Ou bien l’imagination reprendra vigueur, et les illusions reprendront corps dans une vie énergique et changeante, la vie redeviendra vivante et non plus morte, la grandeur et la beauté retrouveront leur substance […] ou alors ce monde deviendra un sérail de désespérés et peut-être aussi un désert.

Giacomo LEOPARDI, Le Massacre des illusions

L’économie est partout.
Ou plutôt, le monde de l’économie est partout, et la guerre qu’il mène est aujourd’hui celle pour s’insérer là où il n’était pas encore. Cela fait évidemment longtemps que le monde de l’économie et ceux qui le font vivre ont su s’accommoder du sort des artistes : relégation aux marges de la discipline pour les plus réfractaires, mise au pas et amitié avec les plus complaisants.
Et, entre le déclassement des « illégitimes » et l’amicale collaboration des plus zélés avec tel marque ou pour tel éco-quartier, il y a encore la récupération, la capture, et nombreux gestes qui font toute cette zone grise dont l’économie a su tirer profit.

Mais il nous faut aussi prendre au sérieux cette intuition : l’art n’est pas foutu, on ne l’abandonne pas comme ça, d’un revers de main sous prétexte que l’ennemi a su en prendre son parti jusqu’à le modeler à son image.
Il s’agirait peut-être d’entamer le processus inverse : remonter le fil jusqu’à la charge existentielle qui fait tenir toute œuvre autour de son noyau. Et d’identifier alors cette puissance irréductible à laquelle il s’agit de faire de la place. Car l’hypothèse sensible est une hypothèse insurrectionnelle, où l’art se constitue contre tous les pouvoirs de ce monde.

« Pour un art des conséquences ». L’expression n’est plus toute récente, mais force est de constater combien elle était clairvoyante.
Au-delà du statut qu’on lui impose et de son geste qu’on asservit, comment l’art peut-il bien encore se révéler révolutionnaire dans l’époque ? Comment peut-il tout à la fois résister à la capture et refuser d’être séparé de la vie ? Comment penser une esthétique dont les conséquences, à la lettre, se révéleraient désastreuses pour le monde de l’économie, ce monde qui se doit de contrôler tout ce qui bouge ?

NB : Pour un art des conséquences est la première étape d’un cycle de rencontres et de réflexions qui se dérouleront au long cours et en différents lieux amis. Les forces vives en présence peuvent varier. Nous apparaîtrons comme nous disparaîtrons.

contact : boom@riseup.net et lajavadesbonsenfants@riseup.net

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POUR UN ART DES CONSÉQUENCES
“cycle art et politique”

du 30.01 au 1.02
à La Dérive – Dalby, zone libre

* jeudi 30 janvier – à partir de 19h
CINÉ CLUB / projections en présence des réalisateurs

PAS COMME DES LOUPS de Vincent Pouplard
A LUA PLATZ de Jérémy Gravayat

* vendredi 31 janvier – à partir de 19h
PROFÉRATIONS OU DOMESTICATION ?
discussion croisée, en présence de Laurent Cauwet et Cristina de Simone

Comment tenter de raconter au plus juste les batailles qui ont traversé les mondes de l’art depuis l’après-guerre jusqu’aujourd’hui ? La mainmise sur l’art par le monde de l’économie ne manque pas de témoignages à l’heure de la reconfiguration du capitalisme et pourtant il lui existe simultanément une histoire interstitielle, parfois quasi-secrète, faite de nobles lettres et de tâches d’encre. C’est de ces réalités multiples dont nous essaierons de rendre compte, dire la capture de l’art et sa possible conjuration.

Laurent Cauwet est l’auteur de La domestication de l’art publié en 2017 à La Fabrique, il est le fondateur des éditions Al Dante.
Cristina de Simone est l’auteure de Proféractions ! édité aux Presses du Réel, elle est également maître de conférences au département des arts du spectacle de l’université de Caen-Normandie.

* samedi 1er février – à partir de 19h
“L’ARTISTE DEVRA PRENDRE LE MAQUIS” (M. Duchamp)
discussion ouverte

Priés d’être cette « marchandise idéale » qu’on les somme d’être, quelle place reste-t-il aux artistes dans le monde de Macron ? C’est la question que nous tenterons de mettre en discussion depuis l’entrée en grève des artistes-auteurs suite à la réforme de leur système de cotisation, un an tout juste après la mobilisation de l’école des Beaux-Arts de Nantes suite à la hausse des frais d’inscription. Les assauts ne manquent pas, il s’agira d’envisager la possibilité d’y répondre.

En présence de personnes
-ayant participé au mouvement de 2016 aux Beaux-Arts de Paris
-d’Art en grève
-des Beaux-Arts de Nantes
-de l’Amicale de la déconfiture.

puis à 22h, DJ set de TOTO ALGO

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LIVRES ET ÉDITIONS SUR PLACE TOUT LE WEEK-END