La loi du plus fort
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Combien de scientifiques et théoriciens ont usé leurs neurones et les nôtres pour étayer ce noble concept de loi du plus fort ? Combien de philosophes, intellectuels, chercheurs et autres journalistes ont vidé leurs stylos et cartouches pour nous démontrer que le fort est fort et doit être encouragé à le rester ? Des tonnes de papiers et mégabits de mémoire ont été accumulés pour justifier ce que l’esprit humain se refuse à admettre : le fort doit écraser le faible, le puissant doit piétiner le misérable, on va vous bâtir des théories, des arguments, des idéologies, des sciences pour affirmer que cette brutalité inhérente à la nature doit être assumée par les hommes. On essaye même de nous faire croire qu’il est bon et sain que les riches s’enrichissent davantage en dépit de la logique la plus élémentaire et comme si les riches recevaient l’argent de l’espace. Nous tournons autour de cette question, la victoire du fort est-elle toujours bénéfique ? L’écrasement du faible est-il toujours une sélection naturelle participant au plus grand bien de tous ? Évidemment non. NON. Alors qu’une foule de cerveaux cherche à nous affranchir de cette brutalité originelle, d’autres cherchent à nous y ramener.
Toute la vraie philosophie, celle des grecs, celle des arabes, celle des humanistes, dit le contraire, ce qui nous différencie des animaux est justement ce décollage de l’entreprise humaine de ces lois primaires de la brutalité. De l’heure où nous devenons des animaux pensants nous sortons de ce combat inutile et destructeur de l’écrasement des plus faibles pour voir en chacun des diversités de richesses qui au contraire de s’anéantir les unes les autres peuvent s’unir et contribuer à une oeuvre collective et au bien commun. Qu’est-ce que cette loi de la nature tant théorisée ? C’est une loi sans pensée, sans la pensée humaine, la loi du plus fort est une loi sans cerveau, une loi bête. Et pour enfoncer le clou là où ça fait mal, nos sentiments humains sont un progrès par rapport à cette insensibilité brutale, la compassion, le sentiment de justice, la générosité, l’altruisme, la tristesse, l’amour sont des conquêtes humaines, des avancées inestimables et infiniment précieuses. Nous sommes sortis de l’animalité obscure et des milliers d’années après des intellectuels usent encore leur pensée pour tenter de nous prouver que la pensée ne sert à rien, que la loi du plus fort est la seule option possible, loi infirmée par des siècles de philosophie et de religion. Nous sommes capables de nous entraider, n’en déplaise à l’invisible mais obscure loi du marché.
Quelle est cette force devant laquelle nous devrions tous nous incliner ? Au sens darwinien c’est la force de se reproduire sexuellement. Une pulsion égocentrique à se croire viable pour la postérité, une hormone totalitaire, dénuée de savoir ou de culture ou même de regard extérieur, ça n’est même pas une volonté de la conscience, c’est la pulsion du pousse-toi-de-là-que-je-m’y-mette qu’ont tenté de justifier les idéologues du marché de la jungle comme type de société humaine, et c’est absurde, l’humanité trouvant justement son essor dans le contrôle de ces pulsions primales. Peupler la planète de petits soi-mêmes est bien gentil si j’ose dire mais c’est nier toute la puissance et la portée des réalisations conceptuelles, vaut-il mieux se cloner à l’infini ou apporter au monde une idée faisant progresser la communauté ? La sexualité et la pérennité de l’espèce se limitent-elles à la libido des plus musclés ? Vaut-il mieux inventer un médicament ou laisser à la postérité une armée de lanceurs de marteaux ? Qui est le plus fort ? La plus grande gueule ? Celui qui a la libido la plus impérieuse ? Celui qui a la plus haute image de lui-même ? Mais ça serait oublier au contraire que les plus sains psychologiquement sont les plus modestes, les plus timides, ceux qui doutent. Que ne nous soumettons nous pas alors directement à la loi du plus riche et du plus malhonnête, si c’est ça la force, la force de conduire l’humanité à sa perte, après un long bain de sang ?
Dans ce que d’aucuns appellent la fin de l’histoire et d’autres le choc des civilisation je ne vois moi qu’un combat ultime contre l’humanité, l’humanité contre l’inhumanité, une tentative récurrente de justifier la brutalité fasciste et égocentrique d’une infime minorité pour perpétuer sa mainmise inique sur le destin de l’espèce humaine, une théorie sans contenu visant seulement à nier les acquis de l’humanité, acquis abstraits de la pensée humaine qui seraient niés par ce préambule fumeux de la préséance de la loi du plus fort sur toute autre avancée intellectuelle. Je ne voudrais pas être trop long, mais la loi du marché est le contraire de l’organisation mondiale du commerce, avec ou sans majuscules, il suffirait que les règlementations régissant le commerce mondial ne soient pas biaisées et librement acceptées par tous les pays, ce qui est encore loin d’être le cas d’où la nécessité de négocier ce qui, si le marché était bon, ne serait pas nécessaire.
De ce débat sanglant autour du bien et du mal on oublie un débat plus profond, celui entre le vrai et le faux, la question n’étant pas de savoir si la loi de la jungle est bonne mais bien de comprendre qu’elle est fausse.
Pourquoi instiller tant de fausseté dans les relations humaines ? C’est pour gouverner, les tenants de Machiavel ou de Léo Strauss cherchent depuis toujours un moyen de mener la masse de façon uniforme, commander, donc nier les volontés particulières pour leur substituer une direction unique décidée par un fou plus impérieux que les autres, en général le plus « fort », le plus riche, celui qui a acquis le plus de pouvoir et cherche une façon de le garder pour continuer à mener le monde à l’ombre de son égo.
Mener la masse, c’est lui montrer un ennemi identifiable extérieur, les tyrans n’ont pas trouvé mieux pour unir les foules que de leur désigner un ennemi commun qui les effraye et les mobilise en même temps. Les chercheurs en despotisme ont tôt compris que cet ennemi imaginaire n’existant jamais dans la réalité puisque créé sur une vision dualiste donc simpliste du réel, il fallait l’inventer, revenir toujours à une vision simpliste du monde étant bien pratique parce que parmi les lois de la nature il y a celle qui stipule qu’il faut éviter de se fatiguer à se poser des questions, le plus simple est reposant, évident, même si toujours faux.
Alors les stratèges quel que soit le nom de leur camp se sont mis au boulot pour nous définir un ennemi qui à défaut d’être vrai serait affublé du sceau du mal, le fort se retrouvant d’autant plus fort que son ennemi unissant la masse contre lui n’existe pas. C’est là l’invention du camp du plus fort pour maintenir incontestée cette loi du plus fort, une loi de la jungle soutenue par quelques artifices qui viennent étayer opportunément cet ordre qui veut se perpétuer et qui, à l’opposé du projet de paix perpétuelle d’Emmanuel Kant veut plonger l’humanité dans une guerre perpétuelle, affrontement inépuisable entre le bien et le mal pour masquer le conflit plus subtil entre le vrai et le faux.
Nous arrivons heureusement au terme de cette vision massive du monde, où l’ignorance frileuse de chacun se rangeait timidement derrière une illusion forte, dominatrice et tapageuse. Nous avons désormais les moyens conceptuels permettant de décrypter cette manipulation des consciences par la peur et d’abreuver les masses de fausses vérités indistinctes pour les maintenir unis dans l’erreur. Loi sans justice, loi du plus fort, loi du plus riche, loi du plus blanc, c’est ça que des pseudo penseurs essayent de nous faire gober, à nous faire accepter des mensonges comme des vérité incontestables, au 19ème siècle des courtisans reconvertis en soi-disant savants ou scientifiques cooptés par leurs maîtres servaient déjà de caution aux besoins des riches de l’époque en soutenant par des thèses bidons l’inégalité des races, l’existence de races différentes pour diviser l’humanité, argumentaient pseudo scientifiquement la supériorité d’une certaine race plus blanche que les autres, plus pure, plus immaculée, plus belle et plus intelligente, les mêmes à l’époque pesaient les cerveaux pour affirmer que les plus blancs étaient les plus intelligents et méritaient donc d’asservir tous les autres, justifiaient l’esclavage, la domination d’une partie des humains sur les autres, en monopolisant une fausse couleur, le blanc, au service de leur ignoble cause, répandant la couleur des robes du pape sur nos peaux, qui si longtemps qu’on les regarde ne sont pas blanches, mais roses, jaunes rosées, bref tout sauf blanc, de même que les noirs ne sont pas noirs mais d’une somptueuse couleur chocolat, ou café, parcourant toutes les nuances du rouge bronze au marron foncé, des nuances de l’ocre et de terre de Sienne, aucune peau n’étant noire, et aucune blanche. Les héritiers donc de ces colporteurs de mensonges au service des puissants aujourd’hui essayent de récupérer deux concepts pour leurs basses oeuvres, celui de liberté et celui de loi du marché, la liberté du riche d’écraser des millions de gens pour satisfaire ses hormones et pulsions, la liberté du petit blanc rosé jaune-beurre d’exterminer toute diversité et de nier la richesse des différences pour perpétuer sa domination inique et ignare.
De l’autre côté de ces lois sans droit, le pardon, l’amour, la justice, le respect, la croyance dans une complexité qui placerait dans les corps les moins forts des talents et des ressources invisibles au premier abord mais capables de transformer de façon bénéfique notre avenir. Contre cette loi intangible du marché cette autre loi philosophique établissant que les apparences sont trompeuses. Je fais ces constats des cheminements de la pensée humaine non pour critiquer ou pour haïr qui que ce soit mais pour trouver les solutions qui nous écarteront du gouffre et des violences sans fin dans lesquelles ces faux penseurs et vrais menteurs essayent de nous plonger. Nous sommes à une charnière de l’histoire, au delà du bien et du mal par lesquels les Machiavel aux commandes ont essayé de nous diviser et de nous tromper, nous arrivons à la croisée des chemins qui nous fera distinguer le vrai du faux, sur le long cours de la pensée humaine, nous allons faire le tri entre les mensonges destructeurs qui nous ont unis contre des ennemis imaginaires et la véritable essence de notre société, le vivre ensemble, le pardon, la générosité et la construction d’un monde apaisé et fraternel dans lequel l’intelligence ne se résumera plus en l’irrépressible envie de baiser des plus riches.
Cet avenir passe par une prise de conscience de ce qui se passe dans le monde actuel, les religions sont un opium pour endormir les peuples sans contraindre ceux qui les utilisent à adopter leurs principes, les gouvernants utilisent les religions pour imposer aux masses un esprit non critique mais ces gouvernants ne s’appliquent pas à eux-mêmes ces valeurs auxquelles ils ne croient pas, le combat n’est pas entre les religions mais entre les tenants des pouvoirs qui veulent lancer les gens les uns contre les autres, on se sert des religions pour arracher aux peuples des consentements sans réserve, pour diviser les masses dans un sens ou dans l’autre, si vous êtes chrétiens vous soutiendrez Bush si vous êtes musulmans vous soutiendrez Ben Laden, pas besoin d’esprit critique ni d’analyse, on a tracé votre camp pour vous, et la chrétienté se mettra en ordre de bataille pour le compte de la loi de la jungle et les musulmans seront stigmatisés comme le faible à éradiquer, celui qui refuse de se soumettre à la suprême loi originelle du plus fort, celui qui veut persister à croire qu’Allah est plus fort que le marché.
Le camp de Bush avait besoin d’un catalyseur pour mobiliser ses masses et les diriger pour préserver les intérêts d’une petite classe de dirigeants de multinationales, il lui fallait selon ses analystes un Pearl Harbor qui désignerait clairement l’ennemi. Dominer le monde n’a aucun sens, c’est une absurdité philosophique, mais les plus riches de cette planète ont les moyens de s’offrir des gratte-papier pour enrober leur mainmise sur les richesses mondiales et habiller leurs désirs d’hégémonie de règlementations internationales, en plus de qualifier les dénonciateurs du complot capitaliste de fous furieux il fallait inventer un complot bien visible, le complot des musulmans contre le « bien » et la liberté d’entreprendre, voilà résumée la rhétorique de l’administration Bush. Les détails du mensonge il appartient à chacun de les étudier mais c’est davantage les motivations du mensonges, la fausseté de l’affrontement sur lesquels il faut mettre l’accent. Le peuple des États-unis est pris en otage et victime d’un chantage, on lui fait croire qu’il ne peut plus reculer, que ce serait trahir que de ne pas soutenir les soldats U.S. envoyés en Irak, mais qui les a envoyés ? Et pour quoi faire ? Le peuple américains se trouve dans une situation où il ne peut plus dénoncer son gouvernement sans du même coup abandonner ses enfants devenus soldats qui eux-mêmes découvrent que l’empire américain ne leur appartient pas et ne savent plus ce qu’ils font là-bas ni pourquoi on les a envoyé dans ce bourbier d’où ils ne tirent que désespoir et dégoût par l’absurdité des violences induites pour la protection de la fortune d’une classe ultra minoritaire et vivant fort loin des zones dévastées.
Le combat pour la vérité est un combat solitaire et non-violent, les américains sont en train de se rendre compte de trois choses, un, les élections de 2000 étaient largement truquées, deux, la guerre en Irak est un non-sens qui prend la population en otage et l’entraîne dans un engrenage qui lui donne l’impression qu’elle ne peut plus reculer, trois, les attentats du 11 septembre étaient une opération montée par l’administration Bush elle-même destinée à stupéfier l’opinion et à promulguer un certaine nombre de lois (342) qui apparurent comme si elles avaient été rédigées avant que les événements n’aient eu lieu, comme d’ailleurs le résultat de l’enquête officielle qui tombait 48 heures après les faits sans qu’une véritable investigation n’ait eu le temps de se dérouler. Je passe sur le fait que les familles des disparus, les pompiers, la police et des témoins oculaires insistent tous sur le fait qu’ils ont entendu une série d’explosions et que l’immeuble s’est effondré ensuite comme sous les coups d’une démolition programmée à l’aide d’explosifs, passons aussi sur le fait que la commission d’enquête n’a retenu que les témoignages allant dans le sens de la version officielle, à quoi bon examiner des faits si l’on n’étudie que les dépositions qui soutiennent un point de vue sans recevoir de contradiction. Chacun se fera son opinion sur ce qui s’est passé à New York le 11 septembre 2001et chacun aura la possibilité en lui-même de peser le vrai et le faux, d’étudier ce cheminement de l’histoire du monde avec ses avants et ses après. L’avenir ne se construit pas sur du mensonge et il faudra bien que les États-Unis sortent de cet enfer de manipulation pour que le monde dans son entier puisse reprendre le chemin de la vérité, et ce chemin passe inévitablement par la justice, par le jugement des coupables qui ont plongé le monde dans la furie et les États-Unis dans la plus grands trahison de leurs 200 ans d’histoire.
Pour ne pas être trop long, chacun pourra approfondir pour lui-même les points qui lui semblent le mériter et ce mur de mensonges auquel nous faisons face se fissurera par morceaux chacun trouant l’opacité par ses propres lumières et entraînant les autres vers la clarté, ouvrant la voix pour les révélations qui ne manqueront pas d’accompagner ce mouvement vers un monde plus juste et moins guerrier, qui enfin se résoudra à ne plus diviser ses composantes pour les jeter les unes contre les autres comme des chiens, chiens de guerre dans lesquels les gouvernants taillent, comme ils taillent dans le peuple sans la moindre pitié ni autres sentiment humains, pour ensuite les envoyer trimer, silencieux, bien contents d’avoir un boulot mal payé après cette boucherie. La guerre malheureusement est le moyen le plus efficace que les puissants ont trouvé pour nous gouverner, le peuple une fois jeté dans des tranchées, une fois roulé dans la boue, une fois qu’il a vu mourir explosés ses frères autour de lui, une fois que ses soeurs sont transformées en viande à soldat, le peuple a perdu tout respect et tout espoir, il devient obéissant, hagard et il bosse sans ouvrir sa gueule jusqu’à ce que la mort vienne le faucher pour de bon. Après les guerres, les survivants n’ont plus d’états d’âme, plus de sentiment, être en vie et avoir un boulot suffit à donner l’envie d’oublier ce qu’on a vu, ensuite on ne pose plus de question, on essaye d’oublier, de se faire oublier, comme si la mort nous avait déjà oubliés une fois, alors on ne fait plus de bruit, c’est à ça que ça sert les guerres que les marchands d’armes et autres patrons de multinationales mortifères voudraient nous faire passer pour un choc des civilisations mais c’est bien plutôt d’une lutte des idéologies qu’il s’agit, plutôt que d’un combat entre le bien et le mal c’est davantage à un affrontement entre le vrai et le faux que nous avons affaire, l’obscurantisme tant décrié n’étant pas automatiquement du côté des musulmans mais du côté de ceux qui veulent à tout prix maintenir le monde sous leur emprise barbare pour perpétuer leur dictature infâme de l’argent et du profit, obscurantisme d’un retour fantasmatique à une brutalité originelle pour éloigner l’humanité de son cours vers plus de justice et de partage des richesses permettant enfin à chaque famille de la planète d’accéder au bien-être et au véritable enrichissement, celui du coeur et de l’esprit. Ce qui est obscur et obscurantiste c’est vouloir placer l’argent et le profit comme une valeur supérieure à la générosité, à la compassion et au pardon, valeurs qui sont le fondement de toutes les religions et de l’humanisme athée. Ce combat vers la vérité, au delà des facilités bruyantes des uns ou des autres, se fera aussi dans le coeur de chacun, chacune et chacun trouvera dans les profondeurs de son ventre l’envie de se réveiller et de se redresser pour que l’humanité toute entière se dirige vers un avenir humain et tourne définitivement le dos à l’inhumanité.
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