C’est aujourd’hui que l’ANPE et l’Assedic sont devenues, conformément au souhait de Nicolas Sarkozy, le «Pôle Emploi». Une inauguration discrète car marquée par une grève, hélas peu suivie malgré des tensions palpables et qui devrait se poursuivre jeudi, dans un contexte d’engorgement administratif tout à fait préoccupant.

En effet, depuis octobre, des dizaines de milliers de dossiers de primo-demandeurs sont en attente. Début décembre, la direction de l’Unedic a reconnu que 95.000 d’entre eux restaient en souffrance au niveau national. Ce à quoi l’embauche hâtive de 200 CDD, le recours aux heures sup’ (sur la base du volontariat…) et la fermeture au public des antennes Assedic (tant pis pour l’accueil qui est déjà déficient…) devaient répondre.

Alors que 64.000 chômeurs de plus se sont inscrits en novembre et que les chiffres des mois à venir devraient être tout aussi dramatiques, les salariés du Pôle Emploi se voient transformés en marins d’un navire qui prend l’eau de toutes parts, chargés d’écoper péniblement leur embarcation avec des écuelles, tandis que le gouvernement garde le silence sur les progrès effectués.

Tous les chômeurs sont touchés

Or — et c’est un signe —, sur nos forums, de plus en plus d’intervenants se plaignent de ne pas recevoir leur allocation en temps et en heure, ou d’erreurs dans le traitement de leur dossier. Notamment ceux qui, exerçant une «activité réduite», peuvent cumuler un maigre salaire avec leur allocation et, l’angoisse au ventre, ont enfin perçu leur aumône avec un mois de retard. Ou bien des chômeurs en fin de droits éligibles à l’ASS et qui détectent des erreurs de calcul manifestes. Ou d’autres, plus «chanceux», qui flairent l’indu.

Visiblement, les primo-demandeurs ne sont pas les seuls à faire les frais de cette panique générale : les publics déjà connus et dont les dossiers doivent subir un examen particulier sont jugés «non prioritaires», tandis que les changements de situation induisent des erreurs. Seuls ceux dont la situation est stable sont épargnés.

Et ce n’est qu’un début !

Outre la saturation, le recours massif aux CDD est, bien évidemment, source de problèmes. Ces personnes, aussi consciencieuses soient-elles, ont-elles suffisamment été formées ? Sont-elles capables, en si peu de temps, de traiter avec précision des dossiers plus ou moins complexes ? Certes non. Calculer le montant des allocations en ayant une connaissance exacte des mécanismes de l’indemnisation ne s’improvise pas. C’est d’ailleurs ce qui est reproché à cette fusion puisque, dans des délais record, deux métiers totalement différents n’en feront plus qu’un : les agents de l’Assedic bénéficieront d’une formation-commando de 7 jours pour découvrir les joies de l’orientation et du placement, tandis que les conseillers ANPE n’auront que… 3 jours pour se former aux subtilités de l’indemnisation !

Les litiges vont donc s’accumuler. Le chômeur, inquiet voire lésé, devra se démerder avec le 3949 ou le nouveau site internet, autant de barrières technologiques qui creuseront le fossé entre sa détresse et un service public déshumanisé. S’il n’a pas les moyens de trouver par un autre biais les réponses à ses questions, il devra subir une attente anxiogène. Dans ce contexte de crise la situation risque, rapidement, de s’avérer explosive.

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