A 21 h, on cherchait encore le lieu d’un hypothétique rassemblement, annoncé nulle part et qui avait circulé par le bouche à oreille. Place des Terreaux 20 personnes, on part vers la place Bellecour sans trop d’espoir. Nous rejoignons en chemin mille ou deux mille personnes qui font le chemin inverse, via la rue de la Ré. La classe.

La manif’ est complètement spontanée, à part un ou deux drapeaux rouges, un drapeau noir, elle est sans étiquette. Juste un mégaphone, perdu au milieu de la foule, mais qui sert bien quand même pour repartir, après un moment d’hésitation, de la place des Terreaux envahie. On veut pas rester sur place, ne pas stagner, la présence des flics se rapproche. On file sur les quais de Saône. On croyait la rue barrée, en fait 5 ou 6 flics se hâtent de nous laisser passer. On passe à St Jean. La manif’ est devenue énorme. On remonte les quais de Saône à contre-sens jusqu’au palais de Justice. Un couple de vieux sarkozystes se met à nous gueuler dessus, les pouces vers le bas (à mort ?) bien au chaud depuis leur chouette appart’ des quais. Une bouteille éclate leur fenêtre. L’ambiance se tend quand on arrive au palais de Justice, à la vue de quelques CRS.

Après quelques jets de bouteille, la manif’ se scinde en deux. CertainEs se sont réfugiéEs sur la passerelle et passent de l’autre côté de la Saône, les autres arrivent finalement à continuer. On se rejoint à l’entrée de Bellecour, ça va vite, c’est speed. Les bonnes habitudes du CPE ne se sont pas parties, les foulards et les cagoules sont de sortie. Place Bellecour, on s’ennuie vite, on se demande où aller, alors qu’on est de plus en plus nombreux.

Un gros détachement de flics nous barre le passage vers la Guille, rue de la Barre, chemin obligé vers la péniche sarkozyste, le Q-Boat, déjà assiégé plus tôt dans la soirée par 500 personnes. On décide d’aller aux Terreaux, mais au moment où on passe près d’eux, à l’angle de Bellecour, ça part en live. Premières lacrymos, premier mc do attaqué, premières charges de flics, on court un peu, la manif se scinde en deux : entre celles et ceux qui ont couru rue de la Ré et les autres restéEs place Bellecour.

On stagne dans les rues alentours, les grosses rues bourgeoises du coin. On entend au loin les déflagrations place Bellecour, où le gros de la manif’ est resté. Là-bas, pendant près de deux heures, jusqu’à 23h30, la manif’ fait face aux flics. Les poubelles sont retournées pour trouver des projectiles, les charges de flics sont contenues par des contre-charges de manifestantEs. Les techniques se précisent pour éviter la dispersion des lacrymos.
Vers 23h30, un nouveau détachement de CRS arrive, et charge violemment, avec flash balls, lacrymos et grenades assourdissantes.

Une partie du rassemblement part vers St Jean, l’autre se disperse vers Ampère. Peut-être une dizaine d’arrestations place Bellecour, de nombreuses personnes blessées légèrement par des tirs de flash balls (une plus grièvement au visage ?). La manif’ partie vers St Jean est chargée vers St Georges. Pas de nouvelles après.

En revenant vers les Terreaux, on a pu voir que la rue Edouard Herriot et ses magasins de luxe avait essuyé la colère des manifestantEs. Poubelles retournées, qui crament, vitrines fracassées (ah, le nouveau mc do Herriot avec sa nouvelle décoration “OGM”), tags sur les magasins, abribus Decaux défoncés. Des incendies se sont déclarés à plusieurs endroits, notamment place des Terreaux. Apparemment il y aurait eu de nombreuses arrestations à proximité de la Place Sathonay. On parle d’au moins 25 arrestations cette nuit-là à Lyon.

Demain est à nous.