L’insurrection qui vient, comment habiter l’état d’exception
Catégorie : Local
Thèmes : Prisons / Centres de rétentionResistances
Lieux : Rennes
L’insurrection qui vient, comment habiter l’état d’exception
Un long silence aura précédé la sur-exposition publico-policière de L’insurrection qui vient. Tous les médiateurs de « l’espace public»auront consenti à faire de ce petit livre vert la même publicité négative. Espace public dont nous n’attendons rien à l’exception de sa subversion. Parce que là où on donne la parole, là où on la concède, c’est pour mieux en empêcher l’irruption violente, c’est la châtrer de sa vertu subversive. Toute positivité, toute affirmation politique étrangère à la linguistique impériale échappe et appelle son commun. La discussion organisée par le comité de soutien du 11 novembre de Rennes sur L’insurrection qui vient avait cette vocation de restituer la question de l’insurrection à ceux pour qui la situation exige que nous en soyons. Ce texte poursuit cette initiative.
Aujourd’hui c’est le mot d’ordre de défense du public qui concentre tout ce qu’il reste à sauver. L’état se retrousse dans la machine impériale emportant avec lui ォ l’exception française サ, accablant les sujets nostalgiques d’un état providence. Le désir de soumission à l’état apparaît alors comme LE désir qui nous sauverait de la voie impériale. Face au nouvel ordre mondial, régénérer l’ordre ancien. On s’accroche à ce qu’on connaît, plutôt que de s’attacher à ce qui dans le passé n’est pas advenu, à savoir l’ouverture au champ du possible insurrectionnel dont même le plus sceptique ne peut méconnaître la puissance. Surtout ne pas penser, ne pas s’engager dans une autre voie que celle de la vie entendue comme besoins + divertissement + engagement politique. Cet engagement politique dont nos parents font leur point d’honneur et qui les maintient dans leur petit-état privé. Et ils sont fiers de ce contrat factice où en échange de leur mobilisation, du don de leur vie à l’état souverain, ils sont protégés d’un péril qu’ils ignorent. Ils s’indignent d’une méritocratie sarkozyste, oubliant par là que qui désire l’état désire l’homme pourvu de droits. N’assumant pas que leur prise de parti étatique implique la mise au ban de toute forme de vie qui s’émanciperait du pouvoir souverain, de vies qui ne méritent pas de vivre. Prison. Milieux d’enfermements.
L’attachement fétichiste de nos parents à l’état, qu’ils défendent en tant que produit de la civilisation est le dernier rempart aux vérités de l’époque. Lorsqu’ils lâchent cet attachement, qu’ils l’abandonnent, ils sont nus comme nous, les enfants de Tchernobyl, nus et fous. Et cette nudité est la seule manière pour nous d’en finir avec les peaux mortes. Quand toutes les idéologies sont dépeuplées, que nous sommes dépossédés des formes majeures du social, de la vie et de la mort, qu’est-ce qui peut bien faire obstacle aux inversions sociales ? Rien mis à part le libéralisme existentiel qui est presque tout. Mais ce rien est notre bénédiction, puisqu’il est la condition d’une révolution qui ne refont pas le contrat social, qui n’est pas la négation du passé, mais l’affirmation d’une vie où la pluralité des formes-de-vie affrontent leur destin sans médiation. Tout devient plus simple. Comment libérer les usages ? Comment subvertir les institutions ? Quelles règles éthiques polarisent les espaces libérés ? Comment tenir pouvoir et puissance dans une relation de non-subordination ? Comment déposer le besoin de soumission ? Comment la grève humaine bâtit-elle ses quartiers ?
Malheureusement nos vieux parents et nos vieux amis que le temps capitaliste, la réussite ou le cynisme nous ont arraché, font partie de cellules invisibles d’esclaves modernes et conjurent inconsciemment la vie nouvelle que nous inventons. L’insurrection qui vient leur offre une vision. Recommencer à conspirer. Nous ne nous indignons pas de l’incarcération de présumés auteurs, pas plus que de présumés saboteurs. L’insurrection qui vient tranche avec tous les livres qu’on nous a laissés lire à présent, puisqu’elle propose que vivre soit lutter. De même les sabotages de caténaires posent des actes de ré-appropriation de la puissance en sapant à la base la violence avec laquelle nous ne cessons de nous accommoder, nous qui laissons l’horreur du présent labourer la surface de la terre et la profondeur de nos âmes. Nous n’avons pas pu compter sur nos parents ni sur nos profs pour que nous soient transmises les vérités historiques, celle d’une imperceptible guerre, de ses batailles, de ses défaites et victoires. Et c’est au nom de cette trahison prénatale que nous désertons leur histoire et leur utopie d’une vie libérée du conflit où l’ouvrier et le patron ont tous deux raison. A l’éducation nationale qui reproduit la domination nous opposons une éducation partisane inverse. La transmission du goût de détruire ce qui nous domine.
Le soudain empressement autour de L’insurrection qui vient s’explique dans la manière dont des énoncés ont été mis en cause dans la vie réelle, faisant preuve d’une densité politique existentielle. C’est de cette quête d’une densité politique effective dont nous sommes tous coupables. Si le pouvoir des mots a été exceptionnellement remis à l’ordre du jour dans cette affaire, il est vital que nous fassions du vide politique présent un allié, que nous balayons enfin toutes ces plaintes moribondes concernant l’état d’exception présent. Car en vérité, dénoncer l’état d’exception c’est re-sortir du placard la démocratie, nous refaire le coup du civilisé et du contrat social où l’état bienveillant te protège d’un terrible état de nature. Comme si la guerre de chacun contre chacun était matée, que l’homme avait gagné sa guerre contre la nature nous libérant du royaume de la nécessité. Ce rêve cauchemardesque humaniste d’élimination de tout ce qu’il y a en nous d’immaîtrisable a conduit à une conception de la liberté comme droit à une existence libérée du conflit. Le droit à une vie abstraite pour un homme abstrait coïncidant avec le besoin de sécurité, la protection de sa vie et de ses propriétés. Nous sommes en guerre contre cette idée de l’homme. Nous croyons à une existence émancipée du droit et de la loi. Que la puissance sociale s’enfante dans la coexistence d’une pluralité d’ordres qui se confrontent à même le réel et non pas dans sa subordination au pouvoir. Nous voulons penser nos existences en prenant en compte la violence dont nous sommes capables. Or tant que nous demandons réparation d’un tort, quoique nous obtenions, nous ne connaîtrons jamais la liberté. Habiter la situation d’exception est le seul moyen pour connaître la liberté. L’état d’exception permanent est une vérité, l’obscure vérité de l’état de droit. Les lois perben2 n’en sont que l’exemple légal. Ceux qui refusent d’admettre que l’état de droit est le paravent d’un état d’exception refusent d’admettre une vérité pourtant fondatrice de l’état : le pouvoir a besoin de lois qui le place au-dessus des lois pour se maintenir. Parce que tout pouvoir est conservateur, l’existence du droit à l’insurrection ne dira jamais rien de la réalité hostile du droit pour l’insurgé.
L’insurrection n’est pas l’horizon politique, bien que dans son déroulement soit contenu cet horizon. Là où c’est l’émancipation des travailleurs qui condensait jadis l’idée de victoire, aujourd’hui, il s’agira plutôt de nous libérer du libéralisme existentiel. A nous de déterminer quelles mesures révolutionnaires en sont porteuses ? Quand un gouvernement provisoire, une justice fût-elle populaire, des élections, un homme viennent remplacer les précédents, l’organisation du grand jeu entre les êtres, peuples, tribus est anéantie au profit de l’organisation du pouvoir. Dans les insurrections, si les prisons sont attaquées, ce n’est pas parce que tous les prisonniers sont les amis des insurgés mais parce que les prisons sont le reflet du pouvoir qui met au ban des formes-de-vies, les réduisant jusqu’à ne laisser survivre que la forme. Il n’y a pas à défendre tous les prisonniers, tous leurs gestes dans l’absolu. Ce que nous défendons c’est une forme de coexistence avec ces hommes et femmes. Coexistence que l’état de droit conjure. Et cette conjuration nous placera toujours en guerre avec le droit et la loi.
Il y a une affinité entre l’horizon politique de L’insurrection qui vient et une tendance du féminisme italien des années 70. Ce féminisme que nous qualifions d’extatique ouvrait à une existence dégagée du droit et de la loi en refusant le projet d’émancipation que la gauche avait prévu pour elle. En organisant des comités de défense pour prendre acte du viol des ォ compagnes サ, plutôt que de remettre leur puissance dans les bras de l’état et de la justice qu’elles considéraient comme une violence supplémentaire exercée contre elles. En continuant de pratiquer les avortements clandestins plutôt que de s’en remettre aux médecins. Cette proximité entre L’insurrection qui vient et le féminisme extatique apparaît aussi dans leur commun silence. Rien à dire au pouvoir. Pas de programme. Une politique des gestes. La force de ce silence c’est de ne pas proposer de modèle de libération, mais de chercher une liberté coextensive à l’existence. Est viable et désirable ce qui est en dehors de l’état, ce qui naît de l’exception. L’insurrection qui vient commence à esquisser ce qu’est habiter l’état d’exception. Comment rendre viable une situation insurrectionnelle? A l’abstraction de la société, est opposée la matérialité des communes.
La limite qui séparait jadis la vie privée de la vie publique devient indiscernable à mesure que l’état d’exception se révèle car en réalité le pouvoir politise tous les pans de la vie. Et nous ne lui reprochons pas, puisque pour nous aussi, c’est l’existence même qui est au coeur du politique. La grande force du féminisme extatique c’est de mettre en évidence l’inséparation vie publique/vie privée. Le constat du féminisme ォle privé est politiqueサ partagé avec la biopolitique aura donné lieu à deux affirmations, deux vérités incompatibles. Pour le féminisme étatique l’affirmation d’une nouvelle séparation publique/privé et de l’égalité comme horizon politique. Pour le féminisme extatique, la pratique de l’état d’exception et le désir de s’émanciper du désir d’émancipation égalitaire fondé sur le mètre masculin. L’égalité fait ici figure d’une réduction du champ des possibles car l’égalité se mesurant entre sujets, écarte les femmes, qui civilisées imparfaitement, ne peuvent faire coïncider leur manière de se lier au prisme égalitaire, au règne des individus. Habiter l’exception, c’est donc assumer l’inégalité, au sens d’un désordre social fondé sur la réalité inégalitaire, plurielle des distances et des proximités. Moins viril, plus viral. Le féminisme extatique opère le renversement de l’inséparation biopolitique privé/publique en inséparation effective dans le sens de la situation révolutionnaire. C’est la nature de l’usage fait de l’état d’exception et de la vie inséparée qui est déterminant. C’est pourquoi l’exigence face à laquelle nous nous trouvons, c’est d’opposer à l’état d’exception présent le véritable état d’exception. Nous opposons des formes politiques extatiques qui doivent évoquer les communes libres ukrainiennes et les premiers soviets. L’insurrection qui vient doit rompre avec les schémas historiques. C’est à nous de repeupler ce qui est devenu une fiction. Devenir ingouvernable, veut dire à la fois refus d’être gouverné et élaboration d’une autre présence. Cette autre présence, certains l’appellent anarchisme, socialisme, autonomie, communisme. C’est une manière de s’associer et de se diviser autour de motifs politiques qui mettent en jeu l’existence entière sans restes. Une élaboration sans fin, un grand jeu dont les règles éthiques et politiques appellent à être expérimentées dans la situation qui vient.
Il n’y a rien de pire que des victoires dont on ne sait que faire. A Rennes, pendant le CPE, il fut possible d’affronter plusieurs fois par semaine les forces de l’ordre et d’y gagner sans que la victoire dans la rue ne contamine les autres plans de l’existence, à la hauteur de la violence des affrontements. Comme si ces mouvements participaient d’une canalisation de la violence. L’affrontement ne construit l’insurrection que lorsqu’il est porteur d’une positivité qui passe par la réquisition de l’espace et du temps aux forces de l’ordre pour que d’autres forces y instaurent, non pas leur loi, mais leur mouvement libérant des espaces matériels et moins matériels. Dans l’insurrection qui vient, il n’y a pas à prendre le pouvoir, mais des mesures à définir pour étouffer l’Empire.
Ce texte n’est pas une proposition, mais une succession d’affirmations posées en axiomes( a grand renforts de”en vérité” et de “réalité”).La division du monde en deux entités distinctes, ceux qui comprennent et ceux qui ne veulent pas comprendre, outre qu’elle est extraordinairement pompeuse, m’apparait particulièrement naïve. L’état de guerre déclamée n’engage que ceux qui s’y retrouvent. Les dominations sont partout, meme au coeur de ce texte qui pose a demi mot “avec nous ou contre nous”. quelques personnes (6 milliards et quelques) s’affrontent quotidiennement a la question du devenir, toute contribution est la bienvenue, y compris celle la, mais un peu d’humilté n’a jamais nuit au grandes idées.
”
Une ‘insurrection qui vient “pompée sur les concepts d’Empire et de Multitude. Phraséologie romantico-insipide anti-étatiste , déjà déglutie par Négri en son temps et un pan de l’autonomie italienne instituée dans les centres sociaux et tutti bianci, dont les insurrections planifiées avec la police au préalable , laissent certaines fois des innocents sur le carreau…
Quelle insurrection possible sans s’organiser militairement et concrètement face aux forces de l’Etat ? le mouvement ouvrier dans toute son histoire n’a jamais eu besoin des redondances de la petite bourgeoisie radicalisée et “prophétique” pour s’approprier tactiquement et idéologiquement les luttes (voir ce qui se passe actuellement en DOM TOM)
Je dirai d’abord aux commentateurs, et autres lecteurs, allez plonger le nez dans l’insurrection qui vient, c’est intéressant, et ça fait un peu respirer.
Ensuite, je dirai aux rennais, ne transformez pas ce bouquin en petit livre rouge, je ne crois pas que c’est la volonté de celles et ceux qui l’ont écrit, et je pense aussi que ça risque de vous couper de la réalité et de vous interdire de réfléchir.
Par exemple il y a plusieurs problèmes dans l’insurrection qui vient.
La question des communes, qui d’ailleurs n’est pas une création de ses auteurs, qui assument une part d’héritage historique, cette question pose aussi le problème de la mobilité des personnes, et des capacités d’intégration des communes vis à vis des étrangers. Quand on voit ce que la peur de l’Etat peut développer de paranoïa chez les militants, particulièrement chez ceux qui ont choisis la voie de la rupture avec toutes les formes instituées de l’action politique, comment rencontrer l’étranger, celle et celui que vous ne connaîtrez pas, et qui de passage, viendra sur votre territoire, dans ”votre commune”.
Cela pose la question de la fédération des communes, des liens qu’elles tisseront entre-elle, c’est à dire la question de l’Etat, et au-delà de la vision bourgeoise de l’Etat en médiateur, ce qui demeure, je suis d’accord, une pure fiction.
Deuxièment, je trouve dans l’article, comme dans l’ouvrage, une étrange permanence à détester sa famille. Je me demande de quelles familles vous pouvez venir, moi, j’aime la mienne, non par conservatisme, ni pétainisme, ni par peur du changement, mais simplement parcequ’il y a des gens biens dans ma famille, des gens que je comprends de l’intérieur de la sphère privée, et finalement des gens qui m’aident aussi à aimer l’autre, puisque ce que je découvre de particulier chez les ”miens” me permets de l’imaginer chez ”l’autre”. Donc gros problème avec cette question de la famille, et que l’on ne m’oppose pas engels sur les origines de la famille et de la propriété, car les déterminations sociales sont une chose, la réalité humaine une autre.
Troisième et dernier point de ce commentaire, last but not least, la stratégie de l’action. Je soutiens personnellement toutes les actions visant à attaquer l’Etat, les patrons et leurs politiques, que cela aille de la défense active des sans-papiers, à l’occupation d’une usine, en passant par des réquisitions de marchandises dans les supermarchés. Mais, si actuellement ces actions demeurent marginales, leur extension provoquera une répression sans précédent depuis les années 40, c’est bien ce à quoi se prépare le gouvernement, c’est bien aussi pour cela qu’on use de lois antiterroristes contre des gens qui ne le sont pas. La répression actuelle vise non pas d’improbables anarcho-autonomes, mais bien la classe des travailleurs, au sens large. C’est l’action syndicale et politique non institutionnelle qui est dans la ligne de mire. Alors, demain les questions de stratégie, de non réponse aux provocations se poseront avec une acuité particulière, quand les chars de gendarmes fermeront nos rues, et que les prisons seront rempies de ”leaders”. Donc, question, comment lier l’action sans fragisiliser un mouvement, et ça c’est la question de l’organisation.
Etat, famille, organisation révolutionnaire des luttes, en somme des questions permanentes, que l’insurrection qui vient a le mérite de rappeller à nos mémoires, et à remettre en débat. De ce débat, des actions qui en découleront, seule l’unité d’action, la solidarité en mouvement, seront les réponses à nos espoirs frustrés ou déçus, entre les générations, entre les différents statutsque la société nous assigne, pour mieux nous diviser. Ecoutons un peu les anciens, recréons nos mémoires, retrouvons, et c’est bien ce que vous semblez dire, retrouvons notre humanité.
PS: Bons débats à tous, mais svp, écoutez vous au lieu de vous diviser, on n’en a pas besoin.
parce que l’humilité c’est fermer sa gueule et baisser la tête. Parler pour prendre le risque de se tromper. La famille une sorte de prison ?… pourquoi pas ?… l’insurrection ?… pourquoi faire?… pour être calife à la place du calife ?… Il y a des interstices partout (dans les villes les campagnes) on peut pas gagner par la force (soyons lucides), nous sommes minoritaires… apprendre l’invisibilité, fabriquer de nouvelles recettes de vie qui échappent aux cartes perforées de la police, du patron, de l’état… chercher autre chose .. que prendre les commandes. Une fois débarrassé de l’état (qui n’est qu’un cadre) qui nous protègera de la loi du plus fort ?… moi je sais pas. Je vois, je rencontre plein de soi disant partageux qui ne souhaitent partager que les biens des autres (pas les leurs). Il n’y a pas de fin à la lutte, il y a l’esquive, l’évitement, une forme de sincérité, un amour du dénuement. Il est frappant de voir en afrique noire (par exemple) le rapport entre dénuement et générosité. Entre dénuement et richesse des rapport sociaux (rendus nécessaires par ce dénuement. Que voulons nous ?.. plus de merdes à dix balles, les mêmes 4×4 que les vampires. La domination est inclue dans notre culture (dans le couple, les rapports parents/enfants, voire dans la camaraderie). Autant il est compliqué et pas toujours légitime de vouloir changer le monde (sous entendu les autres) autant on fait ce qu’on veut de soi même. Mais là c’est une autre histoire… n’est ce pas ?…
quand tu causes, tu ne manques pas d’humilité.
quand tu énonces des vérités indépassables, et que tu qualifies toute divergence de fuite de la réalité, ça devient difficile de se sentir considéré comme un égal dans le dialogue, a fortiori si tu n’es vraiment, mais vraiment pas d’accord.
il faudra bien discuter des positions du CI, et certains tentent de le faire depuis longtemps, mais tu n’es pas sans savoir que le CI a imposé une pureté politique minimum nécéssaire a ses interlocuteurs, peut etre temps par reflexe securitaire, que par rejet de la contradiction.
ce qui est en question aujourd’hui, c’est la propension du “parti imaginaire” a l’utilisation du phénomène de soutien qui l’entoure pour investir une nébuleuse qui lui était plutot politiquement hostile depuis l’appel.
ceci se comprend et peut se défendre,si les postulats politiques énoncés ne fonctionnaient comme des nasses inversées, tout peut en sortir mais rien ne peut y entrer. en cela, par le propos jusqu’auboutiste en fait pas trés neuf mais stylistiquement étincelant, ou se distingue aucune vélléité de dialogue, alors le CI semble chercher plus que jamais l’allégeance, ce qui lui est reproché depuis 6 ans..
“Les petites mains du CI parlent de “séparation de la vie et de la politique” mais ils sont l’exemple même de cette séparation : pour eux tout tient en formules publicitaires, en phrases chocs, en concepts dont ils méconnaissent l’usage, à une existence familiale et de bande hystériquement cloitrée dans un esprit de côterie. Il y a les initiés ( risibles, vu le niveau ) et les profanes ” qui font mine de ne pas comprendre ce qui est là”. Incapables de se confronter à la critique, ils réduisent tout aux “embrouilles parisiennes”, ce qui leur permet de fuir toute attaque bien ciblée. Là voilà la séparation ” de la vie et de la politique” ! Ils l’incarnent à un point rarement atteint dans toute l’histoire du mouvement révolutionnaire. Qu’ils commencent donc à répondre mot pour mot aux critiques, à relier la “vie” qui s’exprime “politiquement”, qui exprime le litige fondamental du politique, les antagonismes de classe, ils en sortiront renforcés. Sinon, la réalité des luttes, ne peut que les condamner à n’être que des épouvantails au service des médias ( ce qu’ils sont à présent).
Quant à la question de l’Organisation, il n’y a pas plus fétichistes que le CI. Non, ce n’est pas “parce que l’on mange ensemble, parce que l’on partage nos moyens d’exister, que la politique devient possible”, grave méconnaissance pratique de la guerre sociale en cours : c’est précisément parce que la lutte, le conflit social, la guerre sociale sont inéluctables, que la rencontre devient possible, jusqu’à faire de la rencontre elle-même un objet de la lutte. Mais les prescriptions de l’Appel et de L’insurrection qui vient sont des entraves systématiques à la rencontre car le CI pose que l’on doit d’abord se regrouper en côteries bourgeoises pour faire consister une politique. Ainsi le CI n’a pas besoin des luttes mais en a besoin tout de même, pour exister. Les luttes ne sont alors que des moyens pour lui de recruter, car la finalité du CI, c’est la constitution d’une communauté, aux dimensions de ses capacités ( inférieures à ce que produit une lutte ). Alors que ce sont la médiatisation et les milieux intellectuels qui ont surtout donné un semblant d’existence au CI, par leur ignorance crasse des pratiques réelles, le CI voudrait apparaître comme une existence auto-suffisante, auto-déterminée. Rien de plus faux : les moyens du CI, c’est le capital qui les lui fournit.
Le CI ne propose rien de neuf mais enrobe tout dans un jargon alambiqué foucaldo-négriste qui paraît neuf. La réalité c’est que le CI lui-même, ne fait que répéter les vieilles formules organisationnelles bidons informelles de la bande, de la Famille, de la petite distinction, il y est contraint par le “désert” qu’il dénonce mais qu’il croit dénoncer en l’ayant dépassé, en croyant incarner un autre possible ( alors qu’il n’est qu’un autre désert possible ). Aussi prétendre “articuler autrement des agencements qui ne se reproduisent que par la répétition formelle de modes d’organisations qui ne sont que très peu questionnés”, c’est aussi bien pour le CI avouer sa propre impuissance sur cette question fondamentale. Comme s’il suffisait d’être d’accord avec les gentils fans du CI pour voir cette question résolue, alors que ses promoteurs, n’ont jamais été en mesure de prouver, pratiquement, leur supériorité pratique, humaine, affective, sur ce point.
Depuis le début le CI, nous les gonfle avec ses envolées lyriques surfaites, son vide de pensée stratégique, son existence très visible et tapageuse. Pour une conspiration c’est plutôt raté. Aussi, le contenu du CI se réduit à : 1) La situation est grave ; 2) organisons-nous ; 3) soyons prêts pour la “vraie” guerre.
Avec de telles lapalissades on va aussi loin que le CI lui-même, c’est-à-dire, nulle part. Le dispositif d’impuissance incarné par le CI et ses pratiques, c’est la reproduction de la séparation des classes sociales, des sensibilités politiques antagonistes, du mimétisme théorique le plus débile. Il faut être un sacré con pour faire reposer sur l’expérience de la prison la rencontre entre les différentes parties de la jeunesse. Au lieu de tenir une épicerie dans une région socialement pacifiée, il eût été plus cohérent de s’installer en banlieue. On y fait de belles rencontre, les antagonismes de classes s’y expriment franchement, et la belle sensibilité bourgeoise y est systématiquement piétinée, au grand dam des subjectivités non-conformes du CI. Il ne reste plus au CI que de s’exiler dans les bas-fonds pour vérifier ses prétentions. Bonne route !”
je ne les connais pas, je n’ai que survolé le texte et personne n’est tenu de les soutenir. Tu fais ton choix. Il en reste pas moins que c’est une contribution ( à chacun sa manière). Pourquoi se tirer dans les pattes haineusement. Ca veut dire quoi “c’est ce qu’on leur reproche depuis 6 ans”, développe.
D’autre part, pourquoi bannir une approche poétique ou même naïve ou pourquoi pas humoristique ou ce que tu voudras. Il en reste pas moins que tout est à construire. La où je vis (le sud profond) les mouvements autonomes sont indigents, voire pathétique, toujours sur la défensive et râbachent les mêmes vieux poncifs. On fait avec c’est déjà ça. Ils sont pas pour otant anti-patiks. Le langage, lui m’aime est déjà un cadre et un moyen de formater la pensée(pas la fleur, l’autre). Je vois pas grand chose de constructif dans tout ça. On pourrait pas ouvrir un peu des perspective ?.. Dans ce livre du CI personne t’empêche de prendre ce que tu veux et de jeter le reste.
Lisez àa, vous gagnerez du temps:
http://laguerredelaliberte.free.fr/doc/tiqq.pdf
Et rien ne m’empêche de jeter tout le reste et de ne rien y prendre.
Un commentaire pro-capitaliste a été caché, y’a bien assez d’autres lieu ou on est obligé de lire ça…
Salut,
On aimerait bien pouvoir lire ce commentaire “pro-capitaliste” qui a été caché…Où peut-on le trouver ? Je suis sûre qu’il n’est pas si “pro-capitaliste” que tu le dis. On peut le trouver sur les autres indymedias. Mais, t’as raison, ménage tes relations…On sait jamais.
On a retrouvé ce fameux texte “pro-capitaliste”, qui remet les gosses de bourges à leur place, c’est-à-dire celle qu’ils n’ont jamais quittée, la place des exploiteurs et des porcs d’occident.
Bonne lecture.
L’insurrection qui vient, comment habiter l’état d’exception avec un KIT IKEA : éloge de la niaiserie
1) “Quand toutes les idéologies sont dépeuplées, que nous sommes dépossédés des formes majeures du social, de la vie et de la mort, qu’est-ce qui peut bien faire obstacle aux inversions sociales ?” réponse : mais le fait que nous soyons “dépossédés des formes majeures du social, de la vie et de la mort”, banane ! Pas la peine d’aller chercher le “libéralisme existentiel” !
2) ” L’insurrection qui vient tranche avec tous les livres qu’on nous a laissés lire à présent, puisqu’elle propose que vivre soit lutter.” quelle nouveauté ! Et vous attendu de lire un livre pour comprendre que “vivre” c’est “lutter” ?!! Quelle chance pour l’humanité que l’imprimerie existe, ainsi que les librairies, et les écoles pour vous apprendre à lire. Et dire qu’il y a des insurrections qui se mènent partout dans le monde, sans avoir besoin d’avoir enduré votre “calvaire”…Quel courage !
3) “Nous n’avons pas pu compter sur nos parents ni sur nos profs pour que nous soient transmises les vérités historiques, celle d’une imperceptible guerre, de ses batailles, de ses défaites et victoires.” C’est parce que vos parents sont des caves. N’importe quelle famille prolo enseigne à ses rejetons ce qu’il en coûte d’être en bas…Votre rhétorique de la sensibilité ne comblera pas votre manque d’instinct.
4) “Si le pouvoir des mots a été exceptionnellement remis à l’ordre du jour dans cette affaire, il est vital que nous fassions du vide politique présent un allié, que nous balayons enfin toutes ces plaintes moribondes concernant l’état d’exception présent.” Qui se ressemble, s’assemble : le vide politique vous est consubstantiel. Petits rastignacs de mes deux. Votre jugement est encore trop scolaire, votre rapport au réel est scolaire. Même rhétorique figée dans le maniérisme, même phraséologie : on répète un style, une façon d’agencer des énoncés, mais on ne crée rien de neuf, de puissant, d’intense. On se croirait, à vous lire, revenu à la nullité des productions pro-situs, des années 70.
5)”…toutes ces plaintes moribondes concernant l’état d’exception présent…” Bande de faux-culs. Vos comités de soutien ont véhiculé pendant toute la durée du feuilleton “touche pas à mon gosse de bourge” une plainte obscène que vous faites maintenant mine de découvrir. Et vous croyez pouvoir tromper encore beaucoup de monde comme ça, au détour d’une phrase ?!!! Cabotins !!!
6)”Car en vérité, dénoncer l’état d’exception c’est re-sortir du placard la démocratie, nous refaire le coup du civilisé et du contrat social où l’état bienveillant te protège d’un terrible état de nature. Comme si la guerre de chacun contre chacun était matée, que l’homme avait gagné sa guerre contre la nature nous libérant du royaume de la nécessité.” Qui s’est plaint d’être l’objet d’une procédure délirante, qui s’est épanché dans la presse de l’ennemi ?
7) “Nous croyons à une existence émancipée du droit et de la loi. Que la puissance sociale s’enfante dans la coexistence d’une pluralité d’ordres qui se confrontent à même le réel et non pas dans sa subordination au pouvoir. Nous voulons penser nos existences en prenant en compte la violence dont nous sommes capables. Or tant que nous demandons réparation d’un tort, quoique nous obtenions, nous ne connaîtrons jamais la liberté.” Commencez donc par prêcher ces belles paroles à vos propres amis, qui ont donné dans le panneau médiatique et politique. Cessez de séparer le politique de l’amitié…”Et cette conjuration nous placera toujours en guerre avec le droit et la loi.” Commencez donc par évitez les journaflics et le soutien des pourris de gauche, bande de nazes. Cessez de geindre dans les pages du Monde.
8) “L’insurrection qui vient et le féminisme extatique apparaît aussi dans leur commun silence. Rien à dire au pouvoir.” Oui, vous avez sans doute raison…Mais certains, tels des bêtes à concours, ne se gênent pas de disserter histoire politique avec un juge…
9) “Est viable et désirable ce qui est en dehors de l’état, ce qui naît de l’exception. L’insurrection qui vient commence à esquisser ce qu’est habiter l’état d’exception. Comment rendre viable une situation insurrectionnelle ? A l’abstraction de la société, est opposée la matérialité des communes.” Laisse béton : la dépendance au patrimoine familial c’est tout sauf vivre dans l’exception. Surtout en France, où la patrimonialisation de l’économie ( succession, héritage, capital transmis ) est la base matérielle des “communes” et de tous les petits cons de la classe moyenne “qui veulent devenir autonome”. Il faut bien que quelqu’un travaille et accumule pour que vous puissiez mener vos petites expérimentations foireuses.
10)”L’insurrection qui vient doit rompre avec les schémas historiques.” Alors, qu’est-ce que vous attendez ? La pensée stratégique de Tiqqun, quel sens affiné des réalités guerrières !!! Quelle maestria dans les choix tactiques !!!
11)”Il n’y a rien de pire que des victoires dont on ne sait que faire. ” Ouf ! Contentez-vous de vos échecs, et ne leur donnez pas trop de puissance “virale”. Quelle niaiserie ! Et tout ça pour ça ! On se croirait revenus à la sale époque du surréalisme belge. Quels niais. Quelle tristesse.