Il y a 70 ans… gernika!
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Victoire à Gernika!
Il y a 70 ans, le 26 avril 1937, était bombardée la ville de Gernika (Guernica en castillan).
Si les livres d’histoire bourgeois en parlent comme quelque chose de « tragique » et mentionnent toujours le tableau de Pablo Picasso, jamais ils ne parlent du statut essentiel de la ville pour la nation basque.
Car la ville de Gernika était le lieu où se réunissaient les assemblées législatives de la province basque de Biscaye, et où les rois espagnols prêtaient serment, lors de leur accession au pouvoir, et juraient d’observer les fors ou fueros (anciennes chartes garantissant les libertés d’une ville ou d’un État) et de conserver et protéger les lois et les droits en vigueur dans les provinces basques.
C’est également sous un chêne, symbole de la liberté de la nation basque, que le premier chef de gouvernement d’Euskadi récitera en 1936 à Gernika le serment: « Devant Dieu humilié / debout sur la terre basque / en souvenir des ancêtres / sous l’arbre de Gernika / devant vous / représentants du peuple / je jure d’accomplir fidèlement ma mission. »
Gernika, c’est le symbole même du pays basque. Voilà pourquoi 50 tonnes de bombes incendiaires ont été larguées par l’aviation nazie, la légion condor, protégée par des chasseurs de l’Italie mussolinienne, les deux étant au service du franquisme.
Oublier que le pays basque n’a pas pu émerger en tant que nation – de même que la Galice ou la Catalogne – en raison de l’évolution fasciste de l’Etat espagnol, c’est trahir la cause du mouvement de libération nationale basque.
Le mouvement patriote – abertzale – ne l’a jamais oublié, voilà pourquoi il n’a fait aucun compromis lors de la pseudo transition démocratique de l’Etat espagnol à la mort de Franco.
La définition constitutionnelle de cet Etat n’a changé en rien, même si le fascisme a dû céder la place à une « démocratie dure » en raison de l’énorme pression des masses, et cela grâce à la trahison des dirigeants « communistes » passés dans le camp du révisionnisme du type Khrouchtchev.
Pourtant, aujourd’hui, il y en a pour nier cette réalité, pour affirmer que l’Etat espagnol est en train de changer grâce à la social-démocratie, que le fascisme ce ne serait que le PP (parti populaire).
Ils sont aidés en cela par ceux qui capitulent devant la sévère répression organisée par l’Etat espagnol contre les associations et organisations populaires basques.
Au lieu de l’indépendance et le socialisme, ces gens proposent une autodétermination négociée et un socialisme consistant en la social-démocratie la plus plate.
De fait, le mouvement patriote basque ne se revendique plus de la lutte des classes, il ne sait que dire « qu’il faut ouvrir des chemins qui aillent vers la solution. »
Et non content de s’illusionner sur la capacité de l’Etat espagnol à céder, il diffuse des illusions sur l’Etat français, qu’il pense capable de céder également, qu’il utilise comme intermédiaire pour les négociations, cela malgré la répression énorme de l’Etat impérialiste français contre tout ce qui pourrait amener un développement réel du Mouvement de Libération National basque dans la partie nord de l’Euskadi.
Une telle logique amène à faire prédominer un réformisme armée, une pression pour négocier le plus vite possible, exactement comme en Irlande.
Et les conséquences en sont catastrophiques : de même que ce qui s’est passé en Irlande sert de modèle capitulationniste en Euskadi, ce qui se passe en Euskadi sert de modèle en Corse!
Il faut bloquer cette spirale de la capitulation.
Le droit à l’indépendance ne se négocie pas. Le MLN basque, en critiquant la « Loi des partis » au lieu de conserver les positions correctes sur la nature de l’Etat espagnol, se fourvoie. Rien ne peut être acquis « pas à pas » face au fascisme.
Telle est la dimension révolutionnaire de la lutte basque, que Paul Eluard illustrait dans son poème « La victoire de Guernica »:
I
Beau monde des masures
De la nuit et des champs
II
Visages bons au feu visages bons au fond
Aux refus à la nuit aux injures aux coups
III
Visages bons à tout
Voici le vide qui vous fixe
Votre mort va servir d’exemple
IV
La mort coeur renversé
V
Ils vous ont fait payer la pain
Le ciel la terre l’eau le sommeil
Et la misère
De votre vie
VI
Ils disaient désirer la bonne intelligence
Ils rationnaient les forts jugeaient les fous
Faisaient l’aumône partageaient un sou en deux
Ils saluaient les cadavres
Ils s’accablaient de politesses
VII
Ils persévèrent ils exagèrent ils ne sont pas de notre monde
VIII
Les femmes les enfants ont le même trésor
De feuilles vertes de printemps et de lait pur
Et de durée
Dans leurs yeux purs
IX
Les femmes les enfants ont le même trésor
Dans les yeux
Les hommes le défendent comme ils peuvent
X
Les femmes les enfants ont les mêmes roses rouges
Dans les yeux
Chacun montre son sang
XI
La peur et le courage de vivre et de mourir
La mort si difficile et si facile
XII
Hommes pour qui ce trésor fut chanté
Hommes pour qui ce trésor fut gâché
XIII
Hommes réels pour qui le désespoir
Alimente le feu dévorant de l’espoir
Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l’avenir
XIV
Parias la mort la terre et la hideur
De nos ennemis ont la couleur
Monotone de notre nuit
Nous en aurons raison.
(La victoire de Guernica, 1938)
Vive l’internationalisme prolétarien, vive le soutien internationaliste des révolutionnaires de France au Mouvement de Libération Nationale basque!
Independentzia eta socialismoa! Indépendance et socialisme!
Gora Euskal Herria askatuta! vive le pays basque libre!
Victoire à Gernika!
Pour le PCMLM, avril 2007
http://www.lescommunistes.net/~infos/
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