Petit compte-rendu de l’agora du 9 mai
Catégorie : Local
Thèmes : Elections
Suivant un appel lancé sur le net, 200 à 300 personnes se sont réunies place Royale mercredi vers 18h afin de participer à une Agora, à une Assemblée citoyenne, peut importe le nom qu’on lui donne, nous étions là dans le but de discuter, de débattre et surtout de s’organiser.
Une table était montée au pied de la fontaine, un microphone était à disposition et la voiture de CRS avait pris place sur le côté, passive pour l’instant, devant une foule calme et détendue.
La prise de parole à d’abord été difficile et comme toujours quand il s’agit de parler en public, les « habitués » ont commencé. Appel à s’organiser, à créer un réseau de résistance et de veille par le biais d’un site web et d’une newsletter d’information et de communication. L’idée étant de devenir le plus réactif possible en cas de nécessité de mobilisation rapide ou ne serait-ce que pour communiquer les dates et heures de rassemblements .
L’idée est bonne mais certains prennent la parole pour appeler à plus. Et dans cette veine, les idées sont nombreuses: investir et développer des médias alternatifs par exemple afin d’informer sur les faits et de proposer d’autres manières d’analyser la réalité politique que celle des médias de masse. Des sites comme Indymedia existent déjà mais la proposition est plus celle de créer un journal papier qui pourrait circuler facilement, être accessible à tous et créer une dynamique de mobilisation. Ensuite, d’autres appellent à créer, à s’exprimer de la manière qui nous ressemble individuellement: la musique, la peinture, le montage pour faire des affiches, la vidéo, que sais-je encore, l’esprit de ces interventions était d’appeler à la créativité, à la prise d’initiative pour faire vivre un mouvement de résistance positive en plus de la position de veille que nous devons tenir pour répondre aux invectives de nos amis des hautes sphères.
L’un ne perdure pas sans l’autre.
Mais la réussite de cette Agora est marquée aussi par la prise de paroles de personnes n’ayant pas l’habitude de s’exprimer en public. Certains nous ont parlé d’eux, d’autres de leurs analyses et idées sur la situation. Et bien entendu, à travers ces témoignages, la gestion policière des manifestations des soirs précédents est apparue dans toute sa violence et son absurdité. Plusieurs ont raconté comment ils s’étaient fait insultés, photographiés, fichés alors qu’ils rentraient chez eux. Le délit de sale gueule semble être devenu banal ces derniers jours. On peut sentir la révolte collective quant à ces problèmes, un sentiment d’injustice partagée par les personnes réunies sur la place. Des huées montent en direction des CRS postés à l’écart et la tension monte d’un cran quand une jeune fille gueule son dégoût car elle vient de se faire insulter par un des CRS. Elle décide, comme l’avait conseillé un intervenant, de demander son nom, grade et matricule au CRS en question mais celui-ci nie l’obligation. Les droits et devoirs des forces de l’ordre en matière de respect des libertés individuelles devraient être clarifiés pour tous afin de pouvoir se défendre en cas d’interpellation.
Les prises de parole continuent, des étudiants, des jeunes issus des quartiers, des travailleurs, des personnes à la rue, des mères, la diversité fait plaisir à voir et l’investissement de la place royale comme lieu de rassemblement est intelligent ne serait-ce car cela n’exclut personne et permet de ne pas cantonner ce mouvement aux espaces et acteurs de la fac trop routiniers.
A plusieurs reprises, on appelle à prendre conscience de nos différences en matière de raisons d’agir, d’opinion politique, d’appartenance à des organisations et c’est un point positif de ce rassemblement que d’être resté, et je l’espère pour longtemps, indépendant de toute affiliation à un parti ou une organisation de quelque sorte que ce soit. Il semble que les « habitués de la mobilisation » avaient compris l’inutilité et le danger de parler au nom d’un collectif quand le but est de rassembler et de s’organiser dans le respect de chacun. L’énergie et l’impulsion de ces acteurs est nécessaire et peut être tout à fait positive si non abusive.
Bref, le bilan est motivant pour la suite.
Soyons encore plus nombreux et créatifs mercredi prochain et je crois bien que nous allons voir pas mal de choses intéressantes pousser sur les murs de la ville ainsi que derrière notre écran d’ordinateur ces prochains jours et semaines.
On m’a dit que la fin du rassemblement s’est passée dans plus de confrontation avec nos amis les bleus mais je n’en sais pas plus et je ne pense pas que c’est ce qu’il faut retenir de cette soirée.
Je travaille pas loin de la place royale et j’ai voulu rejoindre des amis qui s’y trouvaient vers 20h.
Donc nous étions sur la place, il y avait là une vingtaine de personnes, calmes, discutant entre eux et avec les policiers calmement.
En moins d’un quart d’heure, on s’est retrouvé encerclé avec d’un coté les crs et de l’autre des personnes armées de flashball. Controle d’identité.
Il y a un jeune homme qui a commencé une crise d’angoisse, ne pouvait plus respirer. Les policiers ont appelé les secours, mais on ne peut pas dire qu’ils aient été tendres avec lui.
On nous demande nos papiers (ce que nous donnons tous). Une fois qu’on nous les rend, on va pour partir et là on nous dit de ne pas bouger de ne pas partir. Quand on demande pourquoi, pas de réponse…
Ensuite, on a tous eu le droit de monter dans le fourgon, de redonner nos papiers et de se faire prendre en photo…
Enfin, on a pu quitter la place, une fois que tout le monde était sorti du fourgon.
Plusieurs personnes se sont massé autour de la place, pour la plupart des personnes qui avaient assistées à l’agora…
Quand on a recroisé un groupe de policiers (ceux là en costume cravate), on leur a demandé pourquoi. il semblerait que le procureur ait demandé que ces photos soient prises. Et pour ceux qui passaient par là (un peu comme moi, qui allait rejoindre mes amis), il n’y a aucun recours…
Je n’ai pas pu suivre la réunion et ce que j’en ai entendu c’est calme et échange…
Je suis choquée par la réaction policière et ne la comprend toujours pas… Je suis sortie de mon travail à 20h et j’ai pu quitter la place royale aux environ de 21h…
Une bien belle démonstration que « Ensemble, tout est possible » !!!
Sur un appel qui a circulé rapidement sur le web et par bouche à oreille, plus de 200 personnes se sont retrouvées pour échanger autour de leurs préoccupations depuis dimanche. La vote, l’avenir, les manifestations, comment s’organiser, informer… autant de thèmes qui ont été abordés.
Il est a noter aussi au passage la présence plus que visible des « forces de l’ordre » qui si je m’en réfère à ce qui se dit partout, en ont profitté pour augmenter leur collection de pphotomatons à la fin, alors qu’ils ne supportent pas d’être photographiés de leur côté.
A l’inverse, il est tout autant important de noter la brillante absence des médias, qui sont toujours là pour faire des images percutantes de 150 manifestant-e-s, mais pas de plus de 200 personnes discuttant tranquillement autour du même sujet …
In Sarko-Land, j’ai déjà les glandes !
ANALYE DE QUELQUES POINTS SOULEVES A L’AG POPULAIRE DU MERCREDI 9 MAI 2007 A NANTES/par P.
Il me semble intéressant de revenir sur quelques sujets qui ont été abordés lors de cette première Agora place du Peuple (anciennement Place Royale), d’analyser ces questions et de proposer quelques positions pourront servir le débat.
Il a été énormément parlé de violence policière, ce qui a fait légèrement rire les SDFs participant au débat, ils soulignent que c’est leur tarif quotidien ,mais « qu’on s’en rende compte maintenant c’est déjà ca». Au moins les gens comprennent qu’en France non plus on ne respecte pas les Droits de l’ Homme, cela commence à les indigner et parfois même à les révolter, ce que prouve la virulence d’une mère prenant la parole pour exprimer sa colère vis-à-vis du traitement humiliant qu’avait subi son fils de 17 ans le soir précédent.
D’un autre côté, la violence des manifestations des jours précédents a aussi été un sujet de débat; beaucoup pensent que les affrontements directs avec les flics et le vandalisme ne servent à rien, voire qu’ils font le jeu de Sarkozy,qu’il faut faire des actions citoyennes pacifistes ,qu’il faut « bien voter aux législatives » . On entend même dire que « les CRS sont des hommes, qu’ils ne font que obéir »…On lui répond pertinemment que: « oui ce sont des hommes, la preuve eux aussi ils saignent ».A tous ceux qui luttent et prônent le pacifisme comme étendard il faudrait dire que le Pacifisme et la Non-Violence n’ont jamais été des armes pour rétablir les Droits de l’Homme, que les droits ne s’obtiennent pas mais se conquièrent. Bien sûr les violences parfois gratuites de dimanche et lundi soirs ne sont pas toutes justifiables, mais il ne faudrait pas oublier qu’on est souvent moins intransigeant envers un agent de la BAC qui se laisse un peu aller, qu’envers un manifestant qui, sur un accès de colère jette une bouteille. On n ‘essaye jamais de comprendre la violence de ceux qu’on appelle les « casseurs », on juge et on condamne: « y’en a qui viennent pour tout casser, qui en profitent… »Oui ils en profitent, ils en profitent pour s’exprimer…exprimer leur rage, leur hargne qui s’assouvit dans la destruction. Bien sûr ce n’est pas justifiable mais on peut comprendre que ces gens sont les premières victimes de la violence du capitalisme, et c’est précisément cette violence qui les a acculé dans cette position de destruction. Tout le monde sait, pour en avoir fait l’expérience, que la violence surgit lorsque les mots sont dépassés, lorsque le sentiment d’injustice trop grand, indicible…Le comportement des « casseurs » est effectivement anormal, leur posture n’est pas naturelle, et c ‘est sur cela qu’il faut s’interroger. Il est plus naturel pour un humain d’échanger, de communiquer, de s’exprimer, c’est cela qui définit l’humain. Et si ceux-ci se comportent ainsi, n’est-ce pas parce qu’on ne les laisse pas s’exprimer alors qu’ils sont méprisés, insultés, exploités? Les AG doivent montrer qu’il y a des revendications derrière les voitures brûlées et que celles-ci sont légitimes, que l’on peut les formuler, pour cela il faut donner une voix a ceux qui ne s’expriment pas.
On nous a demandé d’être humains, que c’était la solution, mais comment être humains face à un système qui nie l’humain en nous. On a surtout parlé de Solidarité, être solidaires oui, car être solidaires c’est respecter l’humain mais entre nous; mais pitié ne parlez pas d’amour envers ceux qui nous matraquent et ceux qui nous exploitent. Il faut que les positions soient claires: Sarkozy se présentait comme l’homme de la rupture, il a effectivement rompu, divisé la France en deux. Et face à l’autre camp qui bénéficie de la légalité,du soutien des médias et de la force des matraques, il faut nous organiser et savoir de qui être solidaires. Les étudiants ne peuvent rien faire s’ils ne sont pas solidaires des jeunes de banlieues et vice-versa, la lutte implique que l’on s’organise ensemble. S’organiser permettra d’éviter les voitures brûlées ainsi que les affrontements stériles voire suicidaires et contre-productifs.
Notre camp n’est pas non plus celui de ceux qui condamnent formellement les manifestations en raison de leurs débordements qu’ils ne prennent même pas la peine d’analyser,ni celui de ceux qui jugent notre mobilisation illégitime. Pourquoi attendre les premières réformes, ou les législatives? Sarkozy a indiqué qu’il agirait vite et sans négociations, et nous connaissons déjà ses orientations politiques. Certes il a été élu au suffrage universel direct, mais cela ne légitime pas tout. Hitler aussi a été élu,toutefois personne ne juge que la résistance était injustifiée. D’autre part comment mettre nos espoirs dans le PS qui a déjà condamné notre mobilisation?
P.
Je trouve aussi important de se mobiliser avant les législatives, je trouve aussi important d’exprimer notre désaccord vis-à-vis de la politique à venir de Sarkozy. Mais je trouve aussi important de ne pas jouer le jeu des tout sécuritaire.
Je m’explique.
Effectivement je comprend les casseurs qui n’ont plus que ça pour s’exprimer, je ne renie ni ne dénie leur voix, mais il faut faire extrêmement attention à ce que cela n’entraine pas la prise des plein pouvoir par le nouveau futur président.
Cette assemblée générale est la preuve qu’il est possible de faire des actions toute aussi forte que des manif mais de manière plus zen je dirai. Même si on connait la suite et les controle d’identité qui ont suivi (et qui continuent encore).
Les manifs peuvent avoir un impact fort si elles sont de grande envergure, si elles font partie d’un mouvement national fort. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Les médias relaient ces manifs comme étant des échanges violent entre force de l’ordre et extreme gauche. Cela dessert totalement le mouvement.
Alors oui, il nous faut encore faire des assemblée générale, prouver (si je puis dire) que ce ne sont pas les casseurs qui sont en colère, mais toute une partie du peuple qui n’est pas en accord avec ce qui nous est promis par le futur président.
Il faut aussi relayer ces AG médiatiquement, faire (ou essayer de faire) des communiqués dans la presse locale et nationale afin que ceux qui ont voté pour la sécurité sachent bien que ce ne sont pas une bande jeune dangeureux qui se réunit mais bien toute une partie du peuple qui se réunit pour discuter et envisager l’avenir avec l’épée de damoclès que l’ont connait.
D’autre part, le ps ne condamne pas la mobilisation, ce qu’il condamne ce sont les violences. C’est pourquoi le calme est de mise afin de pouvoir envisager un contrepouvoir aux législatives. C’est pourquoi ces AG sont importantes, et les relayer (ainsi que relayer les éventuels controle d’identité qui les suivent) le plus possible est important.
Je ne condamne pas les manifs, ni les casseurs, et je comprend très bien cette hargne et cette rage, mais il nous faut mobiliser cette énergie pour répondre de manière intelligente et calme à des gens qui ne fonctionnent que par la violence et le matraquage.
Ceci n’est que mon avis.
« Les manifs peuvent avoir un impact fort si elles sont de grande envergure, si elles font partie d’un mouvement national fort. »
C’est etonnant parce que ma memoire est pas aussi claire a ce sujet:
Par exemple je me souviens que quand le gouvernement a voulu reformer les retraites, plus d’1 million de personnes etaient dans la rue, et pas qu’une fois, et la loi est passee.
Je me souviens que le moment ou le gouvernement a commence a recule sur le CPE, c’est quand des actions de blocage etc se sont mises en place pour paraliser l’economie… Les grandes manifs qu’il y a eu avant ont pas eu l’air d’emouvoir le gouvernement.
Bref les manifs c’est sur ca reste un moyen d’expression, mais de nos jours je ne suis plus sur qu’il soit suffisant pour faire pression sur le gouvernement…
Et puis voila, j’ai l’impression que tout le monde fait des trucs uniquement par rapport au media etc, pour qu’ils en parlent machin, sauf que voila, les medias appartiennent aux grands patrons de ce pays, amis de ceux qui nous dirigent, et si on commence a se positionner par rapport a eux on a deja perdu.
Je crois que plus il y aura de monde qui se bouge a faire ce qu’il a envie de faire sans taper sur les autres parce qu’ils emploient pas les memes moyens, plus on arrivera a quelque chose, mais certainement pas en acceptant de se positionner que par rapport aux medias et en divisant le mouvement parce que c’est pas bon pour l’image, des gens qui cassent.
Les medias tireront toujours partis de nos divisions si nous leur en donnons!
Je ne me positionne pas unniquement par rapport aux médias,je ne veux pas diviser le mouvement, j’émet simplement un avis.
J’ai simplement peur de la récuparation du mouvement par les politiques ou les médias.
Je veux trouver des solutions avec tous et qui conviennent à tous (si possible) pour que le mouvement continu sans être récupéré, interprété, déformé.
C’est simplement ça que j’espère de tout mon coeur.
La récupération d’un mouvement par « les politiques » c’est juste ce qui arrive quand un mouvement n’est pas assez politisé… c’est en général le cas depuis la génération 68… d’abord s’ammuser, ensuite essayer de changer les choses. Les plus réalistes étaient finalement les punks qui au moins n’essayaient même pas de militer (dans leur écrasante majorité en tous cas).
Les enfants de la pub (moi dedans bien sur) sont trop farouches pour se politiser mais trop lisses, désunis et incultes pour ne pas être manipulables… ptêt un Sarkozy débloquera les choses en mettant à la geôle les gens qui sont incapables de stratégie, qui croient encore à la justice, à l’opinion publique etc.à une militance bâtie autour du principe qu’on vit dans un état de droit, même si on est contre l’état…
C’est dans l’adversité qu’on apprend à s’adapter !
Tout est une question d’équilibre entre l’engagement militaire en politique et la candeur imbécile des bon sentiments et du désir de justice… tous seuls face aux éléments… c’est beau comme du chateaubriand