Répression en argentine: 1 prof assassiné
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Répression en Argentine: 1 prof assassiné
La police de la province de Neuquen (Patagonie argentine) a violemment réprimé une coupure de route réalisée par les enseignants provinciaux. Un maître, Carlos Fuentealba, a recu une grenade lacrymogène en pleine tête, tirée à un mètre 30 de distance. Après plusieurs opérations chirurgicales il est mort hier soir.
Carlos Fuentealba, enseignant de 42 ans qui participait à la protestation enseignante à Neuquen, a été gravement blessé et hospitalisé en état critique après la répression d’une coupure de route, après qu’un policier lui ait tiré une grenade de gaz lacrymogène en pleine tête. Fuentealba se trouvait à l’intérieur d’une auto, assis sur le siège arrière, quand un policier a fait un feu contre lui; la cartouche a traversé la fenêtre du véhicule pour le toucher à la nuque. Le syndicat des enseignants de la Central des Travailleurs Argentins (CTA), la Ctera, a convoqué à une journée de grève nationale en répudiation à la répression.
Les enseignants de la province de Neuquen sont en conflit depuis un mois, ils réclament un salaire de base conforme au coût de la vie. Pour la même demande il y a eu de fortes mobilisations dans les provinces de Santa Cruz, Tierra del Fuego, la La Rioja et Salta, dans une ampleur plus limitée dans les provinces de Formosa et Chaco.
Hier, en plus des graves incidents de épisodes de Neuquen, une répression a également eu lieu à Salta, où les enseignants qui manifestaient en face de l’assemblée provinciale ont été expulsés par des balles de gomme. En répudiation à la répression, la Ctera a convoqué à une grève nationale pour lundi prochain.
Le gouvernement de Jorge Sobisch avait prévenu qu’il ne permettrait pas les coupures de route. La police a attaqué la caravane de véhicule des enseignents qui étaient sur le point de couper la route qui unit la capitale de Neuquen à la ville touristique de Bariloche.
La police avait déployé des forces spéciales de choc, des camions à eau et des civils. « Dès que nous sommes arrivés, ils ont commencé à nous tirer du gaz et des balles de gomme », a raconté Silvia Venero, la secrétaire adjointe de l’Association des Travailleurs de l’Education de Neuquén (ATEN).
« Nous nous sommes repliés mais la police a continué de tirer du gaz. Nous avons alors décidé de nous rendre à Senillosa, la localité la plus proche. C’est à ce moment que la police a tiré sur notre compagnons. » Dans le véhicule, Fuentealba était accompagné de deux autres professeurs. Le conducteur du véhicule, Gonzalo Arroyo, a reconstruit ce moment : « Nous roulions très lentement. Tout à coup s’est avancé un véhicule de la police duquel sont descendu environ 20 effectifs; ils ont commencé à frapper l’auto avec les culasses des fusils pour que je m’arrête au milieu des gaz lacrymogènes ».
« Un policier est venu par derrière la voiture et a fait feu, en brisant la lentille de l’auto et en touchant Carlos à la tête. Il n’y avait aucune raison de faire feu. De plus, il l’a visé directement à la nuque. Après, nous l’avons sorti de l’auto pleine de sang et une ambulance l’a emmené à l’hôpital ».
Selon des sources syndicales, il y a eu plus d’une vingtaine de blessés. Fuentealba est professeur de Chimie, il habite à Neuquen, et est connu dans le syndicat parce qu’il a participé à toutes les mobilisations.
Le secrétaire de Sécurité de la province de Neuquen, Raul Pascuarelli, a justifié la répression en affirmant que la police a agit en concordance avec le droit, puisque « selon la loi de Police 2080 il ne faut pas d’ordre judiciaire quand est planifié un délit qui perturbe l’ordre public ».
Pascuarelli a ajouté que la violence contre les enseignants a répondu au fait que les enseignats « ont refusés de changer le lieu de la coupure de route pour que les touristes puissent prendre des chemins alternatifs ». La police, a-t-il soutenu, « a d’abord voulu dialoguer mais face au refus, elle a agit dans le cadre de la loi ».
Après la répression, les enseignants se sont rassemblés devant le siège du Gouvernement provincial. Dans la nuit, une mobilisation de sept mille personnes, avec à sa tête les Mères de la Place de Mai et les organismes de défense des droits de l’Homme, a parcouru le centre de la ville en passant devant l’hôpital provincial.
La gravité du conflit a produit de fortes tensions au sein du syndicat enseignant. Les dirigeants d’ATEN sont des opposants à la conduite du secrétaire nationale Hugo Yasky dans la Ctera et hier ont qualifié de « tardif » l’appel à une grève nationale. « C’est une honte le fait qu’il a besoin d’un mort pour faire grève. Au début de l’année, huit provinces ont proposé à la Ctera des mesures de force unifiées au niveau national mais les dirigerants nous ont répondu par la négative. Le problème c’est que les dirigeants comme Yasky dépendent des appareils partisans; il a soutenu le gouvernement national au commencements du menémisme, a levé la tente blanche (tente montée par les enseignants devant le congrès national pendant près de deux pour sauver l’éducation publique) sous De la Rua et maintenant il est avec Kirchner », a déclaré Venero, la secrétaire adjointe d’ATEN. Le syndicat provincial considère « insuffisant le salaire de 1040 pesos (250 euros) accordé par la Ctera avec le gouvernement c le gouvernement, parce que à Neuquen le coût de la vie pour une famille type est de 2800 » et elle s’oppose au paiement de l’augmentation au noir.
Avec Pagina/12.
Fab, santelmo@no-log.org
www.amerikenlutte.free.fr
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