Gaza : les trotskistes distillent le poison du nationalisme
Catégorie : Global
Thèmes : Guerre
Voici une déclaration nationaliste et va-t-en-guerre de la pire espèce qui appelle à la “Résistance palestinienne”, à la “coordination” des “différents bras armés”, salue les valeurs de “sacrifices” des “enfants” et crie “Gloire aux martyres” :
“Nous saluons notre peuple, nous saluons notre peuple aguerris. Aujourd’hui le peuple palestinien écrit une page de gloire. Ses sacrifices exigent la loyauté et la responsabilité, et une réponse a la nécessité urgente de consolider la Résistance (…) La résistance palestinienne continue (…) avec la participation de toutes les organisations et bras armés. Dans ces temps de sang et de sacrifices, il n’est pas suffisant de répéter des mots, il faut des faits concrets (…) Aux enfants de notre peuple aguerri, aujourd’hui que vous écrivez les pages les plus valeureuses de résistance et de sacrifice, nous appelons à : Mener à bien la coordination, sur le terrain, au moyen d’un poste de commandement unique entre les différents bras armés sans exception, (…). Salut à notre peuple aguerris ! Gloire aux martyrs ! Victoire à la résistance !”
Qui peut-il bien publier un tel appel à la haine ? Le Hamas ? Une association pro-palestinienne ? Non ! La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) (1) relookée depuis peu en NPA (Nouveau parti anticapitaliste) !
“Comment les trotskistes soutiennent des assassins et justifient les guerres”
Naturellement, les hécatombes d’hommes, de femmes et d’enfants innocents sont purement insupportables. Et il est indéniable que la bourgeoisie israélienne a les mains couvertes de sang. Mais il ne faut pas s’y tromper, derrière les protestations des officines trotskistes contre les massacres à Gaza se cache en réalité la même idéologie nationaliste que celle de l’Etat israélien, cette idéologie qui partout engendre et justifie les guerres. En effet, pour Lutte ouvrière (LO) par exemple, “on ne peut pas renvoyer dos à dos les Palestiniens et le gouvernement israélien. On ne peut pas tirer un trait d’égalité entre un peuple opprimé, privé d’existence nationale depuis des dizaines d’années, et ses oppresseurs, qui imposent un blocus criminel, insupportable, à toute une population enfermée dans la bande de Gaza. Le gouvernement israélien dit répondre aux menaces du Hamas. Mais outre le fait que ce n’est pas le Hamas qui a rompu la trêve, outre le fait que ses armes sont infiniment moins destructrices que celles de l’armée israélienne, la guerre se fait ici plus contre les civils que contre cette organisation (…) La guerre, elle se mène contre le peuple palestinien plus que contre une organisation, nationaliste et religieuse, dont il n’a rien de bon à attendre. Elle se mène pour le briser, pour l’empêcher d’avoir un pays au lieu d’une prison. C’est pour cela que, quels que soient les dirigeants qu’ils se sont choisis pour le moment – et encore dans quelle mesure ? – il faut soutenir le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes (2)”. Tout est là ! Par un tour de passe-passe terminologique, la guerre ne se déroule plus entre deux nations capitalistes qui utilisent leur population comme chair à canon, mais entre “le gouvernement israélien” et “le peuple palestinien”. Certes LO avoue que “le peuple palestinien” “n’a rien de bon à attendre” du Hamas, mais elle souligne surtout que “ce n’est pas le Hamas qui a rompu la trêve” et que “ses armes sont infiniment moins destructrices que celles de l’armée israélienne”. Et que signifient concrètement ces derniers mots “quels que soient les dirigeants qu’ils se sont choisis pour le moment, (…) il faut soutenir le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes” si ce n’est le “droit” pour les ouvriers vivant en Palestine d’être exploités et terrorisés par des oppresseurs locaux, tels que ces chiens sanglants du Hamas ?
Lors de chaque conflit, LO et la LCR distinguent deux camps, celui des nations impérialistes et celui des nations victimes et opprimées. C’est au nom de cette théorie que dans les guerres qui ensanglantent la planète depuis plus d’un demi-siècle, ces organisations ont successivement pris parti pour l’Indochine, l’Algérie, le Vietnam, l’Irak, la Serbie, la Tchétchénie, le Liban (et son Hezbollah) et aujourd’hui la Palestine (3) ! Peu importe aux yeux de ces va-t-en-guerre trotskistes si la bourgeoisie palestinienne via le Hamas, et autres chapelles nationalistes comme le Fatah, prend en otage la population pour en faire des boucliers humains. Au nom de la “libération nationale”, le petit gangster a toujours raison face au gros ! Aujourd’hui, du fait que l’Etat d’Israël se comporte comme une brute sanguinaire, parquant militairement les populations palestiniennes dans un véritable camp de la mort pour les bombarder, tout cela autoriserait, selon ces gauchistes, à soutenir la bourgeoisie palestinienne dans ses velléités guerrières et à bénir ses roquettes ! LO et la LCR n’ont d’ailleurs pas hésité à participer aux manifestations pro-palestinienne de fin décembre et début janvier (4) et à reprendre en chœur le slogan nationaliste et belliqueux : “Palestine vivra ! Palestine vaincra !” (5).
“Les prolétaires n’ont pas de patrie, aucun camp impérialiste à choisir !”
Contrairement à cette idéologie trotskiste qui ne peut s’empêcher de lier un prolétaire à un territoire, nous devons dénoncer toute idée de soutien à une nation. Petits ou grands, quel que soit leur degré d’armement, tous les Etats sont impérialistes. Toute l’histoire nous montre que les petites nations sont autant capables que les grandes puissances, non seulement d’exploiter sauvagement et brutalement les prolétaires, mais aussi de les envoyer se faire massacrer sur les fronts pour en faire de “glorieux martyrs”. Les prolétaires de Palestine ou d’Israël n’ont rien à gagner dans cette boucherie, dans la confrontation entre gangsters bourgeois. C’est dans la lutte avec leurs frères de classe dans le monde qu’ils pourront mettre fin à la barbarie. “Cette folie, cet enfer sanglant cesseront du jour où les ouvriers (…) se tendront une main fraternelle, couvrant à la fois le chœur bestial des fauteurs de guerre impérialistes et le rauque hurlement des hyènes capitalistes en poussant le vieil et puissant cri de guerre du travail : prolétaires de tous les pays, unissez-vous !” (R. Luxemburg, Brochure de Junius). A bas la guerre ! A bas le capitalisme !
WH – Courant Communiste International
1) Déclaration publiée sans le moindre commentaire par la LCR sous le titre “Déclaration des forces politiques de la gauche palestinienne” le 1er janvier.
2) LO no 2111 du 16 janvier 2009.
3) LO va même jusqu’à soutenir le droit, pour des nations jugées “opprimées” comme l’Iran ou la Corée du Nord face aux Etats Unis, de posséder la bombe atomique ! Lire notre article et l’article de LO “Contre les essais nucléaires français… et contre le pacifisme !” de Lutte de classe no 15, septembre-octobre 1995.
4) Pour ceux qui n’ont pu assister à ce sinistre spectacle, une vidéo de la manifestation du 3 janvier à Paris est disponible sur le site de la LCR.
5) Le NPA a d’ailleurs fait officiellement sien ce slogan en en faisant même un intertitre de l’un de ses tracts lors de la manifestation du 29 janvier. Bref, au NPA, rien de nouveau !
Le cci n’aime pas beaucoup les troskistes et ça depuis longtemps , tant pis pour eux.Mais lorsqu’il s’agit de positionnement idéologique qui aboutit à mettre de coté le massacre de Gaza ,et sur le meme plan les protagnistes ça devient plus dérangeant.Le cci n’aime pas les palestiniens? et bien les palestiniens eux s’en foutent car ils n’ont jamais compté sur l’aide de bourgeois pseudo révolutionnaire pour résister.D’ailleurs le cci c’est quoi au fait? rien du tout …
J’aime la prose du CCI qui nous pousse à la réflexion et à l’exercice de la dialectique.
J’en partage souvent le fond, par exemple: “les prolétaires n’ont pas de patrie” et son corollaire, le fric non plus.
Pour autant, le principe de réalité s’impose à nous et nous commande de prendre position par rapport au faits actuels.
Les palestiniens sont expropriés depuis plus de cinquante ans, parqués, muselés, contraint à la misère, poussés au désespoir et à s’en remettre à la résistance violente. Quel autre choix?
Qu’on soit prolétaires palestiniens, ou israéliens, quand les balles sifflent, que tu te fait bastonner, emprisonner, le manuel et la propagande ne suffisent plus.
La résistance n’est pas un choix politique, c’est une nécessité impérieuse, immédiate.
Il ne s’agit pas de cautionner, ni le Fatah, ni le Hamas, ni moins encore le sionisme-impérialiste, mais de soutenir la lutte physique d’une communauté pour ses droits à l’existence sur un territoire.
Tout comme le CCI, je réclame la paix et la fin du capitalisme, mais derrière l’écran de mon ordinateur, qui lui ne risque pas de me péter à la figure.
Nos sœurs et nos frères en Palestine n’ont pas cette chance, ils se battent!
Solidarité avec les résistants palestiniens, avec les contestataires israéliens!
Visitez ce lien:
http://www.tlaxcala.es/campagnes.asp?lg=fr
Et celui-là:
http://ablogm.org/soupires
Bien fraternellement.
Stéphane
Je voudrais poser une question au commentateur du dessus :
est-ce les membres du gouvernement et les généraux israéliens qui doivent être traduits devant le tribunal ou tout l’état israélien ?
On pourrait se le demander à la lecture du post d’autant plus que le dessin, dans le lien de son blog, montre bien le drapeau israélien. Rien d’étonnant quand on voit la pétition dans tlaxcala, site qui aime publier I. Shamir, S. Cattori et autres antisionistes tendance antisémites.
La défense du peuple palestinien ne devrait pas permettre une quelconque alliance avec les extrémistes fascistes.
Cher Passant,
Pour moi, et pour nous, il n’y-a aucune ambiguïté, il s’agit bien de condamner la politique d’un état, un gouvernement, des responsables militaires.
Il n’est pas question de remettre en cause l’existence et la légitimité d’Israël.
Je n’ignore pas que nombreux sont les antisémites et les islamistes à surfer sur notre protestation, mais nous ne pouvons pas, sous ce prétexte, rester muet. Par contre, il faut être très précis et je te remercie de me donner l’occasion de préciser ce point crucial.
Dans ce combat pour la justice internationale, et l’existence d’un état palestinien viable, nous devons affronter trois adversaires, les antisémites, les islamistes, et l’état israélien lui-même qui depuis des dizaines d’années entretient cette guerre coloniale et voudrait passer pour une victime.
Vive la Palestine!
Vive Israël!
Vive la résistance!
Vive la paix!
Bien fraternellement.
Stéphane