NOUVELLES DE L’INSTRUCTION ANTI-TERRORISTE – JUIN 2008
IVAN, BRUNO ET FARID LIBERES SOUS CONTROLE JUDICIAIRE
ISA ET JUAN EN PRISON.

Depuis janvier 2008, une affaire concernant (pour l’instant) six personnes est ouverte sous juridiction anti-terroriste.
Ivan, Bruno et Damien ont été interpellés le 19 janvier en se rendant à la manifestation devant le (feu…) centre de rétention de Vincennes avec un fumigène à base de chlorate de soude.
Quatre jours plus tard, Isa et Farid sont arrêtés par les douanes à Vierzon en possession de chlorate de soude, de plans de la prison pour mineurs de Porcheville et de manuels de sabotages. L’ADN d’Isa, prélevé pendant cette garde-à-vue correspondrait avec celui retrouvé sur des engins incendiaires sous une voiture de police en mai 2007 à Paris.
Courant avril, les deux affaires sont jointes dans une même instruction anti-terroriste.
Le 20 juin, le frère d’Isa, Juan, est arrêté à son tour et directement incarcéré à la prison de Fresnes, au motif que son ADN aurait également été identifié dans l’affaire de mai 2007.
Aujourd’hui, Isa et Juan sont incarcérés. Les quatre autres sont sous contrôle judiciaire.
Tous sont mis en examen pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », soit, comme le disent les flics, pour appartenance à la « mouvance anarcho-autonome francilienne. ».

Suite aux arrestations de janvier, quatre personnes ont été incarcérées. Ivan, Bruno et Farid sont sortis de prison en juin après quatre mois de préventive contre l’avis du juge d’instruction anti-terroriste, après un recours auprès de la chambre de l’instruction concernant le renouvellement de mandat de dépôt. Tous trois sont sous contrôle judiciaire strict. Eloignement pour certains de la ville où ils vivent, obligation d’informer la police des déplacements en dehors du département de résidence, pointage au commissariat ou à la gendarmerie toutes les semaines, obligation de chercher du travail, de se rendre au SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation, ce sont des flics de la réinsertion). Ce ne sont que des exemples d’injonctions qui s’ajoutent à la pression constante de la surveillance policière. Le contrôle judiciaire est une des mesures utilisée par la justice pour maintenir sous son contrôle la personne « mise en liberté » ; telle une forme d’enfermement où la prison reste suspendue au dessus des têtes pour tout écart au contrôle judiciaire. Du pointage à la police à l’injonction de réinsertion, les personnes sous contrôle judiciaire sont tenues sous pression et à disposition de la justice. Dans cette affaire, l’instruction est toujours en cours, c’est-à-dire que l’enquête continue et qu’aucune date de procès n’a encore été fixée.

En outre, Juan vient d’être incarcéré à la prison de Fresnes et cela fait cinq mois qu’Isa est en prison. Elle est en détention préventive avec un mandat de dépôt criminel et un statut de DPS (Détenu particulièrement surveillé). D’abord incarcérée à la maison d’arrêt pour femmes de Fleury-Mérogis, elle a été transférée en mars à la prison de Lille-Sequedin, prison « moderne » où la détention est particulièrement disciplinaire. Aujourd’hui, elle se bat pour pouvoir être en région parisienne, pour faciliter les visites de ses proches ainsi que pouvoir mieux préparer sa défense. En effet, les extractions pour les auditions sont souvent pénibles pour les détenus, plus encore lorsqu’il faut partir aux aurores et faire plusieurs heures de routes, ballotté dans un fourgon cellulaire avant d’être entendu par le juge. Les transferts d’une prison à l’autre sont justifiés par l’Administration pénitentiaire pour des raisons d’ordre et de sécurité, en réalité ce sont des sanctions disciplinaires qui ont pour objectif de casser les prisonniers. Généralement, les détenus perdent une partie de leurs affaires personnelles, sont éloignés de leurs proches et de leurs avocats et le transfert dans une autre prison rompt aussi les amitiés et les solidarités qui ont pu se tisser entre détenus.

Dans ces affaires, Police et Justice désignent une organisation terroriste, appelée « mouvance anarcho-autonome francilienne » qui se rassemblerait derrière le mot d’ordre de la « haine de l’Etat bourgeois et de ses appareils » et se manifesterait principalement dans la lutte contre les prisons et les centres de rétention. Un cadre judiciaire se construit ainsi pour faire d’une personne qui participe à des luttes anti-carcérales, contre le capitalisme et son monde, un membre potentiel de cette organisation terroriste, et donc la possibilité d’être mis en examen pour association de malfaiteurs. L’Etat écrase toutes celles et ceux qui se révoltent contre ce système fondé sur l’exploitation, la coercition, la domination. Il faut punir, à coup d’amendes, de sursis, et de prison, celles et ceux qui sortent des cadres étroits de la contestation institutionnelle, et celles et ceux qui s’opposent, se révoltent contre les conditions de vie et de survie qui sont imposés.
«Nous ne nous considérons pas comme des « victimes de la répression ». Il n’y a pas de juste répression, de juste enfermement. Il y a la répression et sa fonction de gestion, son rôle de maintien de l’ordre des choses : le pouvoir des possédants face aux dépossédés » (Extrait de la lettre d’Ivan et Bruno depuis Fresnes et Villepinte, avril 2008).

A bas tous les enfermements. Solidarité avec tous les prisonniers. Liberté pour Isa, Juan et tous les autres.