Depuis mardi, Israël enchaîne les attaques sur le Liban, frappant non seulement des membres du Hezbollah mais aussi des milliers de civils. Après avoir orchestré une explosion de bipeurs puis de talkie-walkie censés appartenir à des membres du Hezbollah les 17 et 18 septembre, Israël a frappé la banlieue sud de Beyrouth le 20, le sud du Liban dans la nuit du 22, et des villages au sud et à l’est du pays ce matin, faisant au moins 70 morts et plusieurs milliers de blessés. En réponse, des roquettes ont été tirées sur Israël, visant notamment la ville de Haïfa, faisant des dizaines de blessés et provoquant des incendies. Ces attaques sont les plus violentes depuis que le Hezbollah et Israël ont commencé à échanger des tirs transfrontaliers au lendemain du 7 octobre.

Si les explosions de bipeurs et de talkie-walkie qui ont eu lieu dans des appartements, des hôpitaux, des supermarchés, et autres lieux publics avaient été le fait du Hezbollah, du Hamas, ou de n’importe quelle organisation ennemie de l’impérialisme occidental, nul doute qu’elles auraient été dénoncées avec la plus grande vigueur et qualifiées d’actes terroristes. Le fait que bon nombre de médias occidentaux aient au contraire salué la performance technologique témoigne du fait que la catégorie de terrorisme est aujourd’hui vidée de son sens, et ne sert plus qu’à distinguer de manière infantile les “gentils” des “méchants”. Il est pourtant certain que cette attaque, en visant de manière aussi indiscriminée les populations civiles en violation du droit international et en transformant des objets du quotidien en arme de guerre, contribuera à plonger la population libanaise dans un état de terreur psychologique.

Les Etats-Unis et la France appellent à la “retenue” pour empêcher une guerre régionale. Macron dit se tenir “aux côtés” des Libanais·es. Mais disons le clairement : soutenu et protégé par l’Occident, Israël est un danger pour toutes les populations de la région. Ce sont l’impunité continue dont il jouit, son armement par les Etats-Unis et de nombreux pays européens dont la France, et le soutien diplomatique sans faille de l’Occident qui ont conduit à cet embrasement régional. Nous devons dénoncer la mascarade sans fin qui consiste à appeler publiquement à la “retenue” tout en continuant de financer les bombardements de populations arabes civiles, que ce soit à Gaza ou au Liban.

Dans son discours prononcé au lendemain des explosions de bipeurs et de talkie-walkie, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, promet une riposte libanaise et une solidarité continue avec le Hamas et Gaza jusqu’à ce que la guerre génocidaire prenne fin. Dans notre propre communiqué d’avril dernier, rédigé suite aux tensions entre Israël et l’Iran, nous mettions en garde contre le risque que les menées génocidaires d’Israël à Gaza ne débouchent sur une guerre généralisée. Les agressions quotidiennes en Cisjordanie, où plus de 10 000 Palestinien·nes ont été placé·es en détention depuis le 7 octobre, la descente de l’armée israélienne dans les locaux d’Al Jazeera à Ramallah, les bombes larguées au Liban, les drones des milices irakiennes interceptés et les déplacements de troupes israéliennes sur sa frontière avec le Liban nous alertent : la guerre régionale est déjà là.

https://blogs.mediapart.fr/tsedek/blog/230924/solidarite-avec-le-liban-stop-l-impunite-d-israel