Salut,
voici un texte d’info sur le fichage ADN et son refus, écrit à Lyon.

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***Sur le refus du fichage ADN.
Informations et réflexions à diffuser largement***

( Pour une meilleure lecture, ce texte est mis en page sur
http://www.rebellyon.info/article3239.html
Sur cette page peuvent aussi être téléchargés des tracts juridiques et
des affiches au sujet du refus du fichage ADN )

+ Une manifestation est organisée ce vendredi 9 à Ecully, ville qui abrite
le fichier nationale automatisé des empreintes génétiques, dans la
banlieue lyonnaise. Voir le programme du contre-forum Biovision sur
http://www.rebellyon.info/article3232.html

Face à la systématisation du fichage ADN de toutes les genres de
« déviances », de la consommation de cannabis au vol à l’étalage en passant
par l’outrage à agents, point d’info sur cet outil répressif.

**Quelques infos sur le fichage ADN**

Le fichage ADN était au départ destiné à prévenir les récidives en matière
de violences sexuelles par le fichage de touTEs les condamnéEs.
A la misère sexuelle, à un problème de société sur la considération de la
femme en son sein, l’Etat répond en emprisonnant génétiquement à vie
l’individu coupable dans le statut de criminelLE sexuelLE. Augmentant
encore notre sentiment de dépendance à son égard.
Le fichage ADN perpétue ainsi la logique carcérale -à un problème
correspond un ou des individus qu’il suffit de punir- et ne fait avancer
en rien nos problématiques de société.

Sous les différents gouvernements, de gauche et de droite, le fichage a
peu à peu été élargi.
La police est maintenant autorisée à prélever notre ADN dans la
quasi-totalité des crimes et délits d’atteinte aux personnes et aux biens
:
du vol à l’étalage au tag, de la consommation de stupéfiant à la
dégradation de biens publics en passant par l’outrage à agent… Les délits
financiers, d’abus de confiance et d’autorité publique n’étant pas
concernés !

Nul besoin que ces crimes et délits soient même prouvés : la Loi sur la
Sécurité Intérieure (LSI) précise que ce fichage peut être exécuté sur les
seules « présomptions de culpabilité » que pourraient avoir les
gardien-n-e-s de l’ordre. TouTEs présuméEs coupable !
Le statut de la preuve est modifié. Quand l’instruction était nécessaire
au bon déroulement d’une affaire (enquête de voisinage, sociale…), elle
s’efface aujourd’hui au profit d’un relevé biologique pour juger de la
culpabilité d’un individu. Le transfert du judiciaire au policier
s’intensifie.

L’arbitraire policier renforcé, toute la population des contestataires est
en cours de fichage :
manifestantEs anti-CPE, jeunes des banlieues, faucheurs-euses d’OGM,
fumeurs-euses de cannabis, syndicalistes, militantEs antipub ou simples
voleurs-euses… mesuréEs, numériséEs et fichéEs désormais comme
criminelLEs.

**Refuser le fichage ADN**

Le refus de prélèvement ADN (frottement de l’intérieur de la joue avec une
languette de bois) est possible, en garde à vue ou suite au procès,
profitant d’un « paradoxe » légal : le refus de prélèvement s’appuie sur un
droit, celui de l’inviolabilité du corps, mais constitue un nouveau délit
et provoque une poursuite judiciaire.
De plus, on touche alors de très près à la notion de délit continu
(anticonstitutionnel en France) : une fois passée l’affaire pour un 1er
refus de prélèvement, et reconnuE coupable du délit de refus, on peut se
faire convoquer pour prélèvement suite à ce dernier délit…

Le refus en masse reste jouable : la saturation des tribunaux s’envisage
avec seulement 10% de refus. Jusqu’ici, à ce que nous savons, les amendes
n’ont pas excédé 500€, bien loin des 15 000€ et de l’année de prison
prévus par la loi et brandis par les flics lors des gardes à vue pour
« encourager » au don de son ADN.
Un collectif et un fond de soutien se constituent autour du site
refusadn.free.fr afin de permettre au plus grand nombre de refuser.
Envoyez vos dons à Témoins, 39 rue Courteline, 69 100 Villeurbanne,
mention refus ADN au dos de l’enveloppe.

**Quelques éléments de réflexion**

Le fichage ADN est un outil de contrôle fort : il plonge dans l’effroi
d’être épiéE dans son intimité, il donne la sensation d’être rendu
transparentE aux yeux de l’Etat.
C’est la même sensation qu’éprouve unE prévenuE lors de sa photographie :
ille préférerait disparaître et se tord intérieurement le visage pour ne
pas être identifiéE.
Cette peur est aujourd’hui utilisée pour contraindre au silence et à la
paralysie les contestataires.

Mais cette peur s’appuie sur un sentiment erroné, celui d’être son ADN.
Une pensée intériorisée, héritée de la cybernétique, veut que notre
identité se réduise à des informations stockées dans les hélices de notre
ADN. En somme, une identité seulement biologique qui met de coté toute
notre subjectivité.
Dans cet exemple d’identification des prévenus, le prévenu est bien plus
la personne qui voudrait cacher son visage et qui tremble sous l’objectif,
que le visage qui apparaît sur la photo.

Le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques, le FNAEG,
s’ajoute à tous ces autres fichiers qui constituent par fragments notre
identité virtuelle, cette identité à laquelle il est fait appel en
quelques chiffres, pour tel ou tel contrôle, telle ou telle
identification, telle ou telle gestion de nos droits. Pour parfaire cette
identité virtuelle, nos caractéristiques physiques comme l’ADN sont
aujourd’hui numérisées : c’est la biométrie, ou la mensuration des
diverses parties du corps humain.
En 2008 s’ajouteront deux nouveaux fichiers avec l’arrivée de la nouvelle
carte d’identité biométrique française, INES ( Identité Nationale
Electronique Sécurisée). Elle contiendra dans sa puce 3 de nos empreintes
digitales numérisées ainsi que la photo vectorisée de notre visage. C’est
ici à toute la population que l’on appliquera les relevés biométriques
anciennement réservés aux criminels.

Parler de criminalisation de la société permet d’illustrer comment, en
s’adressant aux fichiers qu’elle a crées, l’administration les fait parler
à notre place, en nous dé-subjectivant.
Face au tribunal, la parole du criminel n’a pas de poids, on ne lui fait
pas confiance : ce sont les preuves qui parlent à sa place.
Les informations que l’Etat récolte sur nous dans ses fichiers deviennent
de la même façon les preuves qui parlent à notre place. En s’adressant à
notre identité numérique, l’administration peut gérer automatiquement
notre cas. Elle n’a pas besoin de nous entendre.

Ce mode de gestion lui permet de nous traiter en cheptel d’individus
isoléEs. Les individuEs, identifiéEs à leur double numérique, peuvent se
déplacer ici ou là, ont le droit de faire ceci ou cela, doivent être
placéEs ici ou là dans la limite où leur double administratif les y
autorise… Au mépris de toutes les interactions sociales qu’illes peuvent
vivre.

Finalement, accepter le fichage biométrique, c’est rentrer dans la gestion
automatisée du vivant, réduit à son expression organique, qui ne laisse
aucune place à nos revendications politiques ou personnelles.

Pointer, comme le fait aujourd’hui la CNIL*, les dérives des technologies
biométriques et ses dangers liberticides ne remet aucunement en cause
notre identité numérique de gestion Elle l’entérine plutôt, en nous
pressant de la protéger et par là de s’y attacher.
Ce n’est pas la mauvaise utilisation que pourrait faire un fasciste de la
biométrie que nous tentons ici de dénoncer. C’est la simple utilisation de
cette technologie.

*CNIL, Commission Nationale Informatiques et Libertés

Les réflexions exposée ici sont grandement inspirées d’articles de fond
sur la biométrie. Merci aux redacteurices et pensereuses.