Budget de l’université de nice : -76% sur le budget de lettres et sciences humaines (03 déc.)
Catégorie : Global
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennes
Lieux : Bordeaux
Bonjour à tous,
Pour information : je suis enseignant-chercheur en fac de lettres et sciences humaines.
Vendredi dernier (23 novembre) on nous a annoncé le budget (dotation 2008), – 76% pour notre département , toute l’UFR est touchée… Nous avons contacté d’autres fac de lettres le constat est le même voir même pire.
Les médias sont complètement muets, aucune information n’est relayée – mis à part pour dénoncer des agitateurs d’extrême-gauche dans les facs (je n’en ai vu aucun à Nice…).
La situation est dramatique.
Nous avons eu une réunion de crise enseignants et étudiants hier (vendredi 30 novembre) mais pour le moment nous n’avons débouché sur aucune action concrète seul mot d’ordre : informer.
Ce qui se passe actuellement est très grave et complètement passé sous silence.
Merci donc de faire circuler cette info.
Bien cordialement,
Nathalie GAUTHARD
Maître de Conférences en Ethnoscénologie Université de Nice Sophia Antipolis
Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines
98 bd E. Herriot BP 3209 – 06204 Nice Cedex 3
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Cher Collègue,
Excusez-moi si je vous réponds un peu tardivement mais il y a actuellement beaucoup d’agitation dans mon université.
Je confirme, malheureusement, l’authenticité de ce courrier et j’en suis bien la signataire. L’université de Nice ne fait qu’exécuter les ordres ministériels (baisse d’effectifs = baisse de budget sans tenir compte de la spécificité des enseignements). D’autres universités sont également touchés : Lyon II, Dijon,…
Les restrictions budgétaires sont là, malgré le discours convenu de nos dirigeants que les médias se chargent de répercuter. Dans notre UFR, le choix s’est posé de la façon suivante : soit les enseignements allaient être réduits (réduction des « heures complémentaires », c’est-à-dire celles qui sont assurées par des chargés de cours non titulaires ou par des titulaires en plus de leur service), soit les restrictions allaient concerner les crédits de fonctionnement des sections et des départements. C’est la seconde solution qui a été choisie, afin de préserver la pédagogie.
Néanmoins, notre fonctionnement est singulièrement affecté : en musique, les crédits annuels passent de 1900 € à 1200 €. Les sections Danse et Théâtre sont également affectées dans les mêmes proportions. Pour ce qui est du département des Arts, les crédits passent de 6600 à 1500 euros !!!! Ces crédits nous permettent (en principe, car ils sont déjà assez peu élevées) tout d’abord de parer aux dépenses dites « contraintes » (papier, cartouches, téléphone, reprographie, accordage des pianos) mais aussi à des dépenses (très modestes) pédagogiques et techniques (achat de manuels et usuels, logiciels, casques, prises multiples, etc.).
En 2008, avec 1200 €, la section Musique ne couvre même plus ses dépenses contraintes. Donc, plus rien pour la pédagogie, pour l’entretien technique du parc de matériel, etc.
Ma démarche n’est pas de faire pression sur les responsables de l’UFR qui, en l’occurrence, semblent gérer la pénurie générale. Mais simplement d’informer que nous sommes entrés dans une grave période de crise et de pénurie.
Un petit tour de France des sections et départements de musicologie et Arts du Spectacle fait apparaître des problèmes très sérieux à Lyon 2 , à Bordeaux 3, à Nanterre (nous n’avons pas les autres réponses pour l’instant). D’autre part, au-delà de la musique et des Arts, ce sont toutes les disciplines qui sont touchées.
Nous n’acceptons pas, en tant qu’enseignants et responsables pédagogiques, que nos filières, sans doute peu rentables, soient ainsi sacrifiées.
Je vous fais parvenir un document interne. Nous avons aujourd’hui une réunion avec la doyenne pour voir comment sortir de cette crise.
Je suis à votre disposition pour tous renseignements complémentaires,
Bien cordialement,
Nathalie GAUTHARD
Maître de Conférences en Ethnoscénologie – (Département Arts du Spectacle)
Université de Nice Sophia Antipolis
Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines
98 bd E. Herriot
BP 3209 – 06204 Nice Cedex 3
Chacun peut défendre son bout de pain, en même temps, moi l’ethnoscénologie je savais pas ce que c’était, du coup j’ai cherché :
Définition exploratoire:
L’ethnoscénologie étudie les pratiques performatives des divers groupes et communautés culturels du monde entier avec le souci premier de tempérer sinon de maîtriser toute forme d’ethnocentrisme. L’ethnoscénologie associe les disciplines scientifiques vouées à l’exploration et à l’analyse du comportement humain – sciences humaines et neurosciences -, les sciences de l’art, le savoir et le point de vue des praticiens et des publics. En s’attachant à rendre compte de l’interaction des universaux propres à l’espèce et des particularismes sous-tendus par la capacité d’invention qui la caractérise, l’ethnoscénologie participe à la construction progressive d’une scénologie générale qui ne se limiterait pas à l’analyse des spectacles mais travaillerait la question: « pourquoi et comment l’Homme pense-t-il avec son corps »?
Ah, d’accord, c’est ça. Me voilà bien renseigné.
Du coup tout cela me fait un peu réflechir. Je me dis que dans un pays déjà gravement endetté par des décennies, tous gouvernements confondus, de laisser-aller budgétaire, jusqu’à financer des dizaines ou des centaines de disciplines ayant j’imagine un nombre très restreint d’intéressés en France, il y a maintenant besoin d’une grosse reprise en main. -76% c’est beaucoup, mais c’est sans doute à la mesure de ce laisser-aller ayant conduit à financer des thèses aussi obsures que « la dimension somatique et somatopsychique de la pratique spectaculaire », « l’approche (ethno)linguistique du champ lexical des pratiques performatives, et du champ sémantique du spectaculaire » ou « les matériaux adjuvants: maquillages; ornements; accessoires ». (Sources: Université PARIS 8)
On a le droit d’être passionné par ces questions, mais on ne peut éternellement prétendre à se voir financer cette passion par la solidarité nationale, nos impots. Désolé je préfère un autre usage de mes 40% d’impots, par exemple pour construire des crêches, mieux payer les infirmières, investir dans les énergies renouvelables, augmentez les petites retraites, donner de plus gros moyens aux éducateurs dans les cités etc.
J’en ai marre de cette posture de victime prise par tout le monde, comme si les gens ignoraient qu’on ne pourrait vivre éternellement en laissant déraper tous les budgets.
Sur ce, bonne journée à tous ! :)
Lionel
« On a le droit d’être passionné par ces questions, mais on ne peut éternellement prétendre à se voir financer cette passion par la solidarité nationale, nos impots. Désolé je préfère un autre usage de mes 40% d’impots, par exemple pour construire des crêches, mieux payer les infirmières, investir dans les énergies renouvelables, augmentez les petites retraites, donner de plus gros moyens aux éducateurs dans les cités etc.
J’en ai marre de cette posture de victime prise par tout le monde, comme si les gens ignoraient qu’on ne pourrait vivre éternellement en laissant déraper tous les budgets.
Sur ce, bonne journée à tous ! :)
Lionel »
Cher Lionel,
Marre de cet anti-intellectualisme !
Si comme notre président tu fixes les limites de l’acceptable à ce que tu te crois être en mesure de comprendre… Je voudrais te demander comment jugerais tu les termes des recherches concernant la « magnétorésistance géante », débouchant sur la spintronique ?
Il s’agit pourtant de recherches ayant débouchées sur un prix Nobel de Physique cette année.. d’après ce Nobel, Albert Fert, sans financement public, cette recherche n’aurait jamais abouti, le projet n’étant pas « porteur » à l’époque, pas à la mode…
Je t’invite à lire l’article du Monde correspondant : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-970565,0.html
Cordialement,
Sabine
Cher Lionel,
La baisse de crédit concerne l’UFR Lettres Arts et Sciences Humaines, et
particulièrement le département Arts. Ma modeste contribution, en tant
qu’enseignant chercheur n’a rien à voir avec ma discipline mais vise la qualité
de formation de nos 350 étudiants en Théâtre, musique et danse. C’est pour eux
que j’ai lancé ce message.
C’est un appel à la solidarité avec mes étudiants et avec l’enseignement des
Lettres Arts et Sciences Humaines à l’université. Je vous invite à consulter les
formations dispensées dans ce domaine à l’université de Nice, vous verrez que je
parle au nom de plus d’un millier de personnes.
Bien cordialement,
N. GAUTHARD