Appel du 10 mai
Catégorie : Local
Thèmes : Resistances
Lieux : Nantes
APPEL DU 10 MAI
1848, l’abolition de l’esclavage n’a pas aboli la servitude
1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, légitimant le salariat,
perpétue le commerce d’êtres humains
L’ECRIT DES PEUPLES CONTRE LA SERVITUDE
pour une authentique Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
10 mai 2008,, de Nantes, ville d’avant-garde dans la reconnaissance de son passé négrier, Libérons La Monnaie lance un appel, via internet, afin que l’humanité se libère de la servitude monétaire et salariale. L’esclavage aboli, l’extension du salariat n’a fait que moderniser la servitude en l’adaptant au progrès technique. L’objectif restant le profit monétaire. La société salariale organisant la vente d’êtres humains en échange d’argent (le salaire) traite l’individu comme une marchandise. Qu’on soit vendu ou qu’on se vende, il y a toujours achat d’une force humaine de travail.
Partant d’un Préambule fondateur traduit en plusieurs langues, cet appel est une invitation à l’écriture d’une authentique Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Pendant un an, chacun, sur tous les continents, pourra y contribuer.
10 mai 2009, l’Ecrit des peuples devenu Déclaration Universelle, sera rendu publique à Nantes.
Préambule pour une authentique Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
1-Considérant que la force de travail, physique et intellectuelle, de l’individu est la composante essentielle de la nature humaine. Considérant que cette force de travail fait partie intégrante de la personnalité. Chacun doit en être le seul dépositaire et propriétaire. Toute personne ayant droit au libre choix de son travail, chacun disposera librement de sa force de travail, dans le respect d’autrui.
Nul ne peut l’acheter, ou s’en emparer par la ruse, par la force ou tout autre moyen contraire au libre arbitre de chacun. Nul ne peut l’en déposséder contre son gré pour en tirer profit
2-Considérant que toute avancée nouvelle, scientifique ou technologique, n’est qu’un fruit, qu’une partie infime, à un moment donné, du patrimoine culturel accumulé par les hommes depuis l’aube de l’humanité.
Considérant que le Savoir a cette particularité de pouvoir appartenir à un nombre illimité d’êtres humains, sans en déposséder aucun. Nul ne peut se prévaloir d’un savoir, s’en accaparer, et en limiter l’accès en subordonnant autrui. Considérant que la privatisation des grands moyens de production, d’échange et de communication crée les conditions qui ne laissent pour solution, au plus grand nombre, que le recours à la servitude dans le salariat. Nul n’a le droit de privatiser ces moyens pour en tirer profit par l’achat de la force de travail d’un être humain.
Considérant que les grands moyens de production, d’échange et de communication font partie intégrante de ce patrimoine. Chacun, de la naissance à la mort, a le droit, en tant qu’héritier de ce patrimoine, à un revenu d’existence. Le temps de travail relevant de l’intérêt général est décidé démocratiquement.
3-Considérant que toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale, chacun est fondé à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité. Considérant que la monnaie est constitutive d’un pouvoir d’acheter des biens et des services qui garantissent les droits fondamentaux de la personne humaine. Considérant que ce pouvoir d’achat est subordonné au pouvoir de création monétaire. Le pouvoir de création monétaire releve de la volonté des peuples, unique fondement de l’autorité des pouvoirs publics.
Ceux qui détiennent le pouvoir de création monétaire, expression de la volonté commune, ne profiteront pas de leur fonction pour en tirer des intérêts privés, quels qu’ils soient. Nul n’a donc le droit de contraindre autrui à vendre sa force de travail au nom d’intérêts sur la monnaie, intérêts contraires à l’intérêt général.
4-Considérant que les intérêts sur la monnaie, conjugués au salariat, constituent un système qui organise le commerce des êtres humains, mis en situation de vulnérabilité, en vue de tirer profit de leur force de travail. Considérant que le système de création monétaire avec intérêts, associé au salariat, constitue l’obstacle majeur à la satisfaction des besoins garantissant les droits fondamentaux du plus grand nombre. Les intérêts sur la monnaie et le salariat sont abolis.
Après l’esclavage et le servage, l’abolition du salariat annonce la fin de l’Ancien Régime. Le commerce des êtres humains, définitivement aboli, inaugure l’avènement de la démocratie économique respectueuse d’un écosystème dont tous les hommes sont tributaires. La démocratie économique ainsi fondée ouvre la voie à la démocratie en politique.
Libérons La Monnaie [groupe de Nantes et du Pellerin]
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vidal.mothes@wandoo.fr Alain Vidal 5, avenue Louis Vasseur 44000 Nantes Liberonslamonnaie.blogspot.com
Je vous invite à lire cet excellent texte :
Droits de l’homme ou droits humains ?
Les mots sont importants !
Par Christine Delphy, Février 2007
Dans ce texte, Christine Delphy critique « l’exception française » qui nous fait parler de « droits de l’homme » plutôt que « droits humains ». Elle souligne les implications sexistes de la première formule, et le « franco-centrisme » que révèle sa non remise en question.
Extrait :
Mais pourquoi, dira-t-on, pourquoi d’abord la France a-t-elle refusé de traduire correctement « Human Rights » ? N’est-ce pas justement pour « la connotation de genre », en clair pour garder les droits humains pour les hommes ? Les défenseurs de l’expression disent que, là , « l’homme » inclut les femmes. Et pourquoi là et pas ailleurs ? Et comment sait-on quand les femmes sont incluses et quand elles ne le sont pas ? On ne le sait pas : certains prétendent que c’est quand le « h » de « homme » est écrit en majuscules : « Homme ». Les dictionnaires n’ont jamais entendu parler de cette distinction, qui, si elle existait, ne s’entendrait de toutes façons pas à l’oral. Et un sondage de 1998 montre que pour la population ordinaire les « droits de l’homme » sont les droits des hommes. Par opposition aux femmes.
Ce qui conduit à une autre dérive différencialiste : on entend parler depuis trois décennies des droits… des femmes. C’est quoi, en droit international ? Tout simplement l’application des droits humains aux femmes (il n’y a pas dix mille droits fondamentaux, sinon ils ne seraient pas fondamentaux). Mais en français franchouillard ça donnerait : « l’application des droits de l’homme aux femmes », ce qui sonne bizarre, et ne se fait pas. Insister pour conserver le vocable archaïque « droits de l’homme » oblige donc aujourd’hui à le compléter par le vocable « droits des femmes » ; cette coexistence renforce l’idée que si les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes droits, ce n’est pas l’effet de l’oppression et justement du déni de droits, mais parce qu’il s’agit de deux populations si différentes qu’elles n’ont pas besoin des mêmes droits.
Un autre mobile de cette désinformation est le refus de perdre la position en flèche qu’a eue la France… il y a plus de trois siècles. En effet, dans les querelles incessantes que les féministes ont avec la Ligue des Droits de l’homme, leur demandant de se renommer « Ligue des droits humain », sinon pour l’amour des femmes, au moins pour les rapports avec leurs organisations sœurs d’autres pays, la LDH nous a toujours répondu la même chose. Elle veut garder la référence à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et à la révolution française : elle préfère la dimension temporelle qui la relie au passé à la dimension spatiale qui la relie au reste du monde. Un choix révélateur, à la fois cause et effet du rapport paradoxal que ce pays entretient avec l’universel (et qu’on examinera une autre fois).
La position de la LDH n’est en effet qu’un exemple parmi d’autres d’une caractéristique française plus générale : l’envie de rester chez soi, de fermer sa porte au monde extérieur peuplé d’étrangers peut-être hostiles et en tous les cas pas comme nous, et, tous rideaux tirés, d’allumer des bougies devant ses vieilles photos de star sur le déclin ; « moi en République », « moi en Maréchal Bugeaud », « moi quand j’étais le Pays des Droits de l’Homme », « moi à Londres… à droite c’est De Gaulle… ».
Lire le texte entier sur le site « Les mots sont importants » :