Lettre des étudiant-es de tolbiac mobilisé-es
Category: Global
Themes: Luttes étudiantes/lycéennes
Lettre des étudiants de Tolbiac mobilisés
Des miliers d’étudiants dans toute la France se sont rassemblés l’année dernière, lors du mouvement contre la LRU. Leur volonté de débattre, de s’organiser, de prendre des décisions collectives sur les sujets qui les concernent fait écho à celle des autres secteurs en lutte. La politique libérale imposée par les gouvernements de droite comme de gauche nous menace tous, et chaque défaite est une victoire pour la classe dominante.
Mais pour aboutir à ses fins, un mouvement doit se donner ses propres outils, ses propres structures (assemblées générales, commissions) les plus ouvertes possibles, et développer un discours propre. De l’investissement de chacun dans ces structures naîtront de nouvelles approches, plus à même d’aboutir à la construction d’un mouvement fort. Cela implique de remettre en cause les discours préfabriqués, repenser les moyens d’action, sortir de la logique du court terme, et déveloper nos liens avec les autres secteurs mobilisés.
Les revendications des enseignants-chercheurs ne sont pas assez larges pour inclure les aspirations des étudiant(e)s, même si les elles ne sont pas compatibles. Ceci dit, le lien entre les besoins des enseignants et des étudiant(e)s est évident, et nous pousse à lutter ensemble.
Si nous appelons à soutenir les enseignants dans leurs actions, c’est dans l’espoir de faire aboutir une lutte sociale plus large. C’est pourquoi il faut dés maintenant élaborer des moyens d’action qui pourraient faire l’unité. Une première proposition serait que les profs fassent la grève des absences en TD, qui ne perturberait pas le déroulement du semestre tout en permettant aux étudiant(e)s qui le souhaitent de s’organiser. Pour les cours magistraux, une diffusion sur internet serait le minimum pour permettre aux étudiant(e)s mobilisé(e)s de continuer à suivre leur formation.
L’université légitime la divison économique de la société par un contrôle de l’accès au savoir et à la culture. C’est avant tout un ieu de production des savoirs qui diffuse des enseignements orientés. Ces savoirs et leur diffusion dépendent directement de l’équilibre des pouvoirs au sein de l’administration, des moyens alloués en fonction des filières, et des orientations des enseignants.
La réforme en cours d’application consiste à calquer des objectifs de rentabilité sur la recherche et l’enseignement pour façonner l’université à l’image de l’entreprise. Ce processus de marchandisation du savoir se manifeste dans l’enseignement supérieur à travers la LRU, le Plan Campus, et le Plan Licence, accellérant la soumission de l’enseignement pubic aux intérêts particuliers. Le pouvoir de production et de diffusion des savoirs est dans nos mains, à nous de nous le réapproprier : ces savoirs que l’on produit ne sont pas neutres et doivent permettre la diffusion de nos analyses. Redéfinissons colectivement les liens qui unissent l’université (personnels, enseignants et étudiants) et la société dont elle fait partie. Réapproprions-nous des espaces pour nous organiser.
La société dans laquelle nous vivons impose un mode de vie qui détruit les solidarités sociales. La lutte au sein de l’université est l’occasion de nous organiser nous-mêmes, créer de nouvelles pratiques, et développer des discours critiques au sein d’espaces permettant une auto-détermination.
Qu’ils soient lycéens, étudiant(e)s, enseignants-chercheurs, salariés dans le rail ou les transports, sans-papiers, en lutte contre l’enfermement (centres de rétention, prisons…) et en lutte en soutien aux inculpés de l’antiterrorisme, nous sommes solidaires de tous ceux qui s’inscrivent dans une opposition à l’ordre établi. La manifestation du jeudi 29 janvier, qui a été suivie par entre un million et demi et deux millions de personnes le montre. La répression systématique de toutes les initiatives, individuelles et colectives, ne peut être dépassée que dans l’unité.
Il faut donc construire un mouvement capable de rassembler tous les secteurs en lutte.
Des étudiant-es de Tolbiac mobilisé-es.
samedi 14 février 2009
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