Lors de la manifestation contre Minatec et son monde le 1er juin 2006 à Grenoble, quelques actions directes ont été effectuées. Entre autres choses, des vitrines (de banque) ont été brisées, une barricade érigée. Certaines de ces actions ont été vivement critiquées lors des jours suivants, par toutes sortes de personnes, mais notamment par des « proches », des personnes ayant participé au collectif OGN (Opposition Grenobloise aux Nécrotechnologies) ou d’autres évoluant dans une large mouvance autonome dans laquelle nous-mêmes nous sentons prendre parti. Nous avons souvent été surpris-es, pour ne pas dire choqué-e-s, par la plupart de ces critiques, tant elles nous semblaient soit naïves soit mal orientées, en tout cas néfastes à l’avancée critique collective de nos luttes. On ne critique pas des pratiques en reprenant grosso-modo le discours d’Attac ou du Figaro.

Nous faisons le choix de répondre ici en vrac à des formules-types qui ont été entendues lors de conversations ou de réunions (notamment pendant les grandes réus d’après manif, à la Bifurk, où des tas de poncifs contre la violence pouvaient être verbalisés sans contradiction étant donnée la forte probabilité de présence policière dans ces assemblées…), lues dans des textes (du black-out sur la casse des communiqués d’OGN ou de textes anonymes diffusés en ville, tels le « Mur-mur, journal d’information directe » de triste mémoire, aux critiques poussées de la violence parues sur les sites Indymedia-Grenoble ou Rebellyon.Info, etc.), sans spécifiquement les nommer. L’intérêt, ici, au-delà de la nécessité de revenir sur ce qui s’est passé et sur comment cela a été perçu et vécu, est de poser ou de rappeler des bases théoriques sur la question de la violence politique. Nous allons certainement répéter des choses qui ont déjà été écrites et dites, mais tant que le discours dominant sera aussi fort, tant que la parole citoyenniste s’infiltrera jusque dans nos luttes, il faudra répéter en quoi ces positions nous sont insupportables.

1) « La casse, c’est violent. »

« La bonne conscience : l’idée qu’on est du bon côté de la barrière, que les autres sont les méchants, que de ce fait ils ne comptent plus (…).

Les boules de pétanque, c’était peut-être ça, aussi. La possibilité de tuer des flics. »

Le mardi 19 septembre 2006, dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (banlieue parisienne), deux CRS ont été agressés et blessés sérieusement alors qu’ils patrouillaient à bord d’un véhicule banalisé. Depuis, dans tous les médias mainstream, on parle de violence et de barbarie, cette attaque de flics étant impardonnable, etc. Du Parti Socialiste au Front National, tous les partis politiques assurent de leur « solidarité les policiers blessés et agressés cette nuit »[1]. Le PCF s’affiche avec des discours sécuritaires réclamant plus de policiers et plus de juges…

En gros, l’idée d’être du bon côté de la barrière, il n’est pas difficile de savoir par qui elle est partagée. C’est plutôt la peur d’être vraiment du mauvais côté de la barrière qui freine l’expression concrète de nos luttes. Certain-e-s savent pourquoi il-le-s s’attaquent aux flics. Il-le-s les subissent tout au long de l’année. La casse n’est pour eux-elles qu’une riposte légitime à la violence institutionnelle de l’Etat et de ses flics.

Et il y en a encore pour dire que casser des vitrines c’est « violent » ? Cette société est violente. La casse n’est bien souvent qu’un moyen d’expression dans un rapport social qui n’entend rien d’autre. Les pétitions ou autres pleurnicheries ne donnent rien. Manifester calmement est généralement vain. Tout le monde dans les mouvances autonomes le répète, à juste titre. Bien sûr, casser ne suffit pas toujours à renforcer un rapport de force. Ce serait trop simple. Mais anéantir la possibilité d’utiliser la violence dans nos luttes politiques, jouer les sages qui refusent d’envisager nos luttes comme des confrontations de classe (tout en parlant de « rapports de domination » et d’ « oppression », ça ressemble à une espèce d’hypocrisie petite-bourgeoise[2], vous ne trouvez pas ?).

Quasiment toutes les luttes qui ont abouti à quelque changement tangible ne se limitaient pas à des manifs plan-plan mais il y a toujours un tabou énorme sur la question de l’action directe, stigmatisée comme violente et inconvenante, surtout quand elle est proche de nous (que ça se passe au Mexique aujourd’hui ou en France en mai 68, soit, mais ici et maintenant, surtout pas !). Il nous semblait pourtant qu’avec le mouvement lycéen de 2005, les émeutes des quartiers populaires en octobre-novembre 2005 et le « mouvement anti-CPE » cette année, nous étions, aujourd’hui en France, dans un climat propice à l’étendue d’un conflit social fort…

Quant aux boules de pétanque, nous n’en avons pas vu voler en direction des flics. Peut-être que ça a été le cas, mais alors ça a pour le coup été une pratique assez discrète et « minoritaire ». Mais si cette pratique nous paraît déplacée, ce n’est pas parce qu’en soi elle est « violente » ou parce que derrière elle se cache l’intention de tuer des flics, mais parce que nous avons conscience que lors de cette manif contre Minatec et son monde, le rapport de force entre les flics et nous était bien trop défavorable pour que nous puissions soutenir un combat armé. Ce n’est pas une question de morale mais une question de degré d’intensité du conflit. Les flics, eux, ne se posent pas ce type de questions. Ils obéissent aux ordres. Ils sont armés et savent pourquoi. A nous de réfléchir et d’agir collectivement sans obéir à des principes moraux paralysants. Quelque part, nous sentons bien que notre vulnérabilité se situe aussi dans la faiblesse de notre potentiel « militaire ». L’Etat aussi, sent bien ça. C’est aussi pour ça qu’il n’a pas vraiment peur de nous. Pas seulement parce que nous sommes « minoritaires ».

2) « La casse justifie la répression. »

« On fournissait ainsi les bâtons pour se faire battre. »

« Après la casse, les flics chargent et c’est les plus faibles d’entre nous qui morflent. »

« Par contre, exposer aux gens que si on attaque des banques, la police s’en mêle, ça n’a plus la même portée : ils le savent déjà ! La répression devient légitime. »

De manière générale, ce qui trouble l’ordre public provoque la répression. Les « casseur-euse-s » cherchent à créer un rapport de force, pas de la répression. Quelle est la solution au problème de la répression ? arrêter de faire quoi que ce soit de subversif ?

Dans le cas de cette manif, il se trouve que la police était en nombre sur Grenoble avant même que la manifestation ne commence (ce qui montre bien que le rapport de force était déjà tangible, créé par la mobilisation d’OGN et autres, la casse en manif n’étant alors qu’un élément supplémentaire… mais les flics n’avaient pas besoin de ça pour justifier la répression). On peut aussi dire que la manifestation n’était pas déclarée (elle était donc illégale), qu’il n’y avait pas de service d’ordre et qu’on aurait mieux fait de faire comme la CGT… Tant qu’on y est.

Si dire que « lorsque des vitrines sont brisées, la répression devient légitime » ce n’est pas reprendre à son compte le discours du pouvoir, alors c’est parce que finalement on se considère dans l’autre camp, parce que concrètement c’est le même discours. Que la police profite plus facilement de la casse pour défoncer des manifestant-e-s que si aucun acte illégal n’est commis est une chose. Dire que c’est « normal » en est une autre. Et même d’un point de vue « citoyen », ces vitrines brisées rendaient-elles la violence policière « légitime » au point de permettre des tirs de flash ball à bout portant dans la manif ? La répression semblait démesurée par rapport aux « crimes » commis. De ce fait, on peut penser qu’elle n’était pas qu’une réponse directe à la casse. Elle était plus que cela. La répression de la manif aurait eu lieu de toute façon : la police s’apprêtait à bloquer le cortège plus loin sur le cours Berriat avant que la BNP ne soit cassée. Et plus tard, quand le rassemblement « pacifique » sur la place Saint-Bruno a été dispersé, la violence policière a été sans commune mesure… Pourquoi ? Pour quelques vitrines cassées auparavant et des boules de pétanque trouvées par terre ? C’est peut-être bien que le mouvement lancé par OGN et consorts représente en lui-même une menace, qu’il y ait casse ou non.

Il est dit que c’est les plus faibles et celleux qui courent le moins vite qui morflent en cas de répression… Il nous a semblé très simple de quitter cette manif, d’ailleurs, la dispersion l’a prouvé (les flics ont réussi à nous éparpiller assez rapidement).

Rapport de force et intensité de la répression sont souvent liés. Et dans le cas présent, la répression et la très massive présence policière (notamment au lendemain de la manif, avec « zone rouge » pour l’inauguration de Minatec) ont été dénoncées par différents tracts et interventions contre Minatec, pour bien montrer qu’un rapport de force était mis en place. Ce dispositif policier (la répression et l’espèce d’état de siège sur tout le centre-ville) était sûrement programmé de manière préventive, peut-être a-t-il aussi été « provoqué » par les nombreuses actions directes menées pendant toute la semaine.

Digression sur le même thème : l’an passé à Grenoble, on a vu la BAC traverser les manifs lycéennes en toute impunité, sans se faire inquiéter le moins du monde, arrêter des jeunes pour un oui ou pour un non. Tout le monde était calme et obéissant, bien loin de provoquer quelque répression que ce soit. Mais le principe de la police est de chercher la petite bête. Dans des circonstances complètement pacifiées, le moindre pet de travers peut être sujet à répression. L’avantage qu’a une situation plus conflictuelle, c’est que la répression, même si elle se fait plus forte, ne peut plus tout contrôler et est obligée – en théorie – de s’attaquer aux méfaits les plus graves aux yeux du pouvoir. Ainsi, des petits délits peuvent être effectués sous le regard même de la police sans que celle-ci ne réagisse. L’ennui, bien sûr, c’est que la répression est souvent aveugle et vise parfois des « innocent-e-s ». Mais à notre avis il est plus intelligent de s’y adapter défensivement et offensivement (en tout cas, que ça ne se fasse pas au détriment de projets subversifs), de pousser à ce que plus personne ne soit innocent-e ou ne se sente innocent-e[3]. Ainsi, le pouvoir pourra être submergé – il ne pourra plus faire confiance à qui que ce soit. C’est le citoyennisme (conscient au pire, inconscient au mieux) de chacun-e qui est une barrière à la désobéissance généralisée. Vous savez, il y a cette phrase qui dit « Tuez le flic qui est en vous »

3) « La casse, c’est de la manipulation. »

« Les casseur-euse-s sont des lâches car illes profitent de la manif pour casser et ensuite se réfugier au milieu des manifestant-e-s. »

« Les casseur-euse-s sont des égoïstes car illes cassent juste pour leur propre plaisir, leurs propres intérêts, sans tenir compte de l’intérêt de la manif et de la lutte à laquelle participe cette même manif. »

« La casse de la banque, la barricade érigée par la suite, c’était une véritable une prise d’otage. »

« Le coup d’état dans la manif, l’imposition d’un type d’action qui ne fait pas l’unanimité (loin de là) mais qui néanmoins engage tout le monde (ne serait-ce qu’au niveau de la répression !) ; l’instrumentalisation de la manif. »

« Celleux qui ont cassé, c’était qui ? des flics ? »

Tout d’abord, sur la question de la « prise d’otage », nous tenons à faire remarquer que les plus réactionnaires des conservateurs en France considèrent qu’une grève, une occupation de fac ou un blocage de rue sont des « prises d’otage ». Idem pour toute action non décidée à l’unanimité ou « non votée démocratiquement ». Mêmes mots ici, sauf que ce ne sont pas « les plus réactionnaires des conservateurs » qui le disent, mais certain-e-s manifestant-e-s…

En quoi la casse de vitrine est-elle plus une prise d’otage que les actions des clowns qui accrochaient des pancartes ici et là ? Pourquoi devrions-nous plus nous sentir pris-es en otage quand il y a de la casse que quand il n’y en a pas ? ça dépend quand même beaucoup de ce que chacun-e attend qu’il se passe en manif, et de toute façon, il ne s’agit pas d’une « prise d’otage ».

Au sujet de la barricade dressée sur l’avenue Alsace-Lorraine, il a été dit que c’était une « prise d’otage »… que le but était d’empêcher les manifestant-e-s de partir ! Mais les barricades sont faites pour freiner les flics, et c’était bien le cas ici encore. La panique et la méconnaissance de ce type de pratique a fait dire et ressentir un peu tout et n’importe quoi…

Derrière cette appellation de « prise d’otage » se trouve l’idée que ce qui se passe force à prendre parti dans la situation présente. Que la casse ou la barricade érigée implique quelque chose de fort, un engagement, ce qui peut nous mener à demander : que faisaient donc en manifestation tous ces gens qui se sont sentis « pris en otage » au moment où la manifestation s’est trouvée être une manifestation et non plus un simple défilé symbolique ?

Les gens qui ont « cassé » et/ou dressé cette barricade ne l’ont pas fait pour de petits intérêts personnels ou pour s’amuser mais participaient à une lutte collective qui concernait bel et bien tou-te-s les participant-e-s à la manif, dans une volonté que cela soit bénéfique à tout le monde.

C’est bizarre de dire que les casseur-euse-s sont des lâches alors que ce sont elles-eux qui mettent la main à la pâte… Tout le monde n’est pas José Bové, tout le monde n’a pas envie de faire des actions d’éclat façon « héros et martyr », tout le monde n’a pas envie de jouer le leader charismatique. Il nous paraît logique et intelligent de se masquer et d’essayer de ne pas se faire remarquer ni attraper quand on choisit de faire des actions illégales qui peuvent être durement réprimées et lourdement condamnables par la justice.

Et puis quand les deux tiers des manifestant-e-s sont en noir et/ou le visage camouflé, qu’est-ce que ça signifie ? Qu’une manifestation sert aussi à pouvoir se cacher après avoir fait une action directe, qu’une manifestation est aussi un moment important où diverses actions collectives peuvent être menées…

C’est généralement à cause d’une peur panique de la répression que les gens se désolidarisent de ce genre d’actions. C’est pourtant en se solidarisant concrètement, physiquement, que l’on rend la répression plus compliquée pour les flics, moins évidente. Cette solidarité atténuerait cette impression de « prise d’otage » ou de mise en danger des autres, elle estomperait cette sensation de séparation entre gentil-le-s manifestant-e-s et méchant-e-s casseur-e-s. L’effacement de cette séparation est souvent ce qui a fait la force des manifestant-e-s anti-CPE au printemps dernier autour de la Sorbonne à Paris, à Rennes ou, faut-il le rappeler, à Grenoble !

Enfin, pas grand monde ne s’est permis de lancer, à la façon d’Attac, que les casseur-euse-s étaient sûrement des flics, pour discréditer la manifestation, etc., mais l’accusation a encore une fois a été entendue… Lors d’énormes manifestations, il est parfois difficile de bien faire comprendre que les manifestant-e-s n’ont pas besoin de prétendus flics provocateurs infiltrés pour avoir l’envie politique de « casser ». Dans cette manif, plus petite, où les flics en civil étaient vite repérés (l’un d’entre eux a été chassé manu militari – par des « casseur-euse-s » et leurs ami-e-s, plus tard un flic même aux manifestant-e-s a dû sortir son flash ball pour se protéger des manifestant-e-s…), il a semblé évident à tout le monde que l’esprit de confrontation était largement présent dans cette manif et que les casseur-euse-s de la BNP (pour parler d’elles-eux) étaient des camarades.

4) « La casse n’a pas été bien faite. »

« Illes ne se sont pas soucié d’organiser une surveillance de la manif, ou plutôt des flics, pour restreindre au moins l’impact sur les manifestant-e-s. »

« Celleux qui ont écrit le compte-rendu n’étaient pas les mêmes que ceux qui ont brisé, et n’étaient pas à l’aise avec ça. »

« Illes ne se sont pas soucié encore une fois des conséquences de ce qu’illes faisaient ; ne se sont pas soucié de revendiquer ce qu’illes avaient fait, d’éclaircir la portée de leurs actes, de leur donner un sens politique. »

Il nous a semblé que les actions collectives de casse ont été plutôt bien effectuées, les personnes concernées étaient masquées, discrètes, groupées, difficiles à repérer. Avant de décider de s’attaquer à la BNP sur le cours Lafontaine, il semble qu’elles aient pris acte que la manif allait vraisemblablement être bloquée par la police sur le cours Berriat… Ce qui fut le cas. De plus, il y avait des manifestant-e-s qui « surveillaient » la police aux alentours de la manif, essayaient de repérer les flics en civil et tenaient discrètement le reste des manifestant-e-s au courant. Il est mensonger de prétendre le contraire.

En ce qui concerne les tracts et communiqués apparus après la manif, nous pensons que ne pas revendiquer une action ce n’est pas nécessairement lui faire perdre de son sens politique. Il y a la propagande par l’écrit et la propagande par le fait, les deux peuvent être complémentaires (la dialectique, camarade, la dialectique ! ) mais ce n’est pas une obligation morale, ni un devoir militant. Il est bien sûr préférable de s’exprimer et d’expliquer le but d’actions qui soulèvent généralement des débats polémiques (ce qui est le cas de la casse en général), mais en ces temps de conflictualité accrue, il paraît logique que cela n’ait pas été vécu comme une nécessité.

De plus, les actions de casse pendant la manif s’inscrivaient dans cette semaine contre Minatec où de nombreuses autres actions directes ont été faites. Toutes n’ont pas été « revendiquées » et nous comprenons que les « casseur-euse-s » n’aient pas senti le besoin politique de s’exprimer sur les raisons de leurs actions (d’autant qu’il n’est pas toujours facile de trouver des moyens sûrs pour le faire).

Certain-e-s ont demandé avec la surprise du bon citoyen offusqué : « mais expliquez-moi le rapport entre Minatec et la BNP ?! ». Nous ne répondrons pas ici à cette question car nous voulons laisser la place dans ce texte à autre chose qu’à un exposé didactique de base sur les liens entre l’Etat et le capitalisme, sur comment il n’y aurait pas Minatec ou autres institutions mortifères s’il n’y avait pas de banques, et à l’inverse sur comment les banques auraient du mal à subsister s’il n’y avait pas Minatec ou autres institutions policières… Toutefois, il nous paraît clair que le lien entre Minatec et les banques est aussi solide que le désir de pouvoir de Nicolas Sarkozy et Michel Destot réunis…

Enfin, si des gens impliqué-e-s dans la semaine contre Minatec et son monde estimaient que c’était important de faire un tract expliquant les raisons de la casse lors de la manif, alors il suffisait de le faire. Pas la peine d’avoir soi-même cassé une vitrine pour savoir pourquoi il peut être intelligent de le faire, n’est-ce pas ?

5) « La casse, c’est du fétichisme. »

« Moi aussi j’ai un sweat à capuche noir, mais bon, je ne casse pas des vitrines pour autant. Celleux qui ont la panoplie tout en noir pour casser sont des fétichistes. »

« Casser des vitrines ou du mobilier urbain, c’est du défoulement stérile et apolitique. »

« Ça me donne l’impression que l’objectif de ces bris de vitrines n’était pas véritablement politique ; qu’il était peut-être identitaire, d’image de soi, de collage à une imagerie révolutionnaire ou virile (y compris pour les filles participantes, bien sûr !), ou quelque chose comme ça. Les bris de vitrine restaient finalement à usage interne : on casse des vitrines entre nous, on se montre entre nous qu’on est radicaux. »

« On a l’impression de signer une radicalité en faisant quelque chose d’illégal, alors que ça n’est pas lié. »

L’action directe est une pratique politique ancrée dans une réalité historique, on peut y voir ce qu’on veut (un trip identitaire, un défoulement stérile, une pratique fétichiste) pour la dévaloriser, elle est pourtant souvent bien plus significative que ce que ses détracteurs veulent faire croire. Les autorités elles-mêmes en sont conscientes : historiquement, la façon la plus nette de montrer son désaccord profond avec le pouvoir (que ce soit un Roi, un gouvernement, un patron ou tout un système) est bien de pratiquer l’action directe violente. Il ne s’agit pas ici de dire que toute action directe est porteuse d’intelligence politique, mais balayer d’un revers de main la casse comme une pratique méprisable (ou barbare ?) nous paraît trop citoyen pour être honnête.

La question « identitaire » est complexe et s’applique à notre avis à tous les milieux. Alors il est possible de s’attarder sur les réflexes identitaires des mouvances autonomes, mais réduire à cela les pratiques d’action directe serait déplacé. C’est à notre avis une façon comme une autre de désamorcer la pertinence d’une pratique. Si l’on veut critiquer la faiblesse théorique d’une mouvance, sa futilité identitaire et son manque de consistance politique, allons-y, mais que ça ne se fasse pas au détriment de certaines pratiques… N’y a-t-il pas de l’identitaire dans le pacifisme à tout crin ?

A priori, s’habiller en noir en manif n’est pas un délire identitaire et fétichiste mais un moyen politique de se fondre dans une masse sans pour autant perdre sa subjectivité ni créer un nouvel uniforme systématique. La pratique du black bloc ne date pas d’hier et explique cette « habitude » (qui n’en est pas vraiment une puisque nous ne sommes pas encore à faire des black blocs hebdomadaires…) de s’habiller en noir pour agir collectivement et anonymement tout en créant un rapport de force visuel lorsque le nombre le permet (il paraît que les flics aussi sont des humains et sont traversé-e-s par des sentiments tels que la peur…

Ensuite, si des gens se masquent et s’habillent en noir en manif sans savoir pourquoi, c’est leur problème (en ce sens où effectivement ça devient alors dangereusement identitaire et/ou fétichiste), mais si d’autres le font en connaissance de cause (pour ne pas se faire repérer personnellement, pour se protéger des gaz lacrymogènes, pour pouvoir agir anonymement, etc.) alors qu’y a-t-il de fétichiste là-dedans ?

Il nous paraît aussi étrange de dire que « les bris de vitrine restaient finalement à usage interne : on casse des vitrines entre nous, on se montre entre nous qu’on est radicaux » pour deux raisons:

1- En quoi cela est-il plus à « usage interne » que le simple fait de défiler calmement contre Minatec ? On se montre entre nous qu’on est radicaux ou on se montre entre nous qu’on est contre les nanotechnologies…

2- Le fait de pratiquer l’action directe aux yeux de tou-te-s est au contraire une façon assez simple de faire connaître ce moyen d’action, de ne pas le garder pour soi. Pourquoi exprimer cette critique envers celleux qui ont fait ça en manif plutôt qu’envers celleux qui ont fait ça la nuit, clando, dans leur coin ? Nous ne cherchons évidemment pas à dire que celleux qui font ça la nuit sont plus « à usage interne » ou « identitaires », mais le paradoxe de ce double reproche (« vous cherchez à vous faire voir » en même temps que « vous faites ça entre vous ») nous inquiète dans ce qu’il cache de méconnaissance des intentions des casseur-euse-s ou de volonté de leur nuire politiquement.

Enfin, rappelons que les gens qui font ce genre d’actions ne s’en vantent pas (et pour cause !), celleux qui s’en vantent sont en revanche rarement des personnes à qui l’on peut faire confiance puisqu’elles trahissent ce que chacun-e sait : la police aime arrêter des casseur-euse-s.

6) « La casse, ça ne sert à rien. »

« Les casseur-euse-s sont minoritaires, et heureusement, car si tout le monde avait fait comme elles-eux, toutes les banques et agences d’intérim du cours Berriat auraient été pétées, et là, ça aurait été terrible pour nous autres militant-e-s de la cause anti-nanotechs. »

« Le seul poids que l’État et les entreprises comprendront, ce sera une opposition de grande envergure de la part des populations. »

« Arreter de penser qu’on fait la révolution parce qu’on pète une vitrine. »

Déjà, personne n’a jamais prétendu qu’on faisait la révolution parce que des vitrines étaient pétées.

La casse n’est qu’un moyen parmi d’autres de tenter d’intensifier une lutte, un rapport de force. Ce n’est pas toujours le bon moment, mais c’est le but a priori.

Ensuite, si la question de la « minorité / majorité » se pose, elle ne suffit pas à invalider une pratique. Il est arrivé ces dernières années que des millions de personnes manifestent calmement dans les rues de France sans que ça ne change quoi que ce soit. A vrai dire, rien n’a jamais changé après des manifestations pacifiques. En revanche, il est arrivé plusieurs fois que des changements aient lieu après que des manifestant-e-s, minoritaires en nombre, aient foutu du bordel dans la rue. Il est arrivé que ça ne change rien, bien sûr. Ou plus souvent, il est arrivé de pseudo-changements. C’est une question complexe que de savoir comment s’y prendre pour arriver à nos fins, mais le jour où toutes les banques et commissariats seront au feu, il sera préférable pour nous tou-te-s que l’autogestion soit vraiment généralisée histoire que le processus révolutionnaire ne tourne pas au vinaigre, comme trop souvent dans le passé…

On n’en est pas encore là, mais dans un des textes critiquant la casse du 1er juin à Grenoble, on pouvait lire ceci :

« J’ai l’impression depuis des années que les militant-e-s des milieux anars, alterno, squats, etc. font un peu “comme si” : qu’illes ne croient pas réellement en la portée des luttes, et qu’illes ne cherchent donc que très rarement à se donner les moyens de (con)vaincre. Je suis bien persuadé que les seules luttes qu’on est sûr-e-s de perdre, ce sont celles qu’on ne livre pas ou qu’on ne livre pas réellement. Le pire, c’est bien sûr quand on ne les livre pas réellement, qu’on croit et qu’on donne l’impression aux autres qu’on les livre. » Parole de casseur-euse ? ça pourrait, puisque l’attentisme en manif est une critique récurrente de la part des partisan-e-s de l’action directe. Alors on peut toujours se renvoyer la balle et dire « Non, ce sont elleux qui sont inconsistant-e-s, pas nous ! » mais ça risque de ne pas faire beaucoup avancer le schmilblick.

7) « Ce n’était vraiment pas le bon moment pour casser. »

« Pourquoi péter une banque ? ce n’était pas le bon contexte, qu’est-ce qu’on a à y gagner ? »

« Les casseur-euse-s étaient à côté de la plaque car c’est pendant le mouvement contre le CPE qu’il fallait casser, puisque ce mouvement avait une faible teneur politique, à ce moment-là c’était alors pas grave de casser, ça ne “décrédibilisait” pas grand chose. Mais notre manif contre Minatec était politique, et puis illes n’ont pas respecté le choix des organisateur-ice-s, la plupart des gens ne voulaient pas la casse. »

« Type d’intervention qui était tout à fait possible à d’autres moments ; plus tôt, plus tard, un autre jour, la nuit, etc. Mais ça n’aurait pas engagé tout le monde, ça n’aurait pas été public… ça aurait eu moins d’impact… sur les personnes qui s’y livraient ! »

« Une remarque nécessaire, concernant le contexte, la situation : il me semble que le problème de la “casse” lors des manifs anti-CPE se posait tout autrement ; d’une part, le contexte politique était tel que “casser” renforçait la pression sur le gouvernement et rendait compte auprès de la population de la détermination des manifestant-e-s et du fait qu’ils s’opposaient, pour nombre d’entre elleux, à bien plus que le simple CPE. »

Depuis le depart, le discours d’OGN et ses appels à venirmanifester n’ont jamais été « pacifistes », l’appel global avait pour objectif de fermer Minatec, ce qui était plutôt offensif… Le prétendu « choix des organisateur-ice-s » n’était pas clairement homogène et même s’il y avait eu l’envie précise qu’il n’y ait ni casse ni affrontements avec la police, comment s’en assurer autrement qu’en la jouant cégétiste avec service d’ordre et autres arrangements avec les flics ? L’autre solution aurait été que tou-te-s les manifestant-e-s se mettent d’accord au préalable, chose proprement impossible quand on appelle publiquement à manifester pour un jour et une heure donnés.

Apparemment, quelques participant-e-s à OGN voulaient qu’on participe à leur manifestation comme à d’autres moments la CGT espère qu’un maximum de moutons[4] participent à leur défilé syndical. Nous voyons l’espace-temps « manifestation » comme une occasion pour chaque groupe participant d’exprimer sa rage, sa colère, à sa façon. Que des gens ne voulaient pas qu’il y ait de casse lors de cette manif est une chose qui n’empêche pas que l’on doit s’attendre à cette forme d’action dans toutes les manifestations. Cela n’a en réalité rien d’exceptionnel. C’est même historiquement le propre de la manifestation que d’en profiter pour foutre du bordel dans la rue : cela étant un bon moyen de pression sur le pouvoir, qui n’a en général qu’une envie, celle de préserver ou d’instaurer la paix sociale tout en conservant ses privilèges.

Avant le 1er juin, la manifestation était parfois présentée comme une manif de militant-e-s anti-nanotechnologies accompagné-e-s de Grenoblois-es sensibilisé-e-s sur la question, avec une volonté de popularisation de la lutte. Ainsi, la casse aurait été mal venue car elle serait mal comprise par tout ce petit monde civilisé…

Ce à quoi nous répondons que concrètement, sur le millier de manifestant-e-s, il y avait un bon paquet d’autonomes d’un peu partout en France et ailleurs. Peu de gens du coin, et encore moins de militant-e-s spécialisé-e-s dans les nanotechnologies… Si pendant le mouvement anti-CPE, beaucoup « s’opposaient à bien plus que le simple CPE », il se trouve que pendant la manif du 1er juin à Grenoble, beaucoup s’opposaient à bien plus que Minatec.

D’autre part, il nous semble que si la casse n’est pas un mode d’action très prisé par la petite-bourgeoisie, nous pensons qu’elle a des racines populaires assez importantes. Elle ne nuit pas nécessairement à une lutte ; peut-être même participe-t-elle à sa popularisation. Allez savoir ! Chacun-e ses certitudes, non ?

Ce qui est sûr, c’est que stigmatiser la casse façon Attac ou Le Figaro comme nous le disions en introduction, c’est participer à sa marginalisation. La casse de la BNP a été reçue par une salve d’applaudissements de la part de la plupart des manifestant-e-s qui se trouvaient aux alentours… Peut-être avant que chacun-e ne s’aperçoive que ce n’était finalement pas le bon moment ?

Nous pensons qu’il est stupide de faire une séparation de manière si évidente entre la manifestation contre Minatec et les autres conflits sociaux précédents. Nous avons participé à une semaine de lutte contre Minatec et son monde[5] comme nous avons participé au mouvement contre le CPE et son monde. Nous cherchons toujours à éviter l’écueil des luttes corporatistes, il en est de même pour les luttes contre les nanotechnologies et nous nous réjouissons que des casseur-euse-s voient la chose de la même façon. Au risque de nous répéter ou de paraître caricaturaux-caricaturales aux yeux des partisan-e-s de la spécialisation des luttes, nous sommes en lutte contre tout un système politique et social, qui créé aussi bien Minatec que le CPE, etc.

Par ailleurs, la lutte contre le CPE et son monde a impliqué tellement de monde au quotidien, pendant des semaines, que nous avons trouvé assez choquant d’entendre dire qu’il n’avait qu’une faible teneur « politique ». Nous avons trouvé tout aussi choquant que les mêmes personnes qui critiquaient la casse pendant la manif du 1er juin disent avec condescendance que c’était acceptable de casser pendant le mouvement anti-CPE puisque ce n’était pas un mouvement politique… C’est se faire une idée fort hooliganesque de la casse, non ?

De la même manière, pourquoi dans le cas du mouvement anti-CPE dit-on que « casser renforçait la pression sur le gouvernement et rendait compte auprès de la population de la détermination des manifestant-e-s » tandis que pour la manif du 1er juin « ce n’était pas le bon moment » ? A notre avis, la seule raison pour laquelle peut-être ce n’était pas le bon moment, c’est que d’une part trop de manifestant-e-s connaissaient à peine Grenoble et ses rues, et d’autre part il se trouve que trop peu de manifestant-e-s ont pris part à la casse, rendant effectivement cette pratique « minoritaire » et pas assez pesante dans le rapport de force avec les flics. Mais faut-il reprocher cela aux « casseur-euse-s » ?

Encore une fois, le gros de la manif était constitué d’autonomes ou de personnes habillées en noir ou masqué-e-s… S’illes n’avaient pas été présent-e-s, il y aurait eu beaucoup moins de monde dans cette manif. Nous imaginons que face à ce constat de complicité politique a priori, les « casseur-euse-s » se sont senti-e-s « au bon endroit et au bon moment » pour agir ensemble.

8) « La casse, c’est un trip virilo-revolutionnaire. »

« Les casseurs sont des abrutis virilistes (car je n’ai pas vu qui a cassé et je ne les connais pas mais je ne vois pas des filles faire ça – ni des garçons gringalets). »

« Globalement, il y a peu de risques de me tromper en disant que les personnes qui ne sont pas dans un trip virilisto-révolutionnaire ont peu de chances d’apprécier ce type d’intervention. »

D’après ce type d’arguments, on devrait s’interdire toute pratique offensive ou violente sous prétexte que c’est exercer une rapport de domination ou de pouvoir, que c’est viril ou masculin… mais en restant passif ou pacifiste, on fait aveu de faiblesse, et face à un système policier, légal et répressif, c’est carrément une incarnation de la défaite puisqu’on reste sous contrôle. Pratiquer l’action directe, c’est aussi reprendre du pouvoir sur nos vies, collectivement, ce n’est pas nécessairement « viril », ce n’est pas non plus un « trip » individuel… Pas besoin d’être fort comme Musclor ou rapide comme l’éclair pour « casser ».

Ensuite, après le tabou de la violence, voici le tabou du « masculin »… Laissons-nous gentiment écraser et ne ripostons surtout pas, c’est trop « viril » !

Nous pensons que l’action directe en manif est quelque chose de positif qu’il serait triste de s’interdire parce que ça colle à une imagerie virile. Il serait plus intéressant que chacun-e se réapproprie ces pratiques à sa façon, selon ses envies et ses capacités. Et comme on s’en doute, même si ça ne suffit pas à faire de la « casse » quelque chose de « féminin », il y a aussi beaucoup de filles qui pratiquent cela.

La casse (comme l’action directe en général) est une question de détermination, pas de virilité ou de masculinité. Quand une organisation collective prend acte d’une situation de conflit politique, elle peut prendre en charge la défense et l’offensive, indépendamment du genre. Tout le monde devrait se réjouir que des « victimes » d’un système de domination cherchent à se rebeller, à sortir de leur statut de victime.

Finir avec des perspectives…

La question de l’action directe, notamment en manif, nous parait cruciale, en termes de solidarités effectives et de constitution d’affinités politiques.

Certaines remarques auxquelles nous répondons ici ont été dites par des « camarades » sur Grenoble et ailleurs. Il nous a paru important d’y répondre, que ce soit pour faire avancer le débat au sein de différentes mouvances plus ou moins « autonomes » ou pour énoncer nos positions à ceux et celles pour qui elles étaient complètement étrangères (bien qu’après l’année passée en 2005-2006, il semble suspect que la question de la violence politique paraisse encore totalement étrangère à des militant-e-s d’OGN et d’ailleurs…).

La question de la pertinence de la casse lors de la manif a été beaucoup plus abordée que celle qui a été pratiquée lors de nombreuses actions directes pendant la semaine précédant l’inauguration de Minatec…

Les actions directes menées pendant la semaine étaient plus « discrètes » et à part celleux qui les pratiquaient, pas grand monde ne se sentait « responsable » de ces actions… Ces actions n’ont généralement pas eu lieu aux yeux de tou-te-s, elles n’ont pas été « imposées » au sens où « spectaculairement », elles n’apparaissaient pas. Aussi, la réaction policière qu’elles ont suscitée a été moins directe, a priori, que celle qui a suivi la casse lors de la manif. Bref, toutes ces petites différences ont créé un clivage entre des moments d’actions directes… Clivage qui ne nous paraît pourtant pas si évident.

– La question de la pertinence « stratégique » a été le déclencheur verbal de polémiques sur la casse en manif, mais au final, on a peu entendu de réflexions sur le moment de la casse… Car la casse lors de cette manif aurait peut-être gagné à être effectuée plus tard (même si la police bloquait plus loin de toute façon) ? La casse lors de cette manif aurait de toute évidence gagné à être effectuée plus massivement (histoire d’avoir un impact moins « marginal ») ? Nous nous étions posé la question de comment réussir à arriver jusque devant Minatec… il semble assez clair que pour y arriver, il aurait fallu s’affronter massivement et violemment avec les flics qui en barraient l’accès. Nous n’étions visiblement pas prêt-e-s à cela.

Les difficultés à constituer des groupes d’action pendant la semaine contre Minatec à Grenoble et plus encore, à les coordonner, nous mènent à nous questionner sur les modes d’organisation, mais aussi, sur nos points communs politiques en termes d’objectifs et de moyens à employer pour lutter. Le regard moral porté sur la violence, et la peur de la violence, nous semblent être des barrières à des discussions stratégiques sereines. Il ne s’agit décidément pas de foncer tête baissée vers l’arsenal répressif de l’Etat, mais bien d’intensifier efficacement le rapport de force engagé.

A suivre.

Michèle et Jean (Grenoble, début octobre 2006)

Notes :

[1] Communiqué du 20 septembre 2006 de Delphine Batho, Secrétaire nationale chargée de la sécurité au Parti Socialiste.

[2] Cela est petit-bourgeois au sens où si l’analyse politique est fine et pertinente, pour rien au monde on ne voudrait avoir à y toucher – le risque de perdre l’illusion d’un confort petit-bourgeois étant trop important ?

[3] Ne plus se sentir innocent-e, c’est être dans une solidarité pratique et active, pas se placer dans une position de principe passive. Ne plus se considérer comme extérieur-e à un conflit.

[4] Passez-moi l’expression spéciste.

[5] OGN annonçait explicitement dans ses tracts « 4 jours contre Minatec et son monde ».