deviennent des petits bourges qui squattent pour fuir papa-maman. Z’ont bien lu tous les poncifs sur le genre et se sont bien mis d’accord avec le figaro on dirait…
Ah les cases dans la tête…
pas d’articles de la presse sarkozyste sur imc nantes ni ailleurs
que Libération aille rejoindre Charlie Hebdo dans les égouts de l’histoire
« presse marchande », ou « presse bourgeoise » suffirait…
Sarkozy ou un(e) autre ce n’est le problème
Il ne suffit pas que Libération soit un organe de la falsification historique pour dénier toute réalité au constat sur lequel cette entreprise s’appuie dans ce cas.
L’autonomie comme orientation politique, « identité » hétérogène a effectivement disparu à la fin des années 70 sous l’effet conjugué d’une critique et d’une proposition politique interne : la création d’une organisation qui fit de « la lutte armée » sa spécialité », AD, hypothèse qui s’est, comme prévu révélé un désastre, et d’autre part d’une alternance politique institutionnelle (P.S au pouvoir) qui n’a pas été l’occasion, contrairement à certains paris, de la constitution de mouvements conflictuels, de réalités collectives antagonistes qui auraient saisi l’opportunité de cet événement qui desserrait, provisoirement, les contraintes répressives, économiques, sociales, culturelles. On a rapidement assisté à l’imposition d’une religion de l’économie par la gauche, sans que des mouvements, si ce n’est isolés, combattent les innombrables diktats concrets que cette vision comportait (là réside la mort, là se tient sans doute une transfiguration possible)
Il faut distinguer l’autonomie comme courant politique, aussi divers puisse-t-il être, et l’autonomie comme orientation stratégique de nombreux mouvements, qui érigent leur particularité, leur minorité contre l’ordre social, les représentations, des regroupements locaux aux coordinations de lutte (il ne suffit ni d’être local, ni de se dire coordination pour ne pas déléguer aux forces instituées la conduite de la lutte). Cette autonomie politique là, nécessaire et non simplement possible comme le serait une politique plus « générale », a fort peu de chances de disparaître.
Les années 80 en ce qui concerne l’autonomie comme courant politique ont été ce que Guattari a parfaitement désigné comme des « années d’hiver » (il suffit de citer la napalmisation symbolique opérée par SOS race, détruisant l’hypothèse portée par les mouvements autonomes des immigrés de seconde et première génération, de l’usine aux quartiers), végétatives et glaciales. On vit évidemment des formes d’autonomie politique se manifester dans des mouvements réels : luttes ouvrières, squatts, luttes « étudiantes » , chômeuses et précaires, mais ce qui dominait en terme d’autonomie était le trop petit masque du maintien d’un folklore contre culturel à la fois répandu et marginalisant (à l’instar du punk maintenu), un hors du monde illusoire.
Depuis 1986, avec l’obligation pour la CGT de prendre en compte le pouvoir des assemblées générales (c’est en modifiant le rapport du syndicats à la lutte que B. Thibault y a gagné ses galons) lors de la grève des transports (par des assemblées coordonnées) le mouvement contre le Contrat d’insertion professionnel (1994) qui vit des dizaines de milliers de jeunes manifestants agir hors d’un cadre représentatif, depuis la grande grève de 1995 qui remit au premier plan la prise en main de ses propres affaires, le lancement d’un mouvement autonome de sans papiers en 1996, et les mouvements de chômeurs et précaires, l’autonomie ne se résume plus à la défense d’une identité aussi peu protectrice que figée.
L’injection littéraire post situ qui, de Tiqqun au Comité invisible, cherche à requalifier politiquement cet aire diffuse produite par les mouvements de ces dix dernières années et leurs limites, constitue sans doute un symptôme ( provisoire) d’une nouvelle politisation autonome. Tout comme ce regain anarchiste qui valorise tant l’individu sans voir à quel point cela relaie la construction de ce sujet politique par excellence du néolibéralisme.
Oui, Libération a tort, ou plutôt défend son entreprise de caviardage de gauche, il n’empêche, pour tourner une page, il faut la lire. Et pas dire n’importe quoi sur la continuité éternelle. La fin de l’autonomie des années 70 devrait interdire toute nostalgie (un paysage de fantômes). Que ces années 70 devraient, en bonne logique, constituer un patrimoine d’expériences. L’expérience, c’est ce qui nous instruit ET par là nous transforme. La lire depuis aujourd’hui, c’est, dans le meilleur des cas, en reprendre les ressorts sans verser dans ses ornières.
L’insurrectionalisme, de ce point de vue, est une bien pauvre idéologie.
Donc, pour les amateurs de résumés : Blanqui riquiqui, l’autonomie est à inventer.
Si on ne peut pas en discuter sur Indymedia, où va-t-on en discuter ?
Sur le forum de la LCR ?
Et les Cangaceiros, dans les années 80 ? C’était pas des autonomes ?
Et le squat de la rue Caplat, à Paris ?
Et tous les fanzines keupons de cette époque ?
Squatters et Précaires Associés ? Radio Mouvance ?
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